AIME
CESAI
RE
Quand politique et poésie...
Aimé Césaire, si vous ne l’avez
pas lu, vous l’avez surement déjà vu sur vos petits
écrans. Vous savez ce vieil homme de 94 ans qui accompagnent
nos politiciens lorsqu’ils se rendent en Martinique ?
Vous me direz que vient faire un politicien dans la poésie,
et pourtant c’est bien la réalité et ce qui fait
de cet homme une personne remarquable, c’est sa double face
politique et poétique. Qui a bien pu dire que poésie
et politique n’allaient pas bien ensemble !
Pour parler plus précisément poésie, Aimé
Césaire, a été dans sa jeunesse sous l’aile
du poète Léopold Sédar Senghor puis ami de Léon
Gontran Damas, Birago Diop. Et c’est sous sa plume que nait
le concept de la négritude en réaction à l'oppression
culturelle du système colonial français et au racisme
issu de l’idéologie colonialiste. « Je suis
de la race de ceux qu'on opprime ». Concept auxquels se
rallient ses amis cités ci-dessus avec la naissance du journal
L’étudiant noir. Ce projet au départ est plus
culturel que politique malgré les apparences.
Et je signale au passage que le poète rejoint plus tard le
courant surréaliste d’André Breton (ce dernier
rédige même la préface du recueil Les Armes Miraculeuses
).
Il publie plusieurs recueils de poèmes, écrit du théâtre,
des essais. Œuvre traduite dans plusieurs langues.
Homme d’engagement, Aimé Césaire est attaché
culturel de l’ambassade de France, mais son engagement va bien
au-delà de la poésie et de la culture.
Il est élu maire de Fort-de-France puis député
de la Martinique, crée plus tard le Parti Progressiste Martiniquais
(PPM). Aujourd’hui Aimé Césaire s’est retiré
de la vie politique mais reste un personnage incontournable de l’histoire
Martiniquaise.
"Aimé Césaire est un Noir qui est non seulement
un Noir; mais tout l'homme, qui en exprime toutes les interrogations,
toutes les angoisses, tous les espoirs et toutes les extases, et qui
s'imposera de plus en plus à moi comme le prototype de la dignité"
André Breton
Aimé Césaire est né en Martinique en 1913. Il
fait des études de lettres à Paris. Professeur de lettres,
puis maire de la ville de Fort-de-France de 1945 à 2001.
Ecoutez la voix du poète sur http://www.radiofrance.fr/parvis/ce22g.wav
FILS DE LA FOUDRE
"Et sans qu'elle ait daigné
séduire les geôliers
à son corsage s'est délité un bouquet d'oiseaux-
mouches
à ses oreilles ont germé des bourgeons d'atolls
elle me parle une langue si douce que tout d'abord
je ne comprends pas mais à la longue je devine
qu'elle m'affirme que le printemps est arrivé à
contre-courant
que toute soif est étanchée que l'automne nous est
concilié que les étoiles dans la rue ont fleuri en
plein midi et très bas suspendent leurs fruits"
Aimé Césaire dans "Tout l'espoir n'est pas de
trop, Cent un poèmes, Douze voix francophones", textes
choisis et présentés par Bernard Ascal, éditions
Le Temps des Cerises, page 27.
Qui et quels nous sommes ? Admirable
question !
A force de regarder les arbres je suis
devenu un arbre
Et mes longs pieds d'arbre ont creusé dans le sol de larges
sacs à
venin de hautes villes d'ossements
à force de penser au Congo
je suis devenu un Congo bruissant de forêts et de fleuves
où le fouet claque comme un grand étendard l'étendard
du
prophète
où l'eau fait
likouala-likouala
où l'éclair et la colère lance sa hache verdâtre
et force
les sangliers de la putréfaction dans la belle orée
violentes des narines
Je refuse de me donner mes boursouflures
comme d'authentiques
gloires.
Et je ris de mes anciennes imaginations puériles. […]
Extrait de "cahier d'un retour au pays natal"
présence africaine, 1983
PLUIES
Pluie qui dans tes plus répréhensibles
débordements n’as garde
D’oublier que les jeunes filles du Chiriqui tirent
Soudain de leur corsage de nuit une lampe faite
de luciole émouvantes
pluie capable de tout sauf de laver le sang qui coule
sur les doigts des assassins des peuples surpris sous
les hautes futaies de l’innocence.
Aimé Césaire dans Tout l’espoir n’est pas
de trop, douze voix francophone, éditions Le temps des Cerises,
page 17.
BLANC A REMPLIR SUR LA CARTE VOYAGEUSE
DU POLLEN
N’y eût-il dans le désert
Qu’une seule goutte d’eau qui rêve tout bas,
Dans le désert n’y eut-il
Qu’une graine volante qui rêve tout haut,
C’est assez
Rouillure des armes, fissures des pierres, vrac des ténèbres
Désert, désert, j’endure ton défi
Blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen.
Aimé Césaire dans Tout l’espoir n’est pas
de trop, douze voix francophone, éditions Le temps des Cerises,
page 20.
Principales œuvres en poèsie :
• Cahier d'un retour au pays natal. Paris: Présence
Africaine, 1939, 1960.
• Soleil Cou Coupé. Paris: Éd. K, 1948.
• Corps perdu. (gravures de Pablo Picasso) Paris: Éditions
Fragrance, 1950.
• Ferrements. Paris: Seuil, 1960, 1991.
• Cadastre. Paris: Seuil, 1961.
• Les Armes miraculeuses. Paris: Gallimard, 1970.
• Moi Laminaire. Paris: Seuil, 1982.
• La Poésie. Paris: Seuil, 1994.
http://www.cesaire.org/
http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/cesaire.html
http://www.radiofrance.fr/parvis/cesaire.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aim%C3%A9_C%C3%A9saire
www.pierdelune.com/cesaire.htm
http://poesie.caloucaera.net/cesaire.html
http://www.afrikara.com/Contenu.php?string_param=3&id_article=335
Cécile Guivarch
pour Francopolis
octobre 2007
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