UNE VIE, UN POÈTE
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X poètes
au féminin
Elle dit elle dit que ses yeux sont sombres
elle dit que son cœur est sombre elle dit qu’elle est perdue
elle dit qu’elle a besoin de quelqu’un qui lui parle elle
dit juste ça elle dit… Au bord du trou au bord du reste
juste une petite vague contre son cœur… Elle dit qu’elle
va devoir parler de ces femmes pendant longtemps peut-être peut-être
pas… Et réussir ou ne pas réussir à écrire
cette préface qui l’angoisse profondément malencontreusement
parce que c’est comme ça parce que c’est comme
ça… Elles ELLES toutes TOUTES sur un grand écart
de vie… le grand écart de vie…[…]
Celle-ci même qui par ailleurs écrit : Quelqu’un me parle. Quelqu’un
me traduit. (extrait de les travaux et les nuits, Alejandra Pizarnik) Alejandra Pizarnik, argentine, née en 1936,
morte en 1972, suicidée. Premiers poèmes publiés
vers l’âge de 20 ans. A traduit de nombreux poètes.
Dans son journal en 1962, elle avait noté : « ne pas
oublier de me suicider ». On ne remerciera jamais assez Silvia
Baron Supervielle de l’avoir fait connaître en France.
Jacques Ancet l’a également traduite. Une autre femme dont j’apprécie particulièrement l’écriture et dont je recommande vivement Œuvres I & II, c’est Danielle Collobert. A la lecture de ces recueils parus aux éditions P.O.L., on se rend compte dans l’évolution de l’écriture d’un certain étouffement qui va croissant. Surement le fait de la forme, de la syntaxe. Voici un extrait : tendre les mains pour s’agripper à
l’air – tendre les mains – toujours rien –
aucune consistance – quel besoin pourtant – alors prendre
quelque chose dans la main – avant de glisser à nouveau
– le bord de la chaise – cette dureté – la
résistance – une vraie résistance au secours encore
– le monde qui durcit – recommencer à se heurter
– repris par le jeu encore – des mots pour les choses
– et on sait déjà – des mots pour eux –
les retrouver quelque part – dehors – hors de soi –
ou dedans – bientôt – si on refuse pas tout de suite
le premier attouchement – refuser – lâcher le bois
– s’arrache à sa solidité – essayer
de rester ici – dans la buée – imprécise Danielle Collobert, française, née en 1940, morte en
1978, suicidée le jour de son anniversaire. Les livres publiés
de son vivant, épuisés. P.O.L. a donc édité
ses Œuvres complètes. Une idée formidable. Et ces mots, quoi en penser ? Quand le jour devient vide (Eclipse d’étoile) Nelly Sachs, allemande juive, née en 1891,
morte en 1970. Prix Nobel de littérature en 1967. Son œuvre
est marquée essentiellement par la Shoah. Dans Rien ne se perd, une femme écrit ces mots : Nous sommes l’herbe dans le noir Marie-Françoise Prager, née en ?, morte en ?. Toute une série de ? Je n’ai rien de rien trouvé sur la toile. Une lettre d’une autre femme à Henri Parisot, comportant tout en bas : P.S : Si les jeunes me disent maintenant
qui j’ai l’Esprit jeune je m’offence – Mais aussi : " Comme une vieille Taupe qui nages sous les cimitières je me rends compte que j'ai toujours étais aveugle - je cherche à connaître le Mort pour avoire moins peur, je cherche de vider les images qui m'ont rendus aveugle." Leonora Carrington, britannique, née en 1917
; peintre, romancière. Amoureuse de Max Ernst, elle sombre
dans la folie lorsqu’il est emprisonné par les nazis.
Internée dans un hôpital psychiatrique, échappée,
elle part pour Mexico, retrouve des partisans surréalistes. Friederike Mayröcker dans Métaux voisins écrit ces mots loup comme un loup tu as Friederike Mayröcker est autrichienne… Je n’ai pas retrouvé beaucoup d’information sur sa vie personnelle, mais sur Poezibao, ces propos sont recueillis : « Pour moi, écrire ne signifie pas seulement analyser
une souffle, un regard, un voyage aux endroits de l’enfance,
un fait, mais aussi analyser les relations au monde des mots d’hier
et d’aujourd’hui.[…] » Gilberte H. Dallas, en faisant une recherche sur notre cher google, j’ai trouvé une page qui cite cette dame parmi les poètes maudits (elle y suit Antonin Artaud). Elle a été emportée par un cancer à l’âge de 42 ans. « J’ai plongé mes mains
et mon visage dans ta chair pourrissante et j’en ai retiré
ton cœur rongé par un gros chat […] » http://www.potomitan.info/kauss/maudits.php Et pour finir Dernier poème de Laure Bataille (1903 -1938) je l’ai vue Je l’ai vue – cette fois je l’ai
vue l’aube du jardin avec un sourire qui craque Puis d’une voix lointaine elle a disparu En haut X poètes au féminin, des critiques sur le net : http://noirsanssucre.vnunetblog.fr/bleudepaille/2006/06/pomes_au_fminin.html
Cécile Guivarch Vous voulez nous envoyer vos commentaires ...
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Créé le 1 mars 2002
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