Une traversée de mots

au goût de Noël...







 

  
Quelques douceurs des membres du Comité    
       
      en ce temps spécial     !                


Philippe Vallet        

 
 
 
 
2009




Poésie Provisoire

Je parle, je marche, j’automatise, j’exécute, je le fais sans y penser, je le pense sans le faire. J’écris et j’outille l'ouverture au monde, un peu comme j’ouvre la boîte, la boîte du sens, le sens en travail, une fermentation, un décorticage, écrire fait penser la langue, discours pour soi.

Écrire est un acte de création répétition d’une réappropriation, d’une existence-naissance restituée. Écrire déconstruit et reconstruit sa réalité, une réalité, la réalité. La dynamique en effet porte en contre-coup cette réalité, apporte une acuité, aiguise les sens, les sentiments, rapproche, éloigne, fait de l'ordre, du désordre propose indispose, remet en cause, bouleverse, in-transige, retourne, détourne. Écrire c'est fonder une pensée, c'est penser, organiser, trier, mettre ensemble, découvrir des attaches, en créer. Notre regard, le sien, unique, mis en valeur devient critique par le choix et l'ouverture à la complexité : la simplicité n'existe pas. Le travail est inévitable, travail comme une levure en fermentation, décomposition même du mélange, réchauffement, transformation, augmentation (expérience, langue, mots, modes, pensées...) troque, et se modifie insensiblement ou brusquement, saut, à cloche-pied, en courant, prise-emprise, l’écriture est un levier pour exercer, activer nos immobilités, une envie qui se dépasse et qui se trouve/cherche un équilibre, une marche en avant sans chemin. Écrire est la juxtaposition inventive, nous composons notre langue du tous les jours, le quotidien et les besognes répétitives endorment : toute écriture réveille. À chaque fois le mot n’est que la partie immergée de ce que l'on voudrait dire, petite portion mais il faut faire le pari sur ce qui est caché et livrer au masqué l'envie, la possibilité, la tranquillité de pouvoir se dévoiler.
Ce que nous écrivons n'est pas ce que nous sommes, une fraction, juste une apparence d'instant. L’écriture est une rencontre fixée de trajectoires aléatoires, le difficile est de sortir des règles imposées, la cohabitation, l’autre, les structures où nous respirons, l'imprégnation, la rumeur du temps, l’urgent, le chant du monde. Écrivons, usons de tous les subterfuges pour cela, pour se quitter, pour se perdre, pour semer, distancer et prendre la liberté et s’installer dans son quotidien une pose, l’écriture ritualisée, en appuyant cette écriture sur les résonances journalières. Ce n'est pas la somme des mots connus qui fait écrire, le déclenchement est autre, l’origine serait l’envie, l’en-vie urgente, urgence pour se dire, dire, bafouiller, faire soi les mots, décrire, s’écrire, pour se lire, se relire, se distinguer miroir fixe sans reflet, crayonné du soi en contrechamp pour acceptation, pour survivre autre, autrement. Dans le vide, les premiers mots s'organisent, les mots mêmes sont guides, après se joue la journée, le quotidien nourrit, donne mots, impression, contresens, feu et braise, essence et foyer, harmoniques du temps passé, de mémoire bilboquet où les mots sont ficelles, et travaillent le nouveau à l’identique, en une différence proche, décalage du besoin, fissure pour respirer.
L'ensemble donne une traduction en forme d'échos de ce que je vis, un décalage structurant hors d’un descriptif et passant par lui, organisation neuve sans cesse semblable et différente, dissemblable et similaire, étrange. C'est un journal de bord en dérive qui vient, il existe sans visée singulière, chaque écrit fait signe, témoignage d’une possibilité, d'une existence, d'un pari, d'une alternative, d'un moment nécessaire comme boire et respirer un jour, une fois. On peut parler ou écrire sans y penser, il n'est pas question d'être doué ou pas, en tant qu'outil du langage, il demande un usage, une ouverture interrogative sans préjugé toute tentative est une construction personnelle, un rapport domestiqué aux mots, à sa langue, à l’écriture, à la vie, à son temps. Nous avons tous une voix différente, il en est de même pour l’écriture. En ce lieu, personne ne peut nous aider, nous soutenir, nous éduquer, l’écriture est une voie intime, solitaire, personnelle. Un accès au monde où nous nous accouchons de la main, du crayon, chaque jour, au mot à mot de nos lignes, au fil des pages tournées nous transformons, aux insistances nous déployons, aux nœuds nous délions. Patience du marin à partir une nouvelle fois en mer, traîner ses encres au fil d’une plume, ramasser sur un sol lisse toutes les poussières des mots. User les cals aux ravaudages des textes, du contexte faire venir l’heure puis vivre, survivre, exister, chanter, partager, aimer, mots écrits d’une énergie émue. Pour vivre simplement. Poétiquement ?


Philippe 2009





non les mots n'ont aucune importance 
sinon que nous n'avons que les mot pour écrire 
le mot est la mort sans avoir l'R 
comment je fais sans mot pour penser 
peut-on comprendre ça peut-on ne pas le comprendre 
nous est-il possible de ne pas l'accepter 
et si nous n'acceptons pas 
peut-on accepter de vivre.... ou accepter de vivre c'est également accepter l'innaceptable 
inconditionnellemen

t... et comprendre ne peut, accepter de ne pas comprendre donc 
ne pas comprendre l'inacceptable est ce le comprendre 
est ce le prendre avec soi pour le vivre pour vivre avec l'inacceptable 
quand il est là peut-on faire autrement 
peut-on bouger l'évidence et pourtant bien plus de fleuves coulent là où il pleut très souvent 
c'est pas là que ceux qui ont soif vivent, innaceptable, inavouable 
la vie est un fleuve qui nous ennoie 
je ne sais pas comment j'ai appris à nager 
faut-il savoir comment on a appris pour nager 

phil 2008

***



nos regards au voile gris des pensées noires
creusent l'urgence de fermer la porte au courant d'air
j'ai froid également et pointe dans le creux du dos
une chaleur musculaire comme une aiguille dedans brûlante
les mots drainent leur fleuve de passions
la poésie s'accroche à nos paterre dans l'entrée de notre maison
bien à l'abris du vent
existe-t-elle
d'ailleurs ne serait-elle pas encore une de nos invention pour faire croire
( comme : dieu la guerre
l'amour la mort le temps..... ect.....) et passant notre temps à croire nous
ne voyons plus que la vie est
là même dans nos refus ( cancer, maladie, médoc, suicide, écriture,
caresses.....)

Phil 2008

****


Dans le temps.
L'homme vivait avec la montagne
De ses mains la vie en besogne

« Il travaille le vent des saisons.
Chaque jour sa peine » disaient-ils

Et les montagnes sans changer de place respiraient

« Faire ce qu'il faut faire »
Les questions c'était le soir
L'en-vie s'en pose-t-elle ?

Elle avance simplement
Cette vie là
Elle crie à nos regards des horizons

Nos mains construisent
Caresses d'une peine
Tous les jours se donnent

Ses enfants sont l'annonce d'un temps qui ne se finit pas

Au jardins de nos amours
La soupe du soir se parfume aux herbes du chemin

Demain aussi

 


 

Noël passe

papier froissé ruban déliés

l'enfant sage soupire son réveil
noël en rêve devient histoire

se glisser dans la fissure d'une joie
effacer toute trace d'heure avenir ou passée
troquer ses pensées pour un plaisir d'attente
le jour inquiet ne surgit pas assez vite

bien au chaud regards dans les flammes
l'imaginaire a cheminé sous les sapins d'une profonde forêt
j'ai rencontré les lutins de mes intuitions ordinaires

le temps se détend
élastique de l'instant
talonne l'illusion
il va passer ce temps
mourir d'impatience

je souris même au monde
vague silence avant le bruit
les yeux plus vite que les mains
délient les cadeaux
papier déchiré ruban entortillé

le printemps ouvre la neige sans bruit
j'ai répandu des présents proclamant des semences inédites
je clopine et je mets le pied pour un imaginaire d'origine
j'accompagne le monde prenant en main le présent
pour l'instant
une magie se finit
un songe de recommencer aussitôt
rêve de papier étoilé

24.12.2002

*


Philippe
         
                                   

Créé le 1 mars 2002

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