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Philippe Landreau
| Envoyé mercredi 04 février 2004 - 10h26: | |
« Je vous espère d’un bleu irrémédiable » Catrine Mafaraud Te voilà encore avec l’escalier sous lequel l’univers entier se tient prêt à bondir avec ses souplesses d’ocelot, ses perfidies, dans la patience d’une traque de sources approchant la nuit furtive et renversée. Comment le monde, ses furieuses planètes, ses reptations de scolopendres, ses araignées baignées de pièges transparents, peut-il vivre dans cet angle sans fenêtre et les fleurs asphyxiées du papier peint ? Dehors, comme dedans, le temps moud des huiles de nuages avec toujours la même persévérance aveugle de meule et d’incendie précaire. Je fais une grande lessive de mots et d’eau claire, des gestes de rivières. Rien qui ne puisse éblouir les soleils, mais les désespérer de croire qu’il suffise d’enfoncer des armes ruisselantes pour imposer la nuit. Parfois quelqu’un parle de poésie, de mondes étranges et je ne sais pas quoi dire. Ils ont tellement l’air de savoir de quoi ils parlent, de tout savoir que je ne peux qu’à peine saisir. Peut-être que Baudelaire avec ses images surdimensionnées « ses ailes de géant » voulait signifier des déchirures dans la voilure de son parachute sémantique ? Peut-être y’a t’il un grand trou dans ma couche d’ozone aspirant les glaciers, les mers et les éclats de rire, « le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui » des graines pour semer la pluie, des oiseaux qui démontent les planches des nuages pour surfer dans l’éther sans aspérités ou pour prendre le risque de se noyer dans la tectonique des plaques, les frictions d’avalanches de sel et de piments. Je mets une pause dans la musique et dans les longitudes, votre tableau n’est pas fini, vous ignorez son nom, dites lui au moins qu’il se nomme « sans nom » ou bien « beaucoup d’incertitude » des gestes d’impatience ou bien rendez-le au néant. Je décide de l’improbable, comme Catrine Mafaraud « nous avons tué plein de pianos, dans l’ouzo de la dernière darse » Salut du fond des siècles et des silences et d’une poésie qui n’affiche ses cris qu’avec une grande déferlante d’amour, sans hystérie. Je te roule là dans le bleu irrémédiable de ce poème disloqué, avec moi, gitane et symphonie.
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catrine
| Envoyé mercredi 04 février 2004 - 16h49: | |
mes doigts restent sans voix, Philippe, entre comprendre profondément, ressentir de tous les puits qui sont en soi...et tendre/ouvrir des ponts, les écluses de sens j'apprécie vraiment ton esprit, ta main Mafaraud écrit-elle son prénom de cette manière ? ( soif de lire/découvrir/apprendre ) |
   
pl
| Envoyé mercredi 04 février 2004 - 17h01: | |
Oui Catrine, c'est Catrine, mais à ma grande désolation, je ne trouve plus rien sur ses écrits. Nous avons échangés quelques lettres, à l'époque ou les mots circulaient plus lentement et que le facteur était un homme respectable. "Je vous espère d'un bleu irrémédiable" m'avait-elle écrit. C'était très impressionnant.et puis c'est revenu là, pourquoi?
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Catrine
| Envoyé mercredi 04 février 2004 - 18h01: | |
peut-être parce que c'était vivant et profond et sans doute est-ce cette vivance et ces profondeurs qui sont les plus vrais en toi... parfois les choses reviennent comme les ondes de chocs des séismes... pour finir une chose, une compréhension ... souvent lorsque l'on est très touché, atteint, on enfouit... la résurgeance est une manifestation interessante, c'est aussi un peu de la résilience ))) quelque chose de bon, nourrissant dans la pensée, le coeur et qui croît enfin... c'est ce que je pense ))) merci beaucoup de m'avoir répondu sourire aux yeux p.s. je sais bien que ma façon de dire n'est pas très... enfin aussi fine que... et que ma pensée puisse sembler simplète mais aussi simple soit-elle, elle est sincère p.p.s. ..je perçois/ressens pourquoi elle t'avais écrit "Je vous espère d'un bleu irrémédiable"
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