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os-os
| Envoyé mercredi 04 février 2004 - 11h07: | |
(...) Elle relève sa tête où résonnent encore ses battements. Elle se sent pleine de la suie d’un incendie qui s’éteint, frappée par le suintement sonore d’une source tarie. Douleur liquoreuse qui poisse et l’englue, sa souffrance devient le goulot du jus qui noyait ses désirs. Douleur de chaque membre, douleur de chaque organe, douleur qui s’engouffre et qui bloque, véritable sève brûlée qui circule encore, qui frôle qui érafle et qui excite. Elle ne s’est jamais sentie si seule et si proche de lui. Elle voudrait le prendre et le lui dire. A son tour, elle voudrait fendre ce corps de porcelaine, coudre les filets de lave délivrée, nouer les ombres, le rejoindre sur la lame dressée, gravir la crevasse abrupte, couler, jouer, éteindre la lueur des âmes blessées et s’endormir apaisée. Courage ! De son bâton de craie, elle caresse son ventre qui gonfle comme une voile levée. De la surface inerte, bascule un corps nu qui s’écrit sur son passage. Immobile, tétanisée par ce face à face imprudent, elle s’abreuve d’un cri qui la cloue à sa source de feu. Retroussant le manche de cette fourche incarnée, elle lui donne son double en offrande. Elle se fait coffre pour ce corps qui souffre. Elle se fait bouche pour ce vent qui souffle. Elle se fait plaie pour cette peau qui s’ouvre. Elle se fait cible pour cet élan qui divise, et rapproche. Circonférence de la houle. Centre d’une onde. Hélice engloutie, spirale d’une île profonde qui les relie. Miroir vacillant d’un lac dans le creux d’une montagne naissante. La terre elle-même s’étire et se déplie. De son bâton de craie, elle ouvre le chemin, aveuglément. Elle hésite, elle renonce, elle se presse d’avancer et d’éviter les cimes. Elle invente des raccourcis à travers les ronces, chaque écorchure révèle un nouvel indice, une piste tracée sur la pente. Parfois, il ressemble à un arbre privé de feuilles qui ôte ses racines. Alors, elle s’incline et l’effleure. L’arbre menace de tomber. Elle sourit : au bout de ses branches, une lueur d’espoir, un bourgeon gonflé qui brille dans le noir. Quelque chose pousse en dedans, détache la souche de l’arbre qui s’ébroue. Elle se nourrit de cette pluie fine qui l’accueille. (...) |
   
Philippe Landreau
| Envoyé mercredi 04 février 2004 - 11h56: | |
Il y a le rythme, étayé par l'abondance d'harmonies imitatives, assonances, allitérations, parfois approximatives: "suintement sonore d'une source tarie" Une préciosité dans la recherche des sonorités un abus des répétitions qui alourdissent le propos: "Elle se fait..." des énigmes: "Circonférences de la houle" (on dirait du pl...) et puis des reflets usés: "miroirs du lac..." C'est un poéme-décor en carton pâte ou simili Vigny, avec quand même la musique des mots, comme je le disais en introduction. Ce n'est pas mauvais, sans être bon, ce n'est ni plat, ni totalement mièvre.Je n'ai par contre pas compris le propos. Les (...) signifient sans doute qu'il y a un début et une fin, sinon on dirait un bout de roman à l'eau de rose... |
   
Catrine
| Envoyé mercredi 04 février 2004 - 15h47: | |
..rythmé oui mais il me vient une image hachurée le contexte n'est pas très clair et le sous-jacent me semble très abstrait ou du moins traité de manière abstraite pour dire sans vraiment dire... pour éviter une sorte d'innévitable jouissance ou souffrance ou les deux emmêlés, ou encore la jouissance de la souffrance et ça frôle une sorte de sadomasochisme presque morbide dans l'idée, le sens et l'émotion, et le doute plane quant à une éventuelle "sortie", comme si rien ne pouvait vraiment émerger, éclore, aboutir, accoucher ( je suis peut-être très à côté...) beaucoup de détails appuyés soulignés d'insistance mais confinés dans cette sorte d'évitement qui confine le texte, c'est très clos.. sensation d'hermétisme oblique.. il me semble que certaines choses dans cette écriture ne sont pas nécéssaire au texte lui-même, il aurait sans doute gagné à être plus dépouillé pour atteindre avec plus d'impact et de précision ( ...il me semble..et c'est très perso ) c'est curieux, je ne sais pas si j'aime ou pas il y a là un grand malaise/mal-être, une grande déchirure voilà, ce sont mes impressions |
   
Hélène
| Envoyé mercredi 04 février 2004 - 19h32: | |
Bon tu vas peut être penser que je dis des âneries mais j’ai envie de relever le défi. 1 - Ma petite manie est d’alléger les sonorités . par exemple : je changerais « Elle relève sa tête où résonnent encore ses battements »pour « Elle relève la tête . Des battements y résonnent encore. » « elle caresse son ventre qui gonfle comme une voile levée. » j’écrirais : « elle caresse son ventre . Il gonfle, voile levée. » je crois qu’en poésie il est bon d’affirmer, pas de comparer . je n'ai plus cherché d'exmples ensuite . je suis entrée dans ton texte sans penser technique. Un incendie qui s’éteint m’évoque la fin d’une passion. Suintement sonore ; = gémissement parce que trop de larmes ? Le jus qui noyait ses désirs . bof . ce mot jus pour moi n’est pas très poétique. Oui pour la phrase suivante de Douleur à excite. « Elle ne s’est jamais sentie si seule et si proche de lui. » Bien observé. Suivent des paragraphes très sensuels en métaphores très expressives Les formes des objets cités par exemple. . Circonférence de la houle. Centre d’une onde. bien interprété . Les phrases courtes à mesure qu’on avance dans le textes ajoutent à la précision de la description . C’est la traduction parfaite d’un fantasme. Ce n’est pas ce que je préfère en poésie mais n’est- est ce pas le passage d’une nouvelle ou d’un roman ? Raison des (… ) au début . Voilà . mais j’ajoute toujours , quand je commente qu’il faut lire plusieurs commentaires et ensuite écrire comme on le ressent. Chacun a ses propres émotions .
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so-so
| Envoyé vendredi 06 février 2004 - 14h32: | |
merci pour votre lecture... et vos critiques. Philippe, je regrette un peu que tu te sois prêté à un exercice qui ressemble au mien, j'aurais sans doute apprécié un peu plus d'originalité dans ton approche... la phrase "Ce n'est pas mauvais, sans être bon, ce n'est ni plat, ni totalement mièvre.Je n'ai par contre pas compris le propos." me laisse plutôt perplexe quant à celles qui la précèdent. Catrine, ton commentaire me va droit au coeur (car je ne peçois pas ta réaction comme une critique en tant que telle). pour le coup, ton talent de lectrice m'impressionne (il est bien supérieur à mon talent d'écrivant !). tu le sais, je pense, tu as été très proche du texte (et pas du tout "très à côté"). merci encore de ces impressions très précieuses. Hélène, comme je l'ai déjà écrit, je ne réécris quasiment jamais (même si j'ai conscience que cela peut nuire au texte). je pense que le mot "jus" a droit de cité en poésie. il évoque pour moi le sang d'un fruit, par exemple... |
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