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s*
| Envoyé samedi 07 février 2004 - 16h14: | |
"(...)pour faire pulser à fond tout ton sang noir astigmate derrière cette putain de vitre qui sent l’élément du fer et le commencement de notre bouche". - Death in Vegas -- Sécrétions sous l'orbe qui joint les parties de nous -- 1. J'essuie mes pieds sur un paillasson sur lequel est écrit welcome. Tout se hausse, se déplace d'un niveau ou de plusieurs. La mer en entier, la vierge imbibée, l'effet surround tenu entre les dents comme un os. 2. J'admire l'éclair sale du futur, je m'envie d'avoir été moi, j'envie l'enfant qui me roulait dans ses mains et qui pouvait encore me choisir, moi, son avenir et me pétrir de forme allongée, avec des inclusions de brindilles, ou au contraire m'arrondir et appuyer avec le bout du doigt pour enfoncer les verres de couleur à travers lesquels j'allais voir faux toute ma vie, comme on chante faux. Projeté par l'humour du prisme, par les insectes qui dînent ensemble de moi et poussent mon corps doucement en fredonnant des chansons de chitine. J'admire celui qui se tenait au début de la mer et qui savait où elle commençait. J'admire le visage encore nu du temps d'avant l'ablation, l'enfant qui sort exprès sous la pluie et qui prononce quelques mots et fait un geste de la main. Alors si la pluie s'arrête avant qu'il la repose, il croira pour toujours qu'il est seul responsable de la marche du monde et du drapé des climats. 3. Retirer des bijoux utiles ou des vieux objets internes, des lourds greniers aux poussières de lymphe et des banques de soi aux écorces d'hématies. J'aime avoir extrait ces choses sanglantes et nobles qui n'ont jamais renoncé à leurs vertèbres. 4. J'aime les paillassons sur lesquels il est écrit welcome. J'aime y frotter mes pieds nus et sentir des arpèges irritants remonter au creux du scrotum et j'aime penser que l'escalier est lui-même un corps qui bouge à une autre vitesse que le nôtre et qu'un jour il s'animera et j'aime aussi penser que tous les enfants que je croise en montant, ceux qui descendent à cause des flammes qui dévorent tout le haut de l'immeuble, à cause de tout ce qui éteint la voix et qu'il faut fuir, j'aime imaginer qu'ils sont heureux de sortir dans la nuit et qu'ils se touchent la main pour trouver la bonne inclinaison, la parfaite balistique du geste qui arrêtera le feu. Et c'est la nuit où mon ventre s'allume de curiosité, à cause du paillasson qui pique mes pieds nus et sur lequel est écrit welcome. Et cela gêne les voisins qui voudraienr dormir dans le lit de flammes et de mâchoires qui se collent l'une à l'autre, soudées par une lave d'os qui leur permet de faire partie d'autres ensembles détruits d'où elles étaient injustement exclues auparavant. 5. Pourquoi a t-on choisi ce peuple parmi les autres, et pourquoi au moment où ma mère s'avance et sort pour la dernière fois de mon ventre, encadrée par une milice d'une autre couleur que celle habituelle, pourquoi au moment où on claque la porte une dernière fois, l'enfant se concentre sur le chapeau mou du milicien et se dit qu'il aimerait bien avoir le même, il voudrait le lui demander et l'enfoncer sur sa tête jusqu'à disparaître dedans. Mais il manque les bons mots et les bons gestes pour arrêter le feu, les poignées auxquelles s'accrocher, la formule en lianes, les fruits secrétés qui s'allongent, s'étirent en arrosoir entre les étages pour nouer des écharpes d'amour humide autour du feu comme on calmerait une source avec une autre. 6. Et le temps infini de la traversée entre les deux temps . Celui d'où on vient, celui qu'on doit atteindre. Et tout ce trajet avec le frigo vide à porter autout du cou vide de tout sauf du froid qui s'empile pour tenir chaud, parce que nous sommes les parfait antipodes des lois de la vie et que nous les inversons en les faisant tourner avec nos pieds. Et je demande à l'officier est-ce que je pourrais être enterré avec vous ou au moins porter votre chapeau et quelle est votre formule secrète, avec quels gestes de la main pour arrêter tant de monde, pour arrêter tant de vies, pour former de si longues files d'ombres qui effraient jusqu'à la nuit en personne. 7. L'enfant qui remonte toute la file et prend les gens par l'épaule pour demander son nom à chacun de ceux qui vont disparaître dans le gouffre chaud. Il lui semble important de prononcer maintenant le nom de chacun avec cette voix qui hausse tout, déplace tout d'un niveau ou de plusieurs. Et gronde la voix-mère d'où nous dérivons tous. Et coule la merde vive sur le pont de cristal, tourbe humiliée des singes que l'on dénude, dont on découpe les vêtements autour des fesses pour qu'elles apparaissent telles qu'elles sont, avec la pointe des os qui empêche de s'asseoir et qui perce le sol. 8. Et il me revient d'un coup la présence de quelqu'un qui ne ressemble pas aux morts. 9. Et qui pose des choses et en bouge d'autres sur mon corps comme si j'étais un damier et que se jouait un jeu d'une importance capitale sur les irrégularités de ma peau Je me contente de savoir que cet immense panache de feu couché en travers du ciel, c'est nous. C'est notre corps, réduit à la lumière. Quelque chose qui porte un nom et un visage mais qui joue à le cacher remonte du fond de moi jusqu' à la surface du ciel et clot sur ma bouche le sarcophage de lèvres tendres la coquille de nuit ronde au centre de laquelle nous saurons peut-être de quelle autre espèce nous sommes les hamsters qui dansent dans le laboratoire, et qui joue à nous traverser l'un l'autre de tant de fils qui tirent sur les chairs sans les dégénerer. 10. Il se donne des fêtes au milieu du charnier Et toutes ces cendres mélangées vont pouvoir jouer à nous, si jamais la pluie vient de ce quelqu'un qui ne ressemble pas aux morts. Je m'envie d'avoir été moi et de connaître encore la femme-formule qui permet de choisir les parties de soi qui doivent tomber. Et si vous saviez ce que j'ai gagné d'elle en la perdant. Pendant que les officiers tracent une croix dans un carnet en nous détaillant, je vois que l'escalier est sorti derrière moi, qu'il porte une robe d'été comme une fille gaie et très occupée à relier les étages entre eux par un arrosoir de feu, sans oublier de distribuer les paillassons sur lesquels est écrit welcome. 11. Et je vois celui que j'ai aimé être, de nouveau nu , tenant tout entier dans le chapeau mou que l'officier nous a gentiment laissé avec un drôle de sourire, tout petit et poli par des mains qui me caressent en chantant, non pas distraitement comme pourrait faussement l'indiquer l'expression du visage mais simplement parce qu'il faut bien se concentrer pour faire les bons gestes des mains et prononcer les bons mots et parce que sa chanson vient de plusieurs endroits en même temps de partout ou nos pieds nus s'essuient sur un paillasson sur lequel est écrit welcome. 31-01-2004/07-02-2004 |
   
Hélène
| Envoyé dimanche 08 février 2004 - 12h41: | |
j'envie l'enfant qui me roulait dans ses mains et qui pouvait encore me choisir, moi, son avenir une phrase très profonde qui m'interpelle. et tout le poème me donne envie de t'imiter et d'écouter Genésis si c'est cette musique qui contient les muses . il me semble que tu es heureux quand tu écris .
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Rob
| Envoyé dimanche 08 février 2004 - 13h23: | |
C'est normal qu'il soit heureux d'écrire, ce mec est une écriture, je l'admire beaucoup comme j'admire tous ceux que je décrète artiste. |
   
Hélène
| Envoyé dimanche 08 février 2004 - 15h48: | |
beaucoup partagent ton avis Rob et moi aussi Steph commence à avoir une solide expérience, écrire chaque jour et depuis longtemps prouve une sacrée passion et son talent ne peut que grandir à ce rythme. si tu connais des jeunes et même pour ton plaisir lis donc " Ma soeur en noir et blanc " et toi n'es tu pas heureux quand tu écris ?
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Rob
| Envoyé dimanche 08 février 2004 - 16h35: | |
Heureux d'écrire ? de moins en moins , je suis tourneur en rond, j'ai perdu mes rares éclats, je fais des parodies de moi, je suis devenu une copie de copie, je fais de l'écriture comme une formalité administrative et à part ça la vie est belle et je me dis qu'un jour le moteur repartira mais j'ai des doutes. |
   
réflexion
| Envoyé dimanche 08 février 2004 - 23h12: | |
ou bien tu n'as plus envie de dire ou bien tu n'as plus rien à dire ou bien tu te rends compte que l'essentiel ne passe pas par des mots ou bien la forme de ce que tu as dit ne convient plus et il faut en changer radicalement ou bien le fond de ce que tu as dit ne correspond plus à ta vie
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taccat
| Envoyé lundi 09 février 2004 - 04h29: | |
euh...et si c'est aucune de ces réponses ou toutes en même temps mais pas tout à fait, il fait quoi avec le Rob ? et euhm... dire et écrire, est-ce la même chose ? parce que je pense qu'il ne faut pas dire quand on écrit, mais écrire... ha ça ! fichtre pardon, je baille, la réflexion me reviendra après avoir embrouillé Morphée dans mes draps héhé
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Rob
| Envoyé lundi 09 février 2004 - 12h01: | |
Frivole, inespéré, blessure ressassante séparée d'écriture, mémoire en épissure Glissant, toujours glissant, en douleur de silex C'est une nuit flexible, rien d'autre pour rêver Peu pour se pacifier Dans le vif de la langue Sur les axes fixés aux tensions des ruptures Réactif à peu prés, ouvert comme un prélude L'illusion, mur et corps, sur le sujet d'écrire
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