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Anto Ankemic
| Envoyé lundi 08 mars 2004 - 13h00: | |
* Les figures bleues soufflées par les collines, les paysages éphémères qui s’éteignent, aussitôt, embrasés, dans le corps des marées, les amarres ébréchées dans le flottant du départ, les architecturales pèlerines de l’épouvante enflent au gré de ton absence, il est de ces cocaïnes pérennes où mes expéditions me cognent, et les armatures pétrifiantes de l'aube frayent mes mirages à leur dégorgeoir, à quel degré il serait commode d'y déraper et s’enfoncer encore ? De la première à la dernière heure je brigue l’obscurité d’une nuit aux cents pas, qui se clôt sous le linceul de tes yeux. 7/03/2004 à 23 h 25
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Anto
| Envoyé lundi 08 mars 2004 - 19h32: | |
* Entends-tu ces cris engloutis par des silences d’écumes monter dans la marée et se balancer les dunes noires dans le viol muet des courants. Entends-tu la houle acharnée inoculer mon cœur, exiler nos foulées dans la lourdeur des rives. Du jour à la nuit glacée par le doute, du jour à la nuit, la cadence du temps louange mes naufrages Et le vent bruine sur ma peau à tisser des voiles de songes dans les fils de lune des futurs idéals. Passent et repassent comme des présages les brouillards de poix sur la plage, et cette ombre sans âge la main posée sur le gouvernail, tandis que la mer irrésolue infuse, aux dérives du ciel, l’absence qui me noie. 8/03/2004 à 19 h 15
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Anto
| Envoyé vendredi 12 mars 2004 - 19h05: | |
Cher Toi, Je ne t’écrirai ni le présent, ni le futur, ni le passé. Juste se poser en évadé du temps et de l’espace. Ta forme me parvient comme un écho de l’intime du corps, un vacillement, une pulsation du sang - des poumons au cœur - du cœur à la peau - aux muscles - à la vie. Je respire cette grâce qui parcourt mes veines jusqu’à inoculer mon épiderme de frissons comme les sources de ta voix, cette voix, mystérieusement modulée aux tympans de mon âme, et qui s’offrent aux vivants de mes émotions. Cette voix que recouvre aujourd’hui des labyrinthes. Je saisis à peine la forme de ton regard, de tes iris à tes pupilles, cette épine éblouie par les rêves aériens des paysages intérieurs, des hauts refuges irrésolus, des absences polaires, des interrogations troublées, des quiétudes muettes. Et puis, reste l’appel des plus lointains, comme des cris blancs sur des routes lunaires : « Le doute est dans ma vie, je fais en sorte de ne plus douter de moi, d'être enfin au clair, c'est dur, je me protège, il faut savoir être adulte un jour ». Alors, pourquoi le reniement, cet idéal, cet absolu toujours, qui s’abat sur l’univers en choisissant avec voracité toutes les cibles. Pourtant, toutes les étoiles persistent et, dans cette terrible uniformité, les flèches inconséquentes perceront avec une plus grande certitude les miroirs du soi et les êtres qui n'ont pas acquis la défense des cibles. Un jour l’enfant grandira, mais il restera l’enfant haussé, grandi, élevé, dans le désir de jouer encore et toujours, plus sérieusement, plus gravement les dés de la vie dans la conscience acquise du jeu de la mort. Se vivre comme éternel, n’est-ce pas au fond faire le choix de ne pas choisir les sources de la vie ? Être à la vie sans être dans la vie, c’est être resté le petit enfant qui joue des jeux sans lendemain, qui s’émerveillent tout près des sources sans suivre leurs cours. L’enfant ne joue plus quand les sources s’assèchent, que le désert croît et que les fleuves sont loin. L’enfant ne voit pas les enfants qui passent et lui tendent les mains. Il parle de désert, il ne veut plus jouer. « Je ne veux pas grandir, c’est trop tard, je veux être adulte ». Le désert, l’autosatisfaction de la punition, la protection du devoir accompli, le piquet au coin est son pain quotidien : « Ne m’a-t-on pas assez puni, assez soutenu, assez aimé, donc je me punis moi-même. N’ai-je pas été déposé dans le vent sans que personne ne m’indique les directions de ma source ? Cette indifférence est-elle l’amour ? Emplit-elle les rivières, fait-elle les fleuves ? Mais quelle rivière, mais quel fleuve ? Non, je dois boire, je dois m’emplir, emplir ce vide qu’on m’a… donné. Comment vais-je faire pour me sentir vivre, sinon jouer les jeux les plus dangereux, ceux du désert et des enfants aux sources empoisonnées. Je m’investirai de leurs désirs, je ferai don de ma vie, moi qui viens des sources claires ». L’enfant ne voit pas les enfants qui passent et lui tendent les mains. Ils passent et sortent du désert avec les larmes amères de ceux qui n’ont pas su se faire aimer. Pourquoi fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve… alors qu’étrangement le bonheur de courage se sauve en l’affrontant… L'unique pouvoir de l'enfant est de pouvoir recommencer. Signé : Soi
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Jean-Marc
| Envoyé samedi 13 mars 2004 - 00h40: | |
Bonsoir j'ai apprécié la lecture de tes textes qui relèvent d'une écriture singulière et qui retient immédiatement l'attention. Jean-Marc |
   
Noel
| Envoyé samedi 13 mars 2004 - 08h46: | |
c'est vrai , dés son survol , on sent sa densité ... |
   
Anto
| Envoyé samedi 13 mars 2004 - 11h24: | |
Merci, votre attention est précieuse, comme toute attention d'ailleurs, quelque chose qui émerge de la solitude, quelques formes distinctes au fond de la brume qui dissipe ce sentiment... |
   
Neonila
| Envoyé samedi 13 mars 2004 - 11h41: | |
Anto Ankemic, dans l'ombre, j'attends aussi tes prochains textes, j'ai profondément aimé ces trois premiers. en apnée j'attends le suivant... sincèrement
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Anto
| Envoyé mardi 16 mars 2004 - 13h18: | |
Chère Toi, Oublier. Redevenir étranger. Être étrange. Perdre ce trop humain qui nous guette dans ses faiblesses. Garder distance avec lui, le moi, avec nous. Se décoller de ce que nous sommes. Cette masse de « tu dois » qui nous coule dans le béton armé de notre être. Le soleil, cet idéal assené à coup de matraques, est trop aveuglant. L’ombre nous protège de la sécheresse. Ma douce et tendre comète, tu es passée dans mon ciel. Quel éblouissement ! Mes yeux ont brûlé, ma peau a chancelé, mon cœur a reconnu l’éclat blanc d’une sœur lointaine, mon corps s’est suspendu sur l’abîme du cosmos. Mes yeux ont flambé. Mes pupilles sont emplies de ton embrasement. Tes flammes ont crevé ma vision. Je suis aveugle, ma comète, je flambe dans les bûchers noirs du néant. Où es-tu désormais ? Vers quel au-delà t’es-tu élancée ? J’avance encore dans le frissonnement de tes feus, mais je n’ai plus que des chemins ornés de fosses mornes, des cailloux brûlants du désert. Tes spirales de lune diamantée m’ont pénétré jusqu’à la mort. Combien j’ai vécu dans le palais d’or des mirages, combien je me suis désaltéré à l’eau absente des illusions solaires. Je t’aime ma comète, non pas comme un mot, mais comme une reconnaissance. Grâce à ton passage, je traverse les miroirs, je marche de mille vigueurs, une marche forcée sur le sable du non-espoir. Mon corps se déchire, l’espace s’ouvre, mon sang se dilue dans le dur océan des pierres stériles, mon unique compagne est le muet de ta voix, j’entre… Celui
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Anto
| Envoyé jeudi 18 mars 2004 - 14h51: | |
2ème lettre au désert la nuit du 16 mars 2004. Chère Toi, Faut-il que je te convoque ma haine rieuse ? Cette hyène, la charognarde des carrefours. Ma haine, toi qui sépare le réel du possible. Haine de soi. Je vais à me saigner sur tes bris de poignard, à m’annihiler à tes mamelles, à me posséder en la confiscation de mon corps. Mon esprit se retourne en des épines de mort et se jette sur les dunes de la destruction. Cette nuit je flambe du bois vert de mes carnages. Je casse, je concasse les ardeurs des chemins. Ne sais-tu pas, Toi, que je connais toutes les ornières. Je suis de la peur, des paniques des dieux obscènes. Je me moque d’arracher mes peaux. « Écorche-toi homme dédaigneux des gouffres, dans l’abat-jour des songes, le fouet féroce raille ton cœur ». Et puis, le puit des combats. Je vis à ne pas renoncer. Mon idéal. Les bleus profonds, innommables, montent comme des serpents dans l’embrasure des portes. Je glisse avec douceur dans la gaieté des crachats. Bang ! J’ai tous les serments, les fusils accouplés aux meurtres, les coïts rageurs, les utérus pendus dans la possession des femmes. Ne suis-je pas cloué dans vos ratures ? L’alcool plante des canines à ton cou, je te dénoue dans le règne éperdu des chanvres, la puissance mégalomane des cocaïnes, les étirements kaleïdoscopiques des acides, les riffs électriques des harmonies du mal-être. Os ! À vos yeux, inquisiteurs, j’ai tous les crimes. Je tombe dans les passés infâmes. J’assassine les pères un souri collé aux larmes. J’étrangle les mères dans le vêlage des fils. Arachnides des étoiles, je m’accorde à vos soupirs, ne suis-je pas pour vous le loup errant dans la forêt de vos folies ? Être hurle ! Hurle être - de ne pas être. Gardez donc, vous les candides, la main sur les épaules des innocents. Le calme se renie derrière vos façades, vos seringues d’Hoolywoods attèlent vos rêves les plus chères dans la piqûre des meurtres. Je disparais, je danse, je disparais, je danse, mon corps emporté dans vos néants, et pulsent et pulsent et pulsent vos vies que j’ingurgite dans le nœud coulant de mes digestions. Mon estomac ne saura jamais vous vomir ! Je suis à vous, ne savez-vous pas, ne suis-je pas ce loup qui rôde dans la forêt de vos folies ? - Comment supporter cette première nuit dans les déserts, comme il fait froid, comme le monde est triste. Je me réveille les paupières engluées sur les rétines. Ce cauchemar n’est-il pas réel ? Non, il n’y a que le silence sans lune et ce que tu y mets, des mots et des gestes devenus encombrants, des regards étrangers qui se dévisagent dans des lendemains de fêtes et cette fuite futile et sans fin d’une liberté animale. Caprices et lubies d’enfants âgés qui survivent au berceau du rêve, anges aux ailes coupantes de l’angoisse dans le recul du partage au réel. - Et pourtant, - comme les rêves les plus mélodieux sont éphémères sans l’acquiescement aux dettes du réel, - comme le réel est violent sans l’enfantement des rêves. Le soleil bientôt, et cette marche à matérialiser dans la gravité des mondes… La bataille élémentaire contre soi-même. Celui
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