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| Envoyé jeudi 11 mars 2004 - 17h13: | |
Votre chambre secrète de dentelles surprises: « n’entrez pas » Je m’arrête sur le seuil. Pourtant je suis plus vieux que vous et nous n’en savons rien. Se parer du nom de poète, autant vouloir s‘emparer du dérisoire et revendiquer la proximité du mystère. Désacraliser la poésie, lui rendre sa profonde humanité. Entrer dans le bruissement d’une maison de feuilles et d’escaliers, ses fenêtres qui mènent le jour défaillant jusqu’au possible des lueurs, ce qui se déchire ne propose pas le visible, serrure pour la clef, chemin pour le voyage de la cave au grenier. Lyon des trains et des réminiscences d’Al Italia, des heures de boulevards rectilignes, à Villefranche « la Nef » embarque vers les usines d’hydrophile et les fœtus momifiés dans les langes du coton puis, les déracinements de l’Australie au Maghreb d’hommes talonnés par le vide. Vous n’entrez pas par la même porte. Vous ne reviendrez pas de votre silence. Il y a un homme qui fait bouillir des couleurs là-bas dans le temps immobile. Il n’a plus de mémoire alors il tisse des laines d’infini et la librairie rassemble à un charnier de mots. Rue Laffitte, le soir, tu fumes des gitanes maïs, que l’on peut reprendre, parce qu’elles ne se consument jamais totalement. Tu tricotes des vêtements pour des enfant inconnus puis, tu vas écrire, ou me racontes L’après exode lorsqu’il fallait brûler les fauteuils pour chauffer l’appartement et aussi le travail de ton père à l’institut, la révérence malhabile à Marie Curie… Tu as lu quelques poèmes que j’ai écris, rien. Il faut partir, Il pleut des épaisseurs, des desquamations de pluies sur les quais en Normandie, le Havre qui n’en est pas un. Mais cela c’était avant. Un jour on dit « je remettrai de l’ordre dans mes tiroirs » « Jean est venu avec « son ami » ». souffrance, atténuée par les années, dans cette parole, et beaucoup plus d’amour encore. Il y a une barque qui tangue sur la Sèvre noire où commence la mémoire de l’Afrique avec les brumes matinales, les frôlements de chauve-souris, le voyage. « Les bonnes dames de l’assistance publique » relèguent les enfants de la folie domestique à la folie collective et se transmettent le flambeau de haine froide en changeant de sigle: « Les assistantes sociales de la DDASS » enterrent les enfants, toujours les mêmes voleurs de bicyclette dans la tourbe aiguisée de lames de rasoirs. Après je ne sais plus, des bribes, le chien, Iago égorge un pseudo futur délinquant, la pauvreté depuis le dix-neuvième siècle est un risque, un délit qui n’interroge pas les raisons mais dénonce les effets et même les prévoit et par avance tente de les annihiler. Punitions collectives, kilomètres parcourus dans la nuit d’hiver autour du château de la Roche-Morna, parce "qu’on" a volé, peut-être? dix francs dans les poches d’un éducateur. Solitude du coureur de fond… Borstal, loneliness, maisons de correction… Je ne sais pas ce qu’est la poésie, j’en admire parfois comme les enfants, les feux et les artifices et pardonne aux belles couleurs leurs vains éblouissements. C’est un vieux monde ici, avec des colères domestiques, plus il crie moins il fait de bruit et plus il négocie ses fausses et respectables agonies, ses perpétuités de renaissances infinies. Il faut partir, rien ne sert de se battre avec les équations et le stérile. L’Europe est un vomissure frigide sans espoir ni courage, une aliénation du vouloir et de l’intelligence. La Loire au Pont-de-Cé ne dit rien. Il y a des gens comme ça qui font parler les fleuves et les oiseaux. On dit ce sont des poètes, il faut leur tordre le cou
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