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konsstrukt
| Envoyé mardi 16 mars 2004 - 12h36: | |
j'ai peur des nègres et des juifs des bougnoules des araignées des russes aux têtes bizarres des alcoolos dans la rue et des alcoolos qui viennent chez moi j'ai peur des guèpes des virus informatiques j'aie peur du SIDA et de ceux qui l'ont j'ai peur de toi quand tu te mets à crier et j'ai peur aussi quand tu pleures sans raison j'aie peur des voitures peur de me faire écraser et j'ai peur de train aussi j'ai peur des cafards et des chenilles j'ai peur des chiens et j'ai peur des racailles j'ai peur des armes mais j'en ai une sur moi j'ai pas peur de celle-là j'ai peur de la mort et j'ai peur de souffrir et j'ai peur de la souffrance des autres sauf quand j'en suis la cause j'ai peur des sentiments un peu trop violents j'en ai peur chez les autres et j'en ai peur chez moi j'ai peur des conséquences de mes actes j'ai peur de désobéir j'ai aussi peur d'obéir j'ai peur de vous tous et j'ai peur de moi mais heureusement j'ai un couteau je l'ai planqué sur moi pour que personne ne le voie je plante ce couteau dans tout ce qui me fait peur une araignée qui crève c'est bien moins effrayant un juif carbonisé c'est bien plus rassurant les nègres couverts de napalm et les arabes noyés dans la seine les moustiques gazés et les mouches écrasées les pauvres cachés et les flics déguisés j'ai mon couteau maintenant si j'ai peur de toi je te perfore tes cris d'agonie me rassurent le sang qui coule de ta bouche me rassure tes yeux qui ne me voient plus me rassurent ton cadavre immobile me rassure avec ce couteau je me sens rassuré avec ce couteau je me sens courageux je peux marcher la tête basse la tête basse oui mais courageux courageux en dedans et toujours aussi trouillard dehors
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Rob
| Envoyé mardi 16 mars 2004 - 14h39: | |
sur la trouille une écriture qui déroule avec de l'inspiration c'est un texte de Leprest sur une musique de jean Ferrat J'ai peur des rues des quais du sang Des croix de l'eau du feu des becs D'un printemps fragile et cassant Comme les pattes d'un insecte J'ai peur de vous de moi j'ai peur Des yeux terribles des enfants Du ciel des fleurs du jour de l'heure D'aimer de vieillir et du vent J'ai peur de l'aile des oiseaux Du noir des silences et des cris J'ai peur des chiens j'ai peur des mots Et de l'ongle qui les écrit J'ai peur du souvenir des voix Tremblant dans les magnétophones J'ai peur de l'ombre qui convoie Des poignées de feu vers l'automne J'ai peur des généraux du froid Qui foudroient l'épi sur les champs Et de l'orchestre du Norois Sur la barque des pauvre gens J'ai peur de tout seul et d'ensemble Et de l'archet du violoncelle J'ai peur de là-haut dans tes jambes Et d'une étoile qui ruisselle J'ai peur de l'âge qui dépèce De la pointe de son canif Le manteau bleu de la jeunesse La chair et les baisers à vif J'ai peur de pousser la barrière De la maison des églantines Où le souvenir de ma mère Berce sans cesse un berceau vide J'ai peur de tout ce que je serre Inutilement dans mes bras Face à l'horloge nécessaire Du temps qui me les reprendra J'ai peur
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konss
| Envoyé mardi 16 mars 2004 - 15h03: | |
(c'est rare, les gens qui connaissent leprest. j'aime beaucoup un chanson récente de l'individu, enfin je crois qu'elle est récente, et je crois qu'elle s'appelle madame) |
   
Rob
| Envoyé mardi 16 mars 2004 - 15h25: | |
Madame naît Madame tète Et s'endort en suçant son pouce Madame rit dans sa poussette Et maman lui change sa couche. Madame fait ses premiers pas Madame est un peu funambule Couchée dans les bras de papa Et tète encore, tête de mule. Madame entre à la maternelle Elle a quatre ans et des virgules Elle met trois L à hirondelle Elle a des couettes ridicules. Madame a treize ans un matin Une étoile d'acné sur le front Elle dévore avec un copain Un cornet de glace au citron. Madame se plaint de son ventre ~Sa maman dit que c'est normal Elle se sourit, son ventre chante Madame souffre, elle n'a plus mal. Tarte aux pommes coupe de champagne, La vie fait des tours de magie... Pluvieux dimanche à la campagne Madame souffle vingt bougies. Madame un jour est amoureuse Madame jouit, Madame touche La vie la grossit et la creuse Madame crie, Madame accouche Madame défroisse sa jupe Madame essore un pantalon Elle a des roses en bas d'sa zup Et des pensées dans son balcon. Madame a enterré maman A cinquante et des décimales Sa fille s'est plainte par moments Madame lui dit c'est normal. Madame a perdu son mari Mettons qu'il s'appelait Julien A la station Marie-Curie Mais Madame a gardé le chien. Madame a des petits enfants Des poupées dorment sur son lit Sa porte repousse le vent Et Madame est encore jolie. Madame a deux cents ans peut-être Elle a trois pieds dont une canne Mais heureuse elle secoue la tête Quand on lui dit rue Notre Dame... Bonjour Madame ! ALLain Leprest |
   
konsstrukt
| Envoyé mardi 16 mars 2004 - 15h36: | |
ouais, celle-là même, j'aime vraiment beaucoup ce texte |