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| Envoyé mercredi 17 mars 2004 - 11h24: | |
Vous allez voir ce que vous allez voir « le chien qui fume » « la pluie seule » « la tour Saint-Jacques pareille à un tournesol » « le désespoir n’a pas d’importance. C’est une corvée d’arbres qui va encore faire une forêt » Après qu’on eut dispersé ses collections insalubres d’arbres à came, de tiroirs sans leurs meubles, ses capsules chancelantes sous les tapis. Quelqu’un dit « Il devait boire de la bière magnétique» Ca sentait le pipi rance de chat énurésique. Tout fut vendu sauf le cadavre exquis du surréalisme qui ne faisait plus recette. La dispersion des collections D’André Breton mobilisa les signatures indignées du bon peuple des intellectuels. J’ai signé, non pas à ce titre. Mais pour défendre le patrimoine. En réalité, la plupart des œuvres furent pillées au début du siècle passé dans les sanctuaires des « arts dits primitifs » Le reste, en gros, c’était les vieilles compulsions de joints de robinets, les accumulations de plaques d’égouts, des toiles d’araignées rances et saupoudrées de poussières immuables convoités par les nouveaux riches américains qui ont autant de goût pour l’art qu’un Camembert, plût au diable que les bactéries envahissent leurs poumons. Il fallait sauver l’âme des choses, le recel où s’enracinent les lendemains. Si l'on avait pu déconstruire la maison, qu'elle s'envole, démembrer les murs, déloger les fenêtres et qu'ils n'aient plus et encore, que l'absence de l'air à voler. C'était l'urgence, on avait mis le feu dans nos yeux pour cacher la pluie, derrière le parapluie du surréel. Il se faisait tard, on repliait les énigmes éreintantes de Chirico, les îles, les rythmes, les Orfeu, les chapeaux, l'art nègre, les statuettes Hopis, les arbalètes Moï. On partait avec l'ange fou, la photo, l'idéogramme, le mystère, les mots, le daguerréotype, le vif ruisselant. On sauve les rondeurs du planisphère, les dieux errants déshabillés, la mémoire enfermée vivante dans les placards, les livres rugissants, l'amour fou, le bonheur à belles dents. La vie est là , pas simple, mais qui descend, d'un pas tranquille, la rue Fontaine, inondée de lumière, même s'ils ont tous perdu le Nord.
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