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| Envoyé vendredi 19 mars 2004 - 09h31: | |
Même s’il n’écrivait pas Santiago inviterait au voyage. Il y a des poètes dont le seul prénom porte en lui les violences de la Tierra del fuego et le nom les mouvements d’air infiniment embrasé dans les déferlantes du Cap Horn. Pourtant voilà un homme préoccupé qui se penche avec patience sur la trame des évènements. Son expertise est sans appel, s’il y eut du temps dans l’arbre, la feuille doit en rendre compte jusqu’en sa moindre nervure. Je n’imagine pas autrement le poète que penché parce qu’il a le douloureux devoir de répondre sans surseoir à des équations qui dépassent son entendement et qu’il lui faut traduire en une langue enfin devenue respirable. Le tribunal attend qu’il ait interrogé le Sphinx, la Pythie, tous les oracles ainsi que l’air du temps pour finalement lui signifier sa propre culpabilité ainsi que sa déchéance. Van Gogh interroge en lui la Beauce et réponds à grands traits : la pluie. Santiago Molina démonte le nuage et réponds : la mer. Nous avions vu : les blés, il faudra apprendre à s’étonner de ce que les choses les plus simples refusent d’entrer dans le carcan des évidences. (Le poète nicaraguayen Santiago Molina est publié Par « La page blanche »)
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