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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 11.02.2004 au 31.04.2004 » « C’était un temps déraisonnable… » « précédent Suivant »

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Vulcain
Envoyé mercredi 24 mars 2004 - 08h40:   

Jacques Kerouac enclenchait un rouleau de papier sur sa machine à écrire et se déroulaient « On the road » « Dharma Bums ». Soljenitsyne posait les « roues » de ses chapitres sur des tables qui composaient les territoires chenus de l’écriture, les coups de knout de la vie déportée dans la distance poudreuse de l’oubli, lorsque l’homme mêlant son destin unique à la cause commune de l’humanité n’en était pas même un fragment sensible, ni les lueurs d’une étoile dispersée, mais la boue d’une flaque sans espérance, ni retour.

Albert Camus posait un principe souffreteux asthmatique, revisité entre les buts de son équipe de football à Bab el Oued. On ne fait rien si l’autre n’est rien. Tandis que les philosophes du sublime décrétaient que l’avenir de l’homme passait par son laminage dans les aciéries de l’histoire pour féconder la race indestructible façonnée sur les scories de la faiblesse rejetée et les forces nouvelles de l’idéal socialiste.

Nous venons de ce temps de folie et de genèse d’apprentis sorciers, ce temps de géhenne qui nous a vu naître…




Camus: le révolté des lumières.



L’histoire immédiate a tranché sans nuances le nœud gordien et vérifié par les actes l’unité et l’unicité cheminante d’une pensée complétée par une oeuvre didactique exempte des pesanteurs du dogme. (1)Pourtant, nous en sommes réduits à interpréter Camus par absence, tel un classique (2) disparu, mais le plus contemporain des anciens: gardien de buts (3), encaissant la réalité des désastres, lorsque toutes les « preuves » s’effondraient. (1939-1945) Il s’est agit d'ouvrir les pans du rideau des hauteurs... René Char le transcrivait dans le poème « L’éternité à Lourmarin » après la mort d’Albert Camus. (La parole en archipel 1952-1960) « ... avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler et ce n'est pas le silence. Qu'en est-il alors? Nous savons ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, plus loin devant... » - Plus loin devant... le texte suivant est éclairé et éclaire singulièrement le poème: « Aujourd’hui où tous les partis ont trahi, où la politique a tout dégradé, il ne reste à l’homme que la conscience de sa solitude et sa foi dans les valeurs humaines et individuelles. On ne peut demander à personne d’être juste devant l’universelle démence. Ceux-là mêmes qui étaient les plus près de nous, ceux-là mêmes que nous aimions n’ont pas su rester lucides. Mais du moins on ne peut forcer personne à être injuste. Conscients de ce que nous faisons, nous refuserons l’injustice aussi longtemps que nous le pouvons et nous servirons l’individu contre les partisans de la haine anonyme... » (Albert Camus) Ce texte ne date pas de mars 2004, mais de 1939 « le passé qui signifie s'ouvre pour lui livrer passage... plus loin devant... » ( 1) cette histoire s’étend de la seconde guerre mondiale, à la nouvelle « Balkanisation » à l’est, et passe par l’effondrement de l’Union soviétique. (2) « classique » héritier dans la continuité humaniste (mais, sans dieu ?) d’une philosophie de la morale. Camus avait en 1935 (il a 22 ans) consacré son diplôme d’études supérieures de philosophie aux rapports de l’hellénisme et du Christianisme chez Plotin et chez Saint Augustin. (3) Camus adorait le football et a effectivement joué les gardiens de but dans son quartier de Belcour et dans l’équipe universitaire d’Alger. L'effondrement du communisme à l’est (les chantres de la fin des idéologies négligent par trop souvent, entre autres, la « théocratie chinoise ») s’il donne raison à Camus contre Sartre, ne les désunit envers, et l’évidence en reviendra, cet autre Minotaure qu’est le capitalisme. La finalité commune du débat Sartre/Camus était l’alternative à l’exploitation des hommes et celui ci s’échouait sur la fin, puisque sur les moyens. Camus refusait tous les totalitarismes: « Il faut appeler concentrationnaire ce qui est concentrationnaire, même le socialisme... » La polémique rebondit également et c’est la même avec le philosophe Merleau-Ponty recteur des « Temps modernes » ( revue politique et littéraire fondée en 1945 par Jean-Paul Sartre) « la révolution assume et dirige une violence que la société bourgeoise tolère dans le chômage et la guerre et camoufle sous le nom de fatalité. » Merleau-Ponty ajoute: « ...le coût humain que le philosophe ne nie pas, est à inscrire dans une totalité historique... » L’effroyable aveuglement de l’auteur qui lui-même n’a pas subi les rigueurs de « la totalité historique » est contrebalancé par la lucidité de Camus: « Quand le provisoire dure le temps de la vie d’un homme, il est pour cet homme le définitif... » Toute la différence est inscrite entre ces deux affirmations. La première met en avant l’histoire comme moteur du progrès. la seconde assène comme vérité première le fait que l’humanité sans l’homme ou, malgré lui, demeure une utopie criminelle pourvoyeuse de goulags et autres camps d'extermination, que les totalitarismes soient de gauche ou bien de droite. « ...ne pas oublier Franco lorsque l’on condamne Staline » (Albert Camus) L’autre voie n’étant pas d’évidence le capitalisme.... même s’il se pare parfois d’effets moins voyants. L’idéologie n'étant pas clairement définie, même si elle y est constamment sous-jacente. La théorie économique exacerbée n'est pas un système de pensée, mais de profit, elle ne peut s’appliquer que sous des types de régimes qui rejoignant les théories fascisantes, induisent souvent une négation de l’être humain. Y aurait il eut un communisme sans le capital et moins d'oppression et de laissés-pour-compte sous l'égide de la doctrine du libéralisme? Il n'y a pas de génération spontanée des communismes et de socialismes, mais une filiation directe du désespoir à la révolte, puis, parce que le piège est infiniment tendu, de la révolte à la révolution. « La révolution à la différence de la révolte exige d’être institutionnalisée » (Albert Camus) et se donne de nouveaux maîtres, passe des seigneurs à une « Nomenklatura » un ordre qui sans même faire l’effort d'une transition démocratique s'arroge tout le pouvoir, puis s’approprie le pouvoir de tout. Ubu lui-même, dans son nihilisme, ne s'y retrouverait plus! Pourtant, Ubu, roi irrationnel, assume le seul acte d'espoir désespéré qui soit humainement possible, sa négation de la fatalité. L’absurde et la mort sont dépassés par cette négation devenue affirmation d'une révolte. L’étranger fait corps avec Camus et il peut y avoir dérision, puisqu'il y a identification. La dérision est amertume de l’imperfection, jamais le dérisoire: « Je prendrais toute la phynance, je tuerai tout le monde et, je m’en irai » (Ubu) Camus, né de l’Algérie intense du soleil et de l’absolue pauvreté, tente d'en « boire » toutes les lumières et devient révolte d’un idéal qu’il ne peut atteindre, la perfection de soi et des autres en soi, l’attente du bonheur immense d’être humain, simplement humain, cette démesure. Camus, de la filiation du soleil, élit pourtant Sisyphe et la fraternité de l’obscur, mais si Icare, toujours est absent, Icare règne et brûle! Sisyphe est plus proche de l’humaine condition, Icare est tentative d’atteindre, en absence des dieux, l’absolu et l’œuvre serait cette (é)preuve, la trace sublime en son vide, le recommencé et toujours son doute...) Mais dieu n'est pas « solution » de l’homme, la chance absurde de son destin. Regret peut être dans l’absolu solitude de l’homme de ce chemin d’enfance, la foi naïve de l’innocence. Les éléments: l’eau, la terre, le feu, la mer, l'Algérie, l’en soi, le désir... Croire enfin... « L’Algérie, pays à la fois mesuré et démesuré. mesuré dans ses lignes, démesuré dans sa lumière. » (Albert Camus, Carnets, 1937-1939) Les faiblesses réelles et supposées de camus font aussi sa grandeur dans un siècle d’innombrables faiblesses et de peu de grandeur.






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Catrine
Envoyé mercredi 24 mars 2004 - 15h48:   

toi là... toi..

tu fais des fontes des alliages, je te regarde battre le fer chaud... je me demande à quoi ressemblera la pièce maîtresse de cette coulée (littéraire) - celle-ci est étoffée ))))
à ta manière tu sculptes une porte immense à notre enfer.. la vois-tu ?
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pl-OTIN
Envoyé mercredi 24 mars 2004 - 16h10:   

peut-être est-ce le chant du cygne...
(le champ du signe)
ou "des fleurs pour Algernon"

Des fleurs pour Algernon / Daniel Keyes ; trad. de l'anglais Georges H. Gallet.- Paris : J'ai lu, 1996.- 310 p. ; 18 cm.- (J'ai lu ; 427. Science fiction).

ISBN 2-290-00427-8

Keyes, Daniel ( Auteur)
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c l'hybride
Envoyé mercredi 24 mars 2004 - 16h28:   

... un champ de signes ))))


... depuis quelques temps je me sens comme une drôle de plante qui se fait cultiver...mais fichtre quel engrais !




...tu aimerais, je crois, "Hypérion" de Dan Simmons
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Palotin
Envoyé mercredi 24 mars 2004 - 16h42:   

..."tu aimerais, je crois, "Hypérion" de Dan Simmons"

"Lire ou écrire il faut choisir"

(le bibliothécaire responsable des achats poésie
et science-fiction...)
what a shame...
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c libre idée - riiiire
Envoyé mercredi 24 mars 2004 - 18h00:   

lire... et écrire...et lire...et écrire... jusqu'à ce que mort s'en suive ( aïe )

c'est une sorte de ..respiration



( moi qui adore fouiner dans les bibliothèques )

-sourire aux yeux

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