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Rob
| Envoyé mardi 06 avril 2004 - 16h05: | |
Bien qu'étant d'origine toscane le chauffeur du tram 33 a lu Proust dans le texte. Il s'appelait Martini avant sa demande de francisation. Maintenant il s'appelle martin et on le surnomme pauvre Martin, c'est extra pour passer inaperçu. Pour une amourette qui passait par là, il avait perdu sa jolie môme, celle qui dit maman quand on la touche. Fils de bourgeois, il gardait de son enfance passée cette blessure des bonnes manières mais de ces gens-là il ne voyait plus que l'oncle Archibald, celui qui rêvait de mourir pour des idées. Le dimanche matin, Martin le pauvre fleurissait sa cambuse de myosotis parfois de roses, il avait dû mal y penser à sa Sylvie, son ostendaise, pour qu'elle s'en aille avec son chien vers Amsterdam. Belge ou Batave il ne le savait pas et finalement n'accordait aucune importance à la nationalité. A midi, pauvre Martin arrosait son repas composé d'une pizza surgelée de quelques rasades de mauvais vin d'Arbois avant que revienne la question essentielle: Et maintenant que vais-je faire ? Rien. Je vais continuer à ne rien faire, en y mettant un peu plus d'assiduité. Si le dimanche est lourd et c'est souvent le cas Martin s'endort comme une enclume après avoir lu une préface. Il ne lit que des préfaces ce qui lui compose un très large éventail littéraire. Quand il regarde la télé il ne met jamais le son, c'est normal le son est en panne depuis quelques années et cette anomalie lui permet d'être à la fois journaliste, dialoguiste, chanteur, comique et président ce qui n'est pas incompatible. Aller où et pour faire quoi ? il ne vous le demande pas. C'est étrange cette obstination des gens à ne jamais répondre quand on ne leur pose pas de question. Martin est d'une humeur légère, comme un flotteur dans une baignoire. La baignoire, elle fuit. Martin ne se lave donc pas, il ne veut pas humidifier les voisins du dessous, c'est tout à son honneur. Martin du tram 33 conduit 35 heures par semaine. Il profite du Mercredi vacant pour s'offrir un cornet de frites chez Eugène et pour parler politique, écouter politique plutôt, parce que Martin ne vote pas. Les jours d'élection il fait semblant et glisse d'une urne à l'autre avec un sourire satisfait. On le prend pour un élu. Ca suffit à son bonheur. Martin invente son bonheur, Martin invente ses souvenirs, Martin est un inventeur d'invention. Martin n'a pas beaucoup de frais de textiles. Sa tenue préférée est un pantalon un peu court bleu pétrole avec une chemise sable breton un lendemain de pollution. Quand il se fond dans le social, cramponné à son volant il s'imagine être Elliot Ness en noir et blanc et 625 lignes. Al Capone descend au prochain arrêt et il fait bien, il était à deux doigts de l'incarcération carcérale. Demain, c'est juré, il le poinçonne à la station des lilas. Epilogue 333 pages plus loin, il ne s'est rien passé mais Martin vieillit un peu de temps en temps, délicatement et sans penser à mal. Si c'était à refaire il s'y prendrait autrement et interdirait toutes les calvities, les ridules et les muscles mous mais on ne se refait pas.
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la paimpolaise
| Envoyé mardi 06 avril 2004 - 16h24: | |
ah ah Rob :-)))) c'est extra... |
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