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so-so
| Envoyé jeudi 08 avril 2004 - 21h18: | |
1 Face à son miroir au tain de lune, l’Orphe est prisonnier. Des boulets de mercure roulent dans son amalgame d’astres. L’Orphe, cousu par le fil d’une histoire rompu, supporte un treillis percé de lucarnes qui inspirent la nuit. Son corps entier est un regard aveuglé, une forêt de reflets cachée par un seul éclat. On y devine une grille de flammes furieuses dressée contre sa peau de pénitent blanc. Robe de métal sur son échine de buée, l’Orphe fait face à l’invasion des brumes, aux infimes courroux de l’océan de cendre, à l’ombre qui mime une prairie à la dérive. L’orphe s’étoffe d’un mouvement solaire et pose un regard paisible sur l’enfer. 2 Il fait si sombre dans la maison transparente de l’Orphe. L’horloge est à la cave, sous sa bâche de pierre et d’os. Elle bat des bouquets éphémères, des minutes nues à peine effleurées que retient une paume effrayée. Chaque seconde passe comme un flocon sur les fantômes qui prennent l’air d’une poussière glaciale. Voilà le grand froid de la vie par où s’évade la chaude fumée, la caressante écharpe d’entrailles autour de l’âtre du temps. Pulsations de la neige et du sable exténué, chaque seconde transporte son lot de saisons. Dans la griserie de ces battements mécaniques, l’Orphe compte le temps qui le sépare encore. L’Orphe, pourtant si faible, se lance et s’oublie. Devenu si puissant, il se fane et s’efface. 3 L’Orphe est une tête sans corps, une tête sans visage occupant tout l’espace qui s’ennuie de la chair. Une tête peuplée de plaies, car ces plaies sont des bouches d’enfants morts. Des enfants qui défilent dans leurs habits de pensées. Chacun d’eux, à sa manière, désigne une douleur qui au fond les rassemble. L’orphe est une tête menacée d’éclosion. 4 Sur les contours de l’Orphe pèse tout le poids de la terre. Papillon de papier déchiré par la sève, l’Orphe sent le ceindre son étau de pétales. Entendez-vous l’assourdissant silence de la feuille qu’on froisse, de ce flot de sang d’encre qui se mêle à la boue ? L’Orphe muet fait surface, repaire de l’invisible.
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à suivre vers 2
| Envoyé mercredi 05 mai 2004 - 11h50: | |
1. retour mémoire de vie à demi-morte Rien que du vide et ces mots silencieux qui obligent son chemin Ses entrailles détachées flottent parmi les cendres. Paralysée elle voudrait hurler mais quelle incantation ? Elle sait enfin : « Tu m’as calciné je rejoindrai le feu pour vivre «
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