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k-sper
Envoyé mercredi 05 mai 2004 - 20h42:   

Lumière d’arbres – ce que nous dit la sève.


Une œuvre peut être accomplie de tant de choses silencieuses qu’elle en a parfois la tranquille transparence des lumières assouvies de présences célestes. Les arbres, surtout, ont cette délicatesse des souffles, cette droiture élevée comme d’un jet de la souche au faîte, qui transperce d’évidence nos lieux semés de pas ; cette présence tracée d’un trait de chair ligneuse, alliance entre l’humus et les nuages. Avec eux la leçon se dénude de mots pour hanter le mouvement du devenir. Ils sont à la fois là, ici, si maintenant, et si puissamment ailleurs, où ils nous hissent, progressivement, avec ces affections et ces précautions de géants invités à une fête d’enfants.

Nombre d’entre nous les traversent à l’horizontal, fragmentation de troncs, hachures de mystère. A peine cueillent-ils le bruissement et la saveur de l’écorce neuve, l’arbre habille leur route, donne le ton d’une humeur de verdure. Ils ne savent rien de leur discours qui s’offre à d’autres pèlerins : ceux-là prennent le chemin vertical des écorces, les sillons accidentés de l’étirement des siècles ; ceux-là savent le relief sous la paume, le bois qui ne se dit qu’à la pleine embrassade des peaux ; ceux-là découvrent un jour qu’il faut hisser les lèvres, le front donnés comme pour le baiser hasardeux d’une feuille, ils savent que sous la gravure rugueuse des années bat une sève première, le signe d’un jaillissement de vie, l’appel d’une élévation sobre.

Certains regardent dès l’abord la cime agitée de soubresauts de vents, ralentie par son rang de dignitaire du ciel, mais bruissante encore des rumeurs orantes qu’on avait accrochées, enfant, à n’en savoir que faire, les mains chercheuses d’espérance, pagailles orpailleuses de nos dix ans.

Il nous suffit de voir, pour que nos arbres apparaissent de cette allure fière des gardiens de passage, nous renvoyant à l’énigmatique réserve des cartes aux trésors.

Mais le chemin des sages, des explorateurs tenaces, est plus secret encore. Tourner autour du corps des arbres, tourner et se hisser, spirale d’une vie qui s’enfle de chaque détail qui s’ouvre à chaque branche, s’accroche à chaque nœud ; la récompense est grande alors, plus belle que l’aurore ; les cieux accueillent l’intrépide par des brassées de feuilles, des sentiments plus graves, des émotions plus vives, des chants se font entendre sous-tendant les frissons des ramilles et l’on sait, arrivés là-haut, qu’on a enfin su aimer l’arbre, comme il nous aime, sans cette hésitation des ombres lentes, mais dans le simple élan de s’ouvrir.


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Hélène
Envoyé mercredi 05 mai 2004 - 23h57:   

j'aime beaucoup ces phrases :
"Les arbres, surtout, ont cette délicatesse des souffles, cette droiture élevée comme d’un jet de la souche au faîte"
" alliance entre l’humus et les nuages"

une belle ode à l'arbre .
qui me fait penser à cette chronique de Jacques Ancet Image et récit de l'arbre et des saisons et qui est la réflexion d'un poète à propos d'un arbre qu'il voit depuis sa table d'écriture.
juste cette phrase :
"L'arbre n'attend pas. Même s'il en donne l'impression . L'attente appartient à un temps qu'il ne peut pas connaître . A chaque instant il s'efface, se recompose , devient un nouvel arbre tout en restant lui-même .

etc...


j'aime bien ton texte

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