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s*
| Envoyé samedi 08 mai 2004 - 22h06: | |
-- Répondre simplement aux yeux qui s'approchent -- de mes nombreux dormeurs debout je guéris par le simple contact de tes chevilles vers le bout du chemin je me rends compte que je possède la nomenclature complète de tout ce dont on peut mourir mais parce que vos cercles manquent aux miens je vis plus encore que les plus vivants je défile au dernier rang de moi je vis d'un seul baiser de buissons rares et d'une bouche qui s'ouvre dans l'eau tous les cent ans je tombe avec tout ce qui tombe en tournant - j'ai tout vu et j'ai peur du trop bleu de la mer qui nous tire vers elle et ses enfants plus bleus encore- nous montons si haut que la neige se remet à fondre nous montons poussés par notre peuple et son orchestre d'ancètres nous montons à contresens à l'envers du grondement désoeuvré des pleurs venus de la cale des bateaux litres de soi que l'on vide en plein dans les yeux des vagues -j'ai tout vu et j'ai peur de ce qui pourrait vivre- j'imagine alors que tout ce soleil vient de nos cheveux versés tresses enroulées lacis de fêtes inégalement réparties le long des hommes et j'ai raison - j'ai tout vu et je dis que ce moment est femme- la mer tout en bas se cambre longue reine disposée comme elle peut coeur de petite différence entre ceux qui parlent et ceux qui nagent et des siècles après je tremblerai encore de ce début de vie en pleine mer et de la grotte grande ouverte à même ma forme d'eau ta silhouette secrète lovée loin dans la mienne je tremblerai pendant des siècles de cette montagne dans la nuit et son massif de rayons - j'ai tout vu et j'en brille encore- je tremblerai longtemps du poupon noir tant serré contre moi dans ce lieu des vagues au creux du continent que j'appelais nulle part dès le matin et maintenant arrivé en haut de mes bras qui bercent les cailloux ventre longtemps frotté contre le grand mur blanc ciel dur qui garde les hommes de tout connaître vraiment je garde ce que tu m'as dit de garder je garde la porte des cheveux qui poussent je garde le seuil aimé -j'ai tout vu et je suis encore là moi aussi- et du village vert tout en bas s'exhalent parfois quelques voix qui nous aiment et savent lire notre présent c'est bon d'être montés jusque là nos paumes sentent la myrte -l'épuisement est aussi un parfum tunique d'ombre et roses jusque dans les cheveux- il y a dans cet instant le simple bonheur d'entamer le monde comme un grand fromage rond qu'on se passerait de main en main et pourquoi la tristesse n'est pas suffisante pour tout arrêter ? et pourquoi notre île ne maigrit jamais ? me demandes-tu en nageant je ne sais pas quoi te répondre - j'ai tout vu et j'ai encore faim- je suis comme toi je plonge je suis comme toi j'arpente les remous sans bruit je suis comme toi je me recouvre de cette mousse animale immense sombre je ne sais pas je regarde le monde grossir et la mer déborder tu sais depuis toujours je ne fais rien d'autre que répondre simplement aux yeux qui s'approchent 08-05-2004 |
   
elle qui sait presque
| Envoyé dimanche 09 mai 2004 - 00h46: | |
Simple humanité tu l’aimes elle te ressemble ou te transcende elle te suffit quelque temps Tu ne peux pas mourir le premier justement puisque tu sais les erreurs les égarements toutes ces choses enseignées qui ne sont pas toi et qui pourraient t’enchaîner Tu es libre et cette bouche dis-tu si rare te donne le lait qui serait nécessaire à qui sait trop qu’il est mortel qui ne sait pas que la mort est un retour Pourquoi avoir peur de celle qui a enfanté l’humanité toute entière ? aurais – tu le vertige ? la mer a tout créé . elle est notre origine. L’amour est cet aller-retour qui devait dire Dire ce qui est et ce que nous sommes L’autrefois et l’avenir Puisqu’ils nous habitent Puisqu’ils sont notre consistance Femme – vague- eau – placenta- mer – mère Tu as nagé quelque temps en elle et soudain ce désir de lumière t’a attiré vers la liberté Tu as renoncé à la douceur du tiède au balancement musical des ondes intérieures Tu chercheras toujours Parfois sans le savoir A retrouver cette conque Tu ne sais pas toujours si la liberté Vaut la peine de quitter Le sel donné Alors tu cherches la route De cet océan perdu Tu tentes un jour le sable Et tu t’allonges Ton regard tendu vers le soleil Le lendemain une vague Echo d’une tempête en symphonie T’appelle et tu pars Tu marches tu te précipites sans raison Il est difficile de trouver son chemin Tu ne pourras pas d’un seul regard Epouser tous les yeux qui se tendent vers toi La terre a beau être ronde et douce Il te faudra si, tu veux trouver cet air où t’allonger avant de repartir pour créer - car tu es créateur de rêves et de vérité - Un jour t’asseoir sous un saule Savoir que c’est là là seulement que tu trouves la nourriture qui te transcende Ce jour là seulement tu bâtiras des cathédrales
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?
| Envoyé dimanche 09 mai 2004 - 01h54: | |
? |
   
mary
| Envoyé dimanche 09 mai 2004 - 09h48: | |
« Echo d’une tempête en symphonie » *** « tu sais depuis toujours je ne fais rien d'autre que répondre simplement aux yeux qui s'approchent » s* *** « Regardons la vérité dans les yeux Regardons la vérité dans les yeux : absents courageusement regardons la vérité dans ses yeux gris, ceux qui ne nous quittent pas, ceux qui sont partout enfoncés dans le pavé, sous les pieds collés sur les affiches et ceux coincés dans les nuages ; même s’ils devraient nous mettre à genoux. » Baranczak Stanislaw (1946) *** « et pourquoi la tristesse n'est pas suffisante pour tout arrêter ? et pourquoi notre île ne maigrit jamais ? me demandes-tu en nageant je ne sais pas quoi te répondre - j'ai tout vu et j'ai encore faim- je suis comme toi je plonge je suis comme toi j'arpente les remous sans bruit je suis comme toi je me recouvre de cette mousse animale immense sombre je ne sais pas je regarde le monde grossir et la mer déborder » s* « La journée balançait. La journée comme le bateau balançait hosanna, un bateau de tôle ou de bois naviguait la nuit, jusqu'à la rose matinée. Déjà il y avait les îles souriantes avec les défenses d’éléphants, nous nagions toi et moi, poupée, et tous comme les feuilles collées à l'écorce que le vent fait fuir. (…) K. K. Baczynski (1921-1944) Mère, comment me protégeras-tu quand les hommes noirs, enveloppés dans la nuit, malgré tes mains dressées comme une tente de prière projettent des lignes des foudres s’ébrouant comme un troupeau de chevaux spectraux ? » K. K. Baczynski (1921-1944) *** - j'ai tout vu et je dis que ce moment est femme- la mer tout en bas se cambre longue reine disposée comme elle peut coeur de petite différence entre ceux qui parlent et ceux qui nagent et des siècles après je tremblerai encore de ce début de vie en pleine mer s* J'attends dans les gares solitaires et vides en comptant les ampoules des étoiles qui s'éteignent. Je marche lentement, je m'arrête devant le miroir étranger, noirci du paysages des villes de plus en plus loin ; le toit bruine d'écho et dans le rythme des wagons coule la forêt. Déjà la tristesse est partie loin Dans la nuit étoilées et sans étoiles. Les paysages étrangers sont comme des cartes postales, des animaux découpés dans les atlas. J'ai déjà traversé des moments clairs et noirs, et vu toutes les époques et tous les temps. K. K. Baczynski (1921-1944) *** « Alors tu cherches la route De cet océan perdu Tu tentes un jour le sable Et tu t’allonges Ton regard tendu vers le soleil Le lendemain une vague Echo d’une tempête en symphonie T’appelle et tu pars Tu marches tu te précipites sans raison Il est difficile de trouver son chemin » elle qui sait presque *** « Oh! Vie! Vie! Eternelle inquiétude pour l'exactitude de nos pas ! (et non pas pour les noms de nos chemins) même quand sonne la plénitude d’un chant trompeur combien d'images comme la pluie ruisselle sur nous ? » K. K. Baczynski (1921-1944) P.S. Steph *, tu ne peux plus nier ta « responsabilité » )) !!!
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Ln
| Envoyé dimanche 09 mai 2004 - 12h51: | |
Mary tu nous donnes envie de connaître mieux ce poète . beaucoup d'auteurs traduisent leur incertitude , leurs hésitations sur les chemins à prendre. Y a-t-il un poème de Baczynski qui laisse supposer qu'il ait trouvé ?
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k-sper
| Envoyé dimanche 09 mai 2004 - 18h39: | |
Ce texte, celui de S*, transcende toute notalgie, toute peur, toute amertume des origines en un texte d'une beauté rarement atteinte même dans ses plus beaux textes. On y lit au delà de l'épaisseur de l'homme, dans son noyau, il n'y a que la nue offrande de ce désir de vivre au travers de tout ce qui nous a fait et mis en mouvement. C'est une vraie émotion, quelque chose d'un grand oeuvre de la petite voie. Dans la tonalité qui dicte le récit, la rconciliation de l'immense et de l'infime qui fait l'humain. Pas envie de deviner ou de savoir quoi que ce soit d'autre que l'essentiel: ce texte de S* révèle un intime unique et universl à la fois. K-sper |
   
karl
| Envoyé lundi 10 mai 2004 - 19h17: | |
Je ne sais trop pourquoi Stéphane, mais tes textes me donnent les frissons. Nul autre voyage semblable à ceux que je fais au coeur de tes mots, de tes chevauchement de sens, des lumineuses images qui nous balancent. Tu es fabuleux S*, je reviens plus tard... |
   
s*
| Envoyé lundi 10 mai 2004 - 20h13: | |
Je ne sais jamais quoi répondre à ce genre de message. À part que si j'étais si "fabuleux" (qui, dans les français ici, se souvient de la pub pour Fabulon ?:-)... je n'écrirais pas de poèmes. Il me semble que quand on a atteint une sorte de niveau de conscience et d'éveil, on a plus "besoin" d'"écrire" des poèmes, parce qu'on sait que tout "est" un poème et on "co-écrit", ce poème en permanence. Donc, je ne sais pas toi, mais à chaque fois que j'écris, même si je peux transmettre des choses "pleines", je fais également un aveu d'nfirmité. Parce qu'un texte, même s'il transmet ceci ou cela, ça reste toujours un aveu qu'il manque quelque chose, quelqu'un ou même une part de soi-même. Maintenant, bien sûr, il existe aussi de doux aveux :-) C'est sans doute précisément ce qui fait le charme des textes qu'on aime, ils ont parfois des jolies failles, comme les petites rides autour des yeux de la personne que tu aimes, ce genre là (enfin, comprenons-nous, je sais que tu es plus jeune, c'est un exemple :-)) D'autre part, Karl, je n'aime pas faire le ping-pong des compliments, parce que ça fait un peu duo de compères, mais tu es l'écriture la plus *exacte* que j'ai lue sur le net, avec une autre, mais "partie" depuis longtemps, tu as une précision hallucinante, une sorte de laser d'âme, et j'aimerais bien avoir ta capacité de savoir dire moi-même, sans que fuient de moi quatre mots de trop pour deux mots exacts. Comment tu fais pour presque jamais dire un truc en trop ? Voilou. Bonne soirée à toi et à tous. Et merci à Marie, pour m'avoir tressé avec Basczynky. La Pologne semble être un nid de poètes avec regard en coin d'oeil comme je les aime. |
   
karl
| Envoyé lundi 10 mai 2004 - 21h54: | |
Je l'ai déjà dit maites fois, je ne comprends pas trop ce que j'écris, j'écris le temps qui parle sans utiliser trop de clichés, ni verbiage. Ça donne des résultats que d'autres, comme toi, nomment "précision". Et puis les textes que je préfère parmi les miens sont rarissimes et la plupart du temps ceux qui sont le plus appréciés ne sont pas mes favoris, tu vois? Salut à toi, le ping-pong s'arrête ici. Amitiés |
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