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jml
| Envoyé mercredi 19 mai 2004 - 23h19: | |
Il y a des mots qui font la mort. Il y en a d'autres qui font l'amour. Les mots sont fait de mille choses. Parfois j'écris comme la vague, comme une potiche qui se brise, un éclat dans le cœur, un autre dans la tête, un tesson dans la main défigurant ses lignes. Parfois j'écris comme la rue dans le silence des passants, comme le vent sous les jupes qui rougit de bonheur en caressant les cuisses, comme le temps qui s'enfuit, comme le sang qui coule. J'écris comme on s'amuse sans avoir de jouets, comme on rame sans eau, comme on vole sans ailes. J'écris comme les fraises qui rougissent les lèvres. Il y a des mots qui font la haine. Il y en a d'autres qui font la paix. J'écris comme les sourds qui trouvent la musique dans la couleur des choses et font danser la vie sur la pupille de l’œil. J'écris comme on respire, comme on allume un feu, comme on cherche une source avec un brin de paille. La pensée voyageuse peut détraquer les rails. Mon lieu physique d'écriture se compose de tout. La chaise où je m'assois est faite de papier. Ma table est tachée d'encre. Quand on secoue la nappe, il en tombe des larmes et des rires comme des miettes de vie. Il y a des mots qui souffrent. Il y en a d'autres qui guérissent. J'entends marcher le jour dans le pas des insectes. J'écoute l'infini dans le craquement des planches. J'écris de l'intérieur comme de l'extérieur. Un oiseau sur la branche me dicte l'horizon. Un creux dans l'estomac a la forme d'un pain. La lumière sur l'écran se détache du temps et vient rejoindre sur la page la caresse des phrases. J'invente un ciel de mai. J'y vole comme un oiseau dont les plumes sont des mots. Il y a des mots qui font saigner. Il y en a d'autres qui font signe. J'écris debout entre les fusillades. D'Afghanistan, d'Afrique, sur les cailloux qui prient au fond de la rivière, les antennes des insectes, le moindre grain de sable, sur le bitume sale des mégapoles folles. J'écris la fleur aux dents et mes tripes à la main. Pour une bombe à neutrons combien meurent de faim ? Combien de bols de riz manquent au Tiers-Monde ? Combien de blé en larmes pourrissent par les armes ? La terre attend la paix. L'enfance tend ses bras. Frères des montagnes, sœurs des nuages, ne fermez pas les yeux quand on vous tend la main. Il y a des mots qui font la mort. Il y en a d'autres qui font l'amour. Tous les mots se rejoignent peu importe la langue.
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noel
| Envoyé jeudi 20 mai 2004 - 23h02: | |
l'important , c'est de s'entendre , lire les silences et les respirations , les mots qu'on ose se dire , ceux qu'on laisse derniers aux autres car ... on les aime . Les mots sont des feux follets , en tout sens , et en cela .... c'est bien d'avoir des chouettes voisins pour les rendre magiques .... |
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