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jml
| Envoyé mercredi 19 mai 2004 - 23h23: | |
L’ÉTRANGER On me regarde de travers Avec mes cheveux d’ange, Mes pieds mous, Mes yeux à angle droit, Mes bras en accolade, Mes rêves à petits pois, Ma chair de poule, Mes mots en offrande À la place des mains. J’ai le cœur des montagnes Sous mon habit de peau, Le même sang que les fauves, Le même bleu que les fleuves. J’ai le chant des oiseaux Dans le nid de mes yeux, La soif des chameaux Dans un désert de neige. On me regarde de biais Quand je parle aux poteaux. Seuls les chiens me répondent Quand je jappe en wallon, En urdu, en poète. On me snobe quand je ris À l’envers des miroirs. J’ai pourtant le même rêve Que celui des enfants, Le même singe en grimaces Dans mon arrière-mémoire, Le même soleil aux yeux, La même mer en images. On me toise de haut Avec mes sous d’avoine, Mes pieds dans le plat, Mes épaules en papier, Mes pourboires en baisers, Mon cœur à marée haute, La haine à marée basse. J’ai pourtant le même cœur, La même soif des autres, La même faim d’aimer, La même sève qu’un arbre Dans mes oreilles en peluche. Je respire avec tous. Je meurs seul comme chacun. On me snobe. On m’évite Avec mes yeux dans l’eau, Mes étoiles de terre, Mes regards en orbite, Mes paroles bridées, Mes danses qui défrisent, Mon silence en patchwork. Je viens de la même terre Aux racines astrales, Du même atome d’air Pollenisant l’espace. Quand on érige des frontières, Quand on s’invente un Dieu, Quand on hisse un drapeau, On est toujours L’étranger de quelqu’un. http://groups.msn.com/erableamots
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