Auteur |
Message |
   
Danja
| Envoyé mercredi 26 mai 2004 - 01h20: | |
En médiocratie pas de famine à la télé L’artillerie oblique tes rêves Le rêve est un mot mièvre y a plus de place même pour l’idée dans ton cerveau bouffeur d’infos scato et nombril de stars qui veut encore du million sous des couches de désespoir et sourires en règle Tu veux t’obésifier encore à profusion sans germe d’idée pas de problème Le monde continuera bien de rouler sans toi toi t’as juste droit à la place de gros mangeur Avec un portefeuille à la place des idées, sauf les idées qui nourrissent le portefeuille, pardon. D’autres crient FAMINE toi tu cries Tortille du cul salope, vas-y ! Y a jamais de corps prostitué Ya que des idées en vrac qui font cul Bénitier t’as été élevé au foie de rat graisse de putois Et moi je pleure comme un cliché vivant avec ou sans sabot J’ai le cœur en écharpe trop gros ça déborde du goulot Je peux pas le mettre en bouteille et l’envoyer en SOS Par delà les mers naviguer au-delà il reste comme une pierre Posé sur le sol entre mes jambes et la tête close La pierre jamais flotte et moi j’ondule en prières A poil, mon collier de souffrance en bandoulière, Qui veut de moi ? Pas même moi. C’est pas esthétique la souffrance, Sauf si on l’expose avec assez de violence, Pour que ça passe pour de l’art. C’est pas esthétique la souffrance Et on comprend pas. mon corps siège de ma souffrance C’est pas esthétique. Alors à quoi me sert ce corps-là ? Bouffe-le cannibale Que la chair excite bouffe ce corps Y a pas de femme derrière le corps a pas d’idée. Tu cries Famine Mais la famine c’est quoi , C’est ton égoïsme qui cavale Ta bite en avant les femmes importées sur le trottoir Et tes billets après, tu as soulagé ta famine. Tu cries famine Mais la famine c’est l’eau qui coule et que tu ne bois pas, C’est cet amour que tu ne vois pas La beauté que tu ne vois pas La douleur que tu ne vois pas Il te faut tes écrans portables pour que tu entendes le mot famine Mais la famine est devant toi. Regarde cette femme au ventre creux de l’homme qu’elle a aimé le vide la submerge et toi t’es là tu lui vends un bel aspirateur pour avaler son néant et elle paiera en 3 fois parce que tu es un homme bon et que tu as raison tu ne sais rien faire de mieux que vendre tes aspirateurs et tu es un prophète contre ces poussières qui salissent ce territoire dérisoire d’où l’on peut mille fois déménager ou fermer les yeux. Tu sais juste que la souffrance des autres t’en veux pas Tu as déjà assez à faire avec la tienne. Ta famine c’est la mienne la tienne et celle des autres. Et y en a qui ont ce creux De souffrance qui s’ouvre et t’avale La famine c’est cette mort qui s’imprime comme une carie jusqu’à ce que la dent tombe. Et quand on ne peut plus rien croquer Il ne reste plus qu’à garder la bouche fermée. Avant de tomber. fèv-mars 2004 |
   
yves
| Envoyé mercredi 26 mai 2004 - 15h32: | |
L'office mondial de la santé compte que 30000 enfants dans le monde meurent chaque jour de faim en grande partie en raison de nos décisions économiques. Le gouvernement américain estime à dix fois moins et un seul jours les victimes de World trade center où une grande partie de ces décisions étaient mises en pratique. |
   
Hélène
| Envoyé mercredi 26 mai 2004 - 15h40: | |
et au Soudan on s'entretue pour la même raison de famine. mais nous ! que peut on faire ? qui lit encore de la poésie ! Sauf entre gens qui pensent comme nous . peut être que de l'écrire nous aide à supporter ? à croire qu'on convaincra quelqu'un ? |
   
Rémy
| Envoyé mercredi 26 mai 2004 - 23h28: | |
D'un autre côté, ceux qui meurent de faim avaient devant eux la perspective d'une vie de misère et de souffrance : la mort les en soulage. Alors que ceux du WTC avant devant eux une vie de luxe et de plaisir : pour eux c'est vraiment une mauvaise affaire. Seuls ceux du WTC avaient une chance de lire un jour de la poésie. |
   
Ln
| Envoyé jeudi 27 mai 2004 - 08h37: | |
mais les Soudanais ne meurent pas tous de faim la plupart meurent tués par les leurs . les leurs qui sans doute se disent qu'ils auront deux galettes au lieu d'une . bientôt on en reviendra à l'anthropophagie . décidément je n'arrive pas à décider lesquels j'ai le plus envie de plaindre. faut dire que je suis gourmande! |
   
K-sper
| Envoyé jeudi 27 mai 2004 - 09h55: | |
Hmmm. Rémy, Ca dépend où se trouve la poésie, mais si tu admets qu'il y en a dans la littérature orale, dans les contes et dans les récits traidtionnels, je ne crois pas que dans les pays "pauvres" ou du "Sud" la poésie soit moins populaire que dans un centre d'affaire américain... K-sper |
   
Rémy
| Envoyé jeudi 27 mai 2004 - 17h02: | |
C'est très exact. Je retire ma dernière phrase - ou plutôt, j'y souligne le mot "lire". C'est quand même fichument dommage qu'on n'en entende jamais la trace, de cette littérature orale... Il faudrait envisager d'envoyer des gens avec des magnétophones pour en recueillir un peu, et puis faire travailler quelques interprètes talentueux (on en trouverait sûrement) et graver le résultat sur cd. |