Etait nuit (poème) Log Out | Thèmes | Recherche
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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.05.2004 au 31.08.2004 » Etait nuit (poème) « précédent Suivant »

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Teri
Envoyé jeudi 03 juin 2004 - 00h14:   

Je m'appelle Teri, poète en herbe de 28 ans (sans toutefois savoir si le titre de "poète" se justifie dans mon cas...). Quand je n'écris pas de la poésie, j'en lis (mes auteurs de prédilection se nomment André du Bouchet, Jude Stéfan, Jacques Réda, Pessoa, Rimbaud, mais je lis un peu de tout, des classiques aux avant-gardistes...). Voici donc un poème qui est assez représentatif de ce que j'ai l'habitude d'écrire :



La pâleur effleurée
Des lunes

Haut tremble

En cet immensément
Peiné
Du sombre


*


Dans ce gisant
De perles

Troublées d’âpre


*


Dans ce couvert
Où décline

La ronce entremêlée
Des constellations


*


Qu’incise
La timide aube

A son éveil

****

Teri
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Hélène
Envoyé jeudi 03 juin 2004 - 08h19:   

Je suis étonnée que tu ne nous parles pas de Guillevic. tu écris avec beaucoup de concision, est- ce un résultat de tes réflexions après tes lectures?
j'aime beaucoup le dernier
je crois que ce que tu écris oblige à la réflexion à " lire entre tes lignes "
me donnerait envie de reconstruire une pensée.
j'interprèterais et sans doute trahirais ce que tu veux énoncer.
comme les haîku d'Issa qu'il faudrait associer à leur source.
en tout cas tu ne me laisse pas indfférente.
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karl
Envoyé jeudi 03 juin 2004 - 16h44:   

Oui, c'est tout à fait dénudé, épuré.

Il me semble que c'est une écriture qui part dans une bonne voie.

karl
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aar
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 07h36:   

salut Teri
Puisque tu te déclares en herbe et que tu veux savoir quelle herbe dans quel pré,
je te dis mon avis:
écris plus personnel,
imite Char (ou autre fabriquant de poésie artificielle) un peu moins
pense au contenu d'abord
ne frottes pas trop le contenant (le cuivre peut briller, mais la poésie supporte mal)
soit toi d'abord
un poème ne doit pas être une herbe morte dans un herbier
mais un pré où courent les lapins, les poules et les rêves

bien à toi.

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Leezie
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 08h56:   

Ah bonjour Teri, je suis contente de te lire, et que tu ajoutes une région d'Europe à notre carrefour (enfin si je ne me trompe pas de personne)

je lis tes textes, ma première impression c'est que c'est étrange et original, ça cogne un peu, et c'est luisant et résonnant


j'aime beaucoup


Bienvenue


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Leezie
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 08h58:   

je ne sais pas si tu as mis ton âge comme élément pertinent pour le "poète en herbe", mais je ne trouve pas que ça le soit : si on se souvient que Sarah Godfroid a dix neuf ans, et Maxime catellier vingt et un, eh bien disons que ça remet les pendules à l'heure


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Danja
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 10h45:   

"Un poème ne doit pas être une herbe morte dans un herbier
mais un pré où courent les lapins, les poules et les rêves"


bien jolie vue...Merci pour le tableau champêtre !



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Leezie
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 11h26:   

"Dans ce couvert
Où décline

La ronce entremêlée
Des constellations"

je trouve que ça ressemble un peu à du Jacques Dupin, j'aime bien



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Hélène
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 14h30:   

Aaron moi je n'ai vraiment pas pensé à René Char ici!!
ce n'est pas aussi philosphique , et il suffit de voir que chaque mot est important et de lire doucement
c'est une démarche différente, qui laisse le lecteur continuer à penser en poésie après chaque mini texte.

si je croque une excellente tablette de chocolat c'est plus vite que si je déguste doucement un chocolat plus rare et pourtant j'aime les deux.
je trouve surtout qu'il est bon qu'il y ait plusieurs styles d'écriture.
tu sais très bien que j'aime te lire et depuis longtemps. comme j'aime la poésie de PL ( moins ses dissertations (paresseuse la fourmi )
celle de Leezie qui justement parait simple comme ça à première vue mais que je peux relire souvent car j'y trouve chaque fois du nouveau comme en musique.
celle de Jp qui est folle
et à la quelle uj'ai souvent envie de répondre par un autre texte .

tout cela selon mon humeur . je trouve que Teri apporte un style qu'on n'a pas vu souvent sur francopolis. j'ai un ami qui écrit comme ça. Michel Dunand.

tiens de rené Char ce que j'aime c'est " commune présence " ne me dis pas que ce re cueil là est hermétique
et que dire de Mallarmé alors! j'avoue que je ne lis pas longtemps.

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so-so
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 15h37:   

et lycée de versailles.....





A son éveil
Dans ce couvert

Peiné

La timide aube
Des lunes
Troublées d’âpre


*


Qu’incise

La ronce entremêlée
Du sombre


*


Dans ce gisant
De perles

Où décline
La pâleur effleurée



*


Haut tremble
Des constellations

En cet immensément
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Teri
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 15h44:   

Et bien merci à vous tous pour ces commentaires, ces conseils (on est fichtrement bien accueilli par ici).

Hélène : je n'ai pas mentionné Guillevic, c'est vrai, mais il fait bel et bien partie des auteurs qui comptent pour moi. En ce qui concerne mon écriture, mon souci actuel est de trouver une "voix", indépendemment du contenu, du signifié (que je ne néglige pas totalement, cela dit).

Aar : Tu as mis le doigt sur la chose qui fâche, ma plus grande difficulté : rendre mon écriture plus personnelle. Il y a eu des tentatives en ce sens (et il y en aura d'autres), mais le résultat ne fut jamais bien fameux...

Leezie : Si la région dont tu parles est le Portugal, alors c'est certainement moi (mais qui es-tu ?). Et merci pour la "comparaison" avec Jacques Dupin, ca me touche.


Une petite chose pour terminer, "Etait nuit" est UN poème à l'origine, les astérisques ne sont là que pour inciter à la halte et donner de l'air au texte... c'est peut-être le seul élément "personnel" de ce poème, et j'utilise beaucoup ce procédé (à tort ou à raison)

A bientôt
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Teri
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 15h52:   

Merci so-so pour le "cut-up", j'apprécie. J'ai eu ma période cut-up, fold-in, et j'en use encore aujourd'hui, comme une sorte de récréation...
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so-so
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 16h30:   

de rien pour le jeu de glissades...

à mes yeux, ces petites manipulations démontrent gentment que dans UN poème comme le tien, s'en cachent peut-être d'autres, à chahuter, à dénicher, à lire et à écrire...

sinon, plutôt d'ac avec aar... mais peut-être as- tu eu le "tort" de dévoiler tes "auteurs de prédilection"... tu aurais donné le seul nom de Baudelaire, ton texte y aurait peut-être "gagné" aux yeux de certains lecteurs...
;-)

sinon, juste une petite hypothèse de mon cru ...
est-ce que la "voix" que tu cherches ne passerait pas, avant tout, par les voies du silence (qui restent bien impénétrables, ma pauv'dame) ?

en quel cas, il suffit peut-être de laisser les astérisques seules parler pour toi...
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so-so
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 16h33:   

au fait, à propos de ton interrogation au sujet de Leezie, saches que tu es sur le forum de

"franco-police", l'interpol poétique !



(private joke)
:-)
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Leezie
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 17h53:   

il me semble pourtant bien qu'il y a quelque chose de très personnel dans ton écriture, même si j'ai évoqué Jacques Dupin (mon idole :-) ), ce qui était une manière de dire que j'aimais bien d'ailleurs au fait

je ne sais pas encore bien le définir, peut-être une manière de faire se télescoper les mots?

sais pas

intéressant aussi ta remarque sur les signes (astérisques)
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jEAN-MARC
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 20h42:   

J'apprécie cette poésie, et je ne vois guère de similitude avec celle de René Char...Il me semble que tout poète a ses influences plus ou moins surmontées plus ou moins conscientes...et qu'une poésie en apparence plus personnelle, plus chargée d'affect et de vécu n'est pas pour autant plus singulière davantage l'affirmation d'une personnalité...Terri se voile peut-être derrière les mots mais paradoxalement cela dévoile quelque chose sur sa personnalité, une certaine tournure d'esprit et de caractère...

je ne conçois pas de poésie sans artifices ; ils sont seulement plus ou mois visibles, plus ou moins subtiles, et ne présument en rien de l'authenticité du message,de la source...

Une poésie sans artifice ne serait-elle pas une poésie sans moyen et sans force ? Par contre je ne goûte guère les amusements formalistes qui me semblent prendre les moyens pour la fin...

Il y a une délicatesse dans les mots de Teri à laquelle je suis sensible et que je ne trouve en rien précieuse...
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Jean-marc
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 20h58:   

détail ;: il me semble que les astérisques rompent l'unité du poème et que les blancs et le découpage suffisaient à la respiration, mais c'est un avis personnel, éminemment subjectif...

pour rebondir sur une remarque d'Helène, on peut peut aimer plusieurs sortes d'écriture : René Char et Prévert, Desnos ou Mallarmé...et heureusement !

J'aime bien ce que tu écris Aar, mais cela ne m'empèche pas d'aimer tout autre chose, y compris les "artifices de Char", dont j'apprécie énormément les premiers recueils, une fascination quasi hypnotique :
" Toi nuage passe devant
nuage de résistance
nuage des cavernes
entraineur d'hypnose "

bonne soirée



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Christiane
Envoyé samedi 05 juin 2004 - 04h24:   

je ne conçois pas de poésie sans artifices ; ils sont seulement plus ou mois visibles, plus ou moins subtiles, et ne présument en rien de l'authenticité du message,de la source...

"Une poésie sans artifice ne serait-elle pas une poésie sans moyen et sans force ?

J'endosse

et j'aime tant René Char, sauf les derniers recueils

Autres beaux feux d'artifices de Char:

"Beauté, je me porte à ta rencontre dans la solitude du froid.
Ta lampe est rose, le vent brille.
Le seuil du soir se creuse "

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LN
Envoyé samedi 05 juin 2004 - 08h51:   

Quand on sait que René Char était un ami de Georges L. Godeau , si simple, si proche de la vraie vie , on ne peut le taxer de préciosité .
Il faut seulement le lire plus lentement.

et je m'aperçois que cet extrait que tu nous offres, Christiane exprime tout à fait ça
se porter à la rencontre de la beauté, de la poésie, entrer dans le regard du poète même s'il faut pour cela forcer une porte en nous.
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aar
Envoyé samedi 05 juin 2004 - 10h03:   

tiens, la conversation a déraillé sur Char !!! On t'oublies un peu, Teri.
Mais ce que je ne comprends pas, c'est cet acharnemant appliqué que vous mettez en épreuve (avec citations à l'appui) que Char est un grand poète ? Comme si vous aviez des doutes. Comme si cela n'était pas une évidence !
Et comme si j'avais dit le contraire.
J'admire Char. Le grand. L’Immense. Ses oeuvres complètes (La Pléïade) font partie de mes livres de chevet (il faut avouer que le plus souvent comme narcotique).

Char a ce rare talent d’appeler la lumière autour de lui, un rocher, une plante, une peau de femme, et savoir la mettre en écriture. Il vit en haut des arbres. Il écrit avec une queue de lézard.

Mais dans Char, il y a un autre côté qui me gène. Son côté initiatique, élitiste. Perso, je ne fais pas partie de la secte.

Mais la poésie, heureusement, reste en dehors de tout. Même des mots. même de Char. Il arrive qu’elle nous fasse rire de nous-même.

***Il fallait prendre rendez-vous plusieurs années à l’avance, pour avoir le droit de rencontrer Char chez lui aux Sorgues. Ensuite, si on était « appelé » il fallait l'appeler "Maître". (comme Dali, Picasso etc....) Comme Godeau dit lui-même. » J'allais voir Char comme on va voir Dieu ».
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Leezie
Envoyé samedi 05 juin 2004 - 10h22:   

à part celui d'Hélène et tes remarques à toi, tous les messages parlent de la poésie de Teri et non de celle de Char


à propos c'est l'Isle sur Sorgue, sa ville...une belle ville

et puis "Comme Godeau dit lui-même, J'allais voir Char comme on va voir Dieu »." ça ne prouve absolument pas que Char lui-même jouait ce jeu là

j'ai pu aller voir Scott Ross comme on allait voir un maître vrai, dans le sens réel du terme, c'est-à-dire quelqu'un qui cherche constamment, et se dédie à faire avancer les autres, et travaille de manière acharnée, et surtout ne fait pas constamment le beau au milieu d'une petite cour personnelle (il faut dire qu'il avait autre chose à faire, lutter contre la mort de manière à avoir le temps d'enregistrer l'intégrale Bach)

donc peut-être que Char était comme tu le décris, mais ta phrase ne le prouve absolument pas

si on revenait à la "sorgue" (source), c'est-à-dire à la poésie de Teri, qui est le sujet du fil?



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Hélène
Envoyé samedi 05 juin 2004 - 10h25:   

tu as raison nous nous sommes égarés.
je reviens à la poésie de Teri parce que j'ai aussi pensé à Thierry Metz qui disait
"“Qui nous parlera de l’inachevé où nous sommes toujours ?”

et ce poème il me semble a une forme très proche de la façon d'écrire de Teri:

la trace voulue
de dire
ou parler
parmi l'indicible escorte

d'un mot absent
( entre l'eau et la feuille )

so-so a raison dans cette phrase :

dans UN poème comme le tien, s'en cachent peut-être d'autres, à chahuter, à dénicher, à lire et à écrire...






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Teri
Envoyé dimanche 06 juin 2004 - 23h12:   

"dans UN poème comme le tien, s'en cachent peut-être d'autres, à chahuter, à dénicher, à lire et à écrire..."

En effet j'essaie le plus possible d'écrire des "évocations". C'est ainsi que je conçois l'inachevé dont parle Thierry Metz, une évasive précision du poème lui permettant de "survivre" au point final (ici l'astérisque finale), et permettant au lecteur d'en trouver "sa" conclusion (par des moyens divers, dont bien évidemment la recherche d'autres poèmes à l'intérieur même du poème)

Parler de l'inachevé est, à mon sens, évoquer un possible achèvement qui se situe au-delà des frontières du poème, et réussir à y entraîner le lecteur...

Pour en revenir aux astérisques, c'est en quelque sorte une accentuation du silence, un "blanc pointé"



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