   
eric dubois
| Envoyé lundi 14 juin 2004 - 16h43: | |
L’AME DU PEINTRE POESIE ERIC DUBOIS © ERIC DUBOIS LOI 11 MARS 1957 TERRA INCOGNITA dans le cirque circonscrit des souvenirs chuinte l'effraie des bois qui effraie l'enfant endormi recroquevillé sous des nappes de drap dans le périmètre des lieux de mémoire il y a toujours cette voix d'origine inconnue terra incognita une voix chaude et lointaine maternelle et conciliante entre le raisin et la menthe une voix double triple profonde et robuste celle de la vie peut-être? nul ne sait d'où elle est vient elle appartient aux hommes et au chemin du temps la petite voix de l'in/fini? nul ne sait ni les grands cénacles ni les grands pontifes ni les grands oracles SOIF soif d'être impasse d'être quel sujet je me penche sur la question soif de dire dire exactement précisément dire la soif inextinguible c'est toujours au bord de à l'extrême de la souffrance la soif est une ETOILE une LARME la soif est mauvaise conseillère GEO des racines prises dans l'entrelacs du sommeil géo d'où la source bleue jaillit terre matricielle celles et ceux qui te parcourent ont le feu au visage pleins de cérémonies secrètes chargés du lourd poids du temps ils font sonner leurs pas autochtones sur des monts voluptueux NIGHT Voici que se propage le suc de nos pages La cape obscure qui fait tournoyer les étoiles Un peu perdu un peu seul un peu chien je me sens La nuit ancre à marée basse Comme des filaments dans le ciel blessé des visages Dont la tension s’amoncelle de rides et de rivières Voici que des ETOILES MORTES tombent détresse de l’aube Dans les plis du temps dans le ressac et le sac des anges Des étoiles jadis cendres de cendres qui s’étalent dans l’abyssal Au centre du rire tu m’as pris pour cible un moment d’indifférence Et je suis la proie désignée j’ai une idée de l’amour L’amour est la voie la voie de toutes les victoires Mais l’amour est blême j’ai mis mon blâme je n’ai plus rien L’amour s’entend l’amour est licite avec un goût de défaite Tu as la mine défaite j’ai le cœur transparent vers le jamais dites toujours Les femmes chapelles & les hommes fantômes s’éloignent L’amour est comme tous les hommes l’arôme des nuits le fruit des jours Sainte nuit sacrée opiacée profane les amants se mélangent avec le jour Et le soleil plus tard un drapeau planté dans le cœur du monde Et l’eau qui chante dans les bassins luira LA REINE SERPENT Où est la Reine Serpent ? Dans le bruit incessant Des abeilles ? Dans les hurlements Des singes nus ? Elle dort au pied D’un caillou Rose Où vit la Reine Serpent ? Dans la Maison Haute ? A hauteur des cimes Et des oiseaux rares ? Elle dort au pied D’un caillou Rose Où siffle son venin Corrupteur ? Entre les laïus et les sobriquets ? Sur la peau des zèbres ? Elle dort au pied D’un caillou Rose Où meurt la Reine Serpent ? Au pied D’un caillou Rose LIT DE SABLE/LIT D’ETOILE Elle songe morose rose A ses détours A ses amours Si loin Sur un lit de sable Lit d’étoile Entre les loukoums et la fenêtre dans l’ombre Sucrée Bientôt le sable Recouvrira les visages Et le vent chassera les restes Comme la peste la sieste ultime la nuit intime CHEMIN en amont du siècle par où passent les loups je creuserai mon chemin en balisant de blancs les mots qui mènent à la défaite je louerai l'eau et le sable je soulèverai le soleil jusqu'à plus soif et bénirai le cyprès et l'ortie en aval j'ouvrirai la perspective et lorsque la nuit viendra j'allumerai un feu pour mes amis AMER ORAGE j'entends un brouillon une note un grondement dans le réseau de veines et de nerfs à même la peau tendue flux tendu comme un ressentiment toi moi et les mots prisonniers de nos gorges tentent de se libérer de la prison intime de la prison dorée derrière l'obstacle de la langue la Langue qui unit et divise les peuples amer orage d'aimer encore électricité du souffle il vente des contraires nous nous éloignons de par cet orage amer comment peut-on s'aimer ainsi amers ? ASSOMPTION Marie bien au-dessus du Monde apostrophe les anges le reliquat d'ordre sera pulvérisé par les projectiles de l'amour cette nuit je serai au coeur de l'objet Marie toujours jeune et aimante le devenir de l'homme c'est au bord du temps cette nuit je serai la grâce et le poumon du ciel Marie sans cesse naissante sans cesse morte fais tinter l'horloge du Seigneur que l'ombre disparaisse AUTOMNE SECRET Tu m’avais dit Je serai de retour A l’aube Tu devais me délivrer De mes soucis Et donner du sang Aux arbres C’est l’automne A présent le soleil ondoie Et la rue s’anime d’unijambistes Et de survivants Les commerçants vendent Et les enfants réclament Je t’attends L’automne Garde ses secrets ENIGME Certains soirs Quand l’église s’enfonce Dans les ténèbres le hameau semble perdu et les commerçants mettent le rideau de fer on dit alors que c’est par ennui l’idiot dit que les habitants perdent leur âme DANS LA SAISON BLANCHE En secret Sur la colline Nos lèvres à même la chair Du fruit Dans la saison blanche Se fermeront à jamais Comme un tombeau L’homme qui passera Par là Verra un arbre en poussière Et des pas frais de chasseur Ce sera la fin de l’été PETITE MORT je ne saurais pas ne saurais pas escroc de trop d'être peut-être je vis à l'unisson de la morsure des êtres et de la petitesse des esprits si bas si bas je m'accroche le sol se répand le sol une étendue d'âme blanche c'est cela la petite mort la petite mort de soi je ne conçois pas plus d'espace d'espace à mon être tout mon être se divise je vais arroser la terre de mes viscères tout mon trop plein mon trop plein d'être petite mort petite aubaine le sol se répand le sol... EPITAPHE A mes amours A mes voyages en charpie A mon irrésistible ascension Dans le sensible le peu commun A la chair rose A la morsure du temps Aux câlins des femmes A la Vierge Marie à la Visitation Aux allées fleuries des cimetières A la douleur d’être né A la douceur d’être en vie Dans le chaos cahotant A ma tendre mère à son indulgence Et sa munificence A mes ratages Aux monuments de mon lyrisme L’ego égale le jeu de go A André Breton pour m’avoir su donner L’Amour Fou Des mots A mes frères et sœurs de génie Compagnons d’armes désarmés Devant la vie Le plus souvent A ma famille de cœur A mon père A mes aïeux A mes ennemis aussi Ici dort Le soliste des mots L’improvisateur des mots L’allumeur de mots SOLEIL ZONE sur quel pied danser avec la force du vent tournoie le soleil zone matrice de désir pur obscur objet le mot à mot est inaliénable zone des blocs des aires couper la route au bout de la voix la femme c'est l'automne L’AME DU PEINTRE A mon père Bleu Y mettre un Peu De blanc Jaune Presser le fruit Y mettre son âme Vert Là vivent nos Racines Orange Mettre un peu D’été Andalou Rouge Toute la palette Exsangue De vie Noir Comme la Profondeur Du Temps BEANCE Un moment tu oublies le monde semble à ta portée et tout autour de toi ça s’agite Pourparlers locaux et remises de jeu la mouche va se noyer dans ton verre un moment tu oublies pour la forme tu te mets à écrire oh n’importe quoi tu fais la bise à l’une et l’accolade à l’un qu’est-ce que tu écris au juste ? tu dis que tu compiles des notes un moment tu oublies on t’offre un verre tu dis merci c’est une soirée agréable des notes des annotations sur ton passé on t’apporte la note un moment tu oublies voilà près de six heures que tu es assis L’heure tourne tu mets ton pardessus il fait froid dehors il est tard t’as passé un bon moment à oublier ASCESE Là immensément Vide J’atteins l’indicible Quelques passants Passent ! De même que l’altérité Est un moyen de communiquer Le contact d’un Tissu spongieux sous la pluie Commande le dégoût … émettre des hypothèses l’habitude de se poser là ( fuir peut-être le peut-être ) que la banlieue poreuse sourd des angoisses domestiques une âme + une âme s’abouchent à une réalité bien plus omniprésente derniers mots consentis à une œuvre en devenir gain d’espace ou/et permis de composer ? RYTHMES Je par le balancier intime Et le truchement du steamer Construis le bonheur A plein seau de sable Des rythmes organiques Mais la nuit la nuit s’éternise Sur le port et la côte s’irise De mélancolie mêlée d’ancolie Et de colère mystique Et Je chante à tue-tête le jour Mes molles épouses sur le sofa S’abîment et les rythmes s’organisent Comme des nécropoles profanes Et le chien de la maison surgit Depuis les ifs et les marais C’est le moment où le néant contemple le Néant Et où Dieu porte des porte-jarretelles ART POETIQUE J’écris à côté de la marge la majuscule qui commence le récit sur un cahier d’écolier et les phrases avancent longs convois d’émotion et tunnels de syntaxe J’écris dois-je y mettre de la ponctuation ? je mobilise des mots chargés de combustible je veux dire des mots pleins qui font sens J’écris prose pour tordre le cou aux vers aux rimes à la tradition avec des blancs je veux dire des mots comme des signaux noirs dans la lueur de la page J’écris et tout l’art est dans l’économie et les silences évoquer le passé par un lyrisme muet modeste farouche j’écris de valse-hésitation à mobile parade Mon art poétique est une danse L’UNITE SEULE Surprendre A hauteur de vue L’origine du temps Quelque chose Pourquoi laisser les Rêves De la véranda on distingue Les rumeurs de la Nuit Fendre le bois sur le billot Et la paume ouverte Toujours l’unité seule En commun les avatars Si Le lyrisme de l’outil frappe Le cœur de l’ouvrier Quelque chose Ou quelqu’un Tes pensées seront les miennes Appartenir C’est ainsi que L’on remue ciel et encre Dans le fond du puits ILE FANAC Que d’années fossiles Que d’eau sinueuse en guinguettes Escarpées En bandoulière la guitare Espagnole Et ses fausses notes Voilà vingt ans Que la Marne coule verte Dans mes sangs Et que l’île plante sa pointe D’herbe jaune Dans mon dos Que de jours sédiments Font mentir le vieil adage Respire ! L’eau apporte ses mots Ses paraphes Et compose CHANT SEMANTIQUE Des mots Qui saignent Au coin de Ta bouche Je cherche sur ton Visage Quelques traces De notre amour Ce que laissent les mots Sur les yeux sur la peau Une nouvelle métaphore Le souffle de mon inspiration & ton aspiration à + de poésie les phrases qui frémissent l’épicentre de la langue à la portée du sens les départs précipités les voyages et les portes condamnées notre amour sans vocabulaire LE BERCEAU Enfant je côtoyais une fée merveilleuse mon père avait peint une fresque à côté de mon lit une fresque murale une fée merveilleuse et je prêtais mon flanc à ses caresses dans mon berceau de larmes enfantines et de joies pétillantes Je rêvais de la rejoindre il y avait un mur entre nous mon père avait peint une fresque peut-être était-ce en rapport à mon prénom j’entendais sa voix parfois De moi seul oui de moi seul et je prêtais mon flanc à ses caresses Ne me demandez pas l’impossible la faire vivre à nouveau devant vous il y avait ce mur entre nous les bruits de la circulation l’eau de la pluie l’eau des égouts l’eau du Canal je côtoyais une fée merveilleuse je ne me souviens plus de la chaleur de ses baisers mais je sais que je prêtais mon flanc à ses caresses UNE NUIT DE SENS à perte de nu vers l'infini définir cet insaisissable devenir monte à cru une nuit de sens pour quel tourment s'assemble au coin du temps je navigue à vue mon amour s'isole dans la note sourde la nuit à blanc EAU VIVE se souvenir à l'imparfait l'eau qui serpente oriflamme de nacre dans l'épaisseur vive s'ébat dans les marnes et les dépôts un peu de bru/me de brui/ne couleur de lait nourrice aux seins solides et bolides caresse les joncs coule dans la gorge l'orge et le jour s'éteint réceptacle de la mémoire parchemin jamais ne meurt le goût de la promenade DU FEU on aime parfois allumer dans la nuit des feux protecteurs des pénates et des sentiers intimes et laisser dériver ses pensées premières le long des voies sans balise on aime creuser dans son lit les plumes et le coton de quelques blessures passées et dormir dans le plaisir du plaisir on aime vivre dans le vivier de quelques amis et les écouter nous écouter des voix nues on aime tout cela et plus encore et mieux on aime particulièrement toucher l'âme MISE EN ABYME Tu construis Par la porte ouverte paupière sainte Une mise en Abyme avec des soupirs de lymphe Dans la chevelure des blés Poèmes de sang poèmes de nuit Et l’appel à l’oubli se consomme à l’aveugle Que ton aspiration à plus s’érige en sommet Tu es parole Et ta bouche obole C’est de la pluie pour tes semailles NAISSANCE A Emma Ce qui donne Du sens Vient le jour Où De l’abîme Chante Un enfant naît Au jour Et la vie Est une offrande Cueille le fruit Du temps Un enfant Comme une Transfiguration Et le cœur des ténèbres Est rempli de roses Un enfant naît Au jour ICI ici s'écrivent au bord de la nuit d'une délicate attention dans la tension du temps des moeurs ici se déclinent des noms retrouvés des figures atteintes des figures et tout est dit A L’ORIGINE à l’origine la source qui pousse vers le haut son sang à l’origine de notre amour dans la terre meuble la veine principale principe du Tout qui ne tarit avant que d’inonder nos mains et noyer nos reflets creuse son lit dans la lie et les lys avant que de remplir l’écuelle et assouvir le chien n’est qu’un friselis des lèvres des bouches un murmure dans l’étoupe de la forêt BALISES l'esprit se mesure au pas du promeneur qui avance fait défiler ses pensées et le chemin est une dialectique un coeur qui trace des passages le long des voies intimes A L’ASSAUT Je partirai le matin Quand l’eau du puits Aura sombré Dès les premières Lunes A l’heure où l’amour Est gisant Je partirai L’arme au poing Et à la bouche Quelques paradoxes Après avoir retiré le drap Et réchauffé ton amertume Dans quelque tasse improbable Ecouté tes blessures Qui crient comme des portes Amidonnées Plongé dans ton corps A l’assaut Dans l’ultime saut Et rayé de ma liste Les mots biffés Et les paraphes Oubliés Je te laisse au commencement du jour et abandonne mes pauvres bagages entre tes bras limpides EPSILON C’est loin C’est loin Du ventre sphérique Bat ce souffle Souffle qui souffle qui sourd des oripeaux de la peau Lèvres humides lèvres humides de la lèpre animale Un cri dans la forêt un mugissement des lèvres humides Des lèvres sèches qui balisent le silence par leurs voyelles rondes Un cri un cri dans la nuit qui s’épaissit des pis de la femelle perdue Souffle qui souffle qui sourd des oripeaux de la peau Lèvres humides lèvres humides de la lèpre animale Des bruissements une présence des présences Le silence DEPUIS QUAND depuis quand l'obscur verse-t-il dans l'oubli ? et que le chemin traverse l'ortie et la seiche ? depuis sans cesse murmurante et dérivante la source augure de la nuit POIESIS poiesis construction du temps accords passés mots classés verbe fracturé sang sanglé dans la chair chair ô ma chère poiesis le mot tend à l'objet POETE AUJOURD’HUI poète Demain juste quelques mots : à peine la nuit couvre le jour qu’ il est l'heure d'appréhender le monde je m'explique, seul, contre l'objet qui vous oppose une fin de non-recevoir la poétique du mot circonscrit le spectacle du vide © ERIC DUBOIS 2003-2004 retour sur http://barbatux.free.fr
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