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so-so
| Envoyé samedi 19 juin 2004 - 23h28: | |
il prendra cette putain de mer à coups d’éperon dans les reins à coups de reins dans les éclairs en prenant l’oubli par devant toutes voiles lissées coque pleine d’étoiles il vengera toutes les terres et comblera les abysses il couchera la lune dans sa carcasse saline il cassera l’échine qui écarte ses côtes il maudira ses crêtes il bouchera ses rives il arrachera les roches qui portent le flots des larmes il brandira les armes qui encochent et assèchent il gonflera l’éponge d’épaves et de sable il nettoiera le monde des absences profondes * il est l’île attachée à cette putain de mer ce désert arraché aux entrailles asséchées il est l’île apatride la contrée de l’oubli qui écoule son destin et réprime sa vie plaie de sable sur l’onde peau de terre en enfer il est l’île d’un monde englouti par la mer il est l’île en exil qui divise et renfloue il est l’île en dérive où s’enlisent les flots il est l’île insolite presqu’île à tire d’ailes péninsule nouvelle continent qui s’élève * de cette putain de mer il est plage poisseuse de ses moissons de germes de sa semence échouée cicatrice sabrée par ses lames de fond un dépôt d’origines l’illusoire érosion il est plage plissée long chiffon de silice il étanche l‘haleine de l’onde qui moutonne il est l’ombre trop blonde des abîmes cendrées l’hémicycle lunaire d’un théâtre morbide fantôme littoral dépoli au cordeau il est plage limpide qui c(r)ache une mer morte * il se fera falaise crépitant de silex horizon escarpé sur cette putain de mer il se fera falaise propageant sa poussière dans ce jardin de sel ce verger qui ruisselle il se fera falaise sur ce faux infini excroissance de lune sur cette nuit de nacre
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