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yves Heurté
| Envoyé jeudi 24 juin 2004 - 16h08: | |
Le colleur d'affiches Le nez collé sur sa cigarette froide Et ses mots roulés sous son bras, De mur en mur traînant sa toux, ses morves du passé Mêlées aux morgues du présent il se dit: "Ils m'ont fait çà !" Quand, où , comment, on ne sait pas, mais ce sont eux! D'ailleurs il les a vus Dans le petit matin des bars. Ce sont eux, et c'est dit en gros sur ses affiches Dont il bâillonne les mots des autres. (presque les mêmes mais il ne les lit pas) Il regarde le port Ses grues et sa nouvelle digue Qui tangue entre les mats. Son père collait là mais c'était pour les rouges En ce temps là. Lui colle pour le Front Les rouges, il n'y croit pas. Où est passé le petit peuple du bonheur Dont lui parlait son vieux? "T'en fais pas! disait-il, un matin tu vas te réveiller Dans les draps de la justice et d'une femme. Plus de voyous, plus de misère. Résultat? Toutes ces rues qui ne mènent à rien. Tous ces matins qui ne vont nulle part. Toutes ces nuits pleines de nègres et d'arabes Qui sortent des boites et rigolent En grillant ton argent. Et sur la mer, ces bateaux blancs… Et toi seul qui marches et qui colles Gratos pour le Front et qui traînes Tes seaux et tes pinceaux En regardant passer ces trains qui vont aux capitales Et se foutent de toi d'un long coup de sifflet. Et voilà qu'au tournant, il repère Une ombre qui s'en va, décollant Tout ce qu'il a collé. Tu fais ton coup dans l'ombre, Mohamed, Mais on t'a vu! On va t'allumer par derrière, plonger ta gueule dans la colle! Tiens, ça respire plus? Ça laisse tomber les bras? Merde, c’est un blanc, et même Un gars connu dans le quartier. Ils m'ont fait faire ça.
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Philipppe
| Envoyé jeudi 24 juin 2004 - 17h06: | |
Yves bonjour. Ton texte est vivant et m'est pas indifférent, mais il m'apparait malgré la forme que tu lui a donné (paragrapheS de 4 à 6 vers) plus comme une petite histoire narrative qu'a proprement dit une poésie. Ce n'est pas un reproche, juste une constat. Depuis un certain temps j'essaie de redéfinir la poésie. Cela m'occupe l'esprit : c'est comme ça. Peut-être parce que je pense être un poète à tort ou à raison ? J'essaie de la redéfinir en fonction des impressions que je ressens sans me soucier de l'avis des spécialistes en général des universitaires et puis comme je ne suis pas un universitaire, mais un éternel étudiant, ça tombe bien. Ceci dit la poésie raconte peut-être des petites histoires ? Enfin, c'est juste l'impression que j'ai ressentie et je ne suis sûr de rien. Mais peut-être la considères-tu comme cela ? Je voulais te dire également que cette petite histoire sur le thème du racisme avec "le front" en sous entendu m'a été agréable à lire. Et puis comme tu es un auteur confirmé et reconnu contrairement à moi, je suppose que tu comprends ce que je t'écris et que tu le prendras pas mal. Philippe, merci de cette lecture. PS: Je suis abonné à Poésie première, vagabondage et à la page blanche, que je trouve toutes les trois très bonnes, même si différentes, il y a certainement d'autres revues interéssante mais comme il y plus d'une centaine de revue de poésie, je crois savoir, j'en reste là, avec ce qu'il est possible aussi de lire sur le net. Pourquoi les auteurs reconnus et confirmés ne fréquentents-ils pas plus le net ? Est-ce pour une question de droits d'auteurs ou cela leur est-il interdit ? Je trouve cela dommage. Ou pensent-ils ? Peut-être qu'il n'y a rien à découvrir pour eux sur ce support ? Que tout de la poésie sur le net n'a aucun intérêt ? Questions sans réponses, hélas. |
Yves
| Envoyé jeudi 24 juin 2004 - 19h05: | |
u poses beaucoup, beaucoup de questions. A la première : cette histoire est elle de la poésie je ne sais que répondre. A dire vrai, je ne pense pas qu'une poésie soit un genre ou une forme mais un état d'esprit qui va donner des mots ou ne pas en donner. J'ai longtemps vécu dans un monde rural où la poésie était une façon de parler et ceux qui en faisaient m'auraient ri au nez si je leur avais dit : mais c'est très poétique...J'ai écrit des romans dont certains sont de fond poétique, d'autres non. Mon théâtre est souvent poétique, et je dirais même tout le théâtre l'est par nature. Au fond cela n'a guère d'importance. Quand à être un auteur confirmé, j'en souris. Il faut alors que je me confirme tous les matins. Disons que j'ai la chance d'être beaucoup publié. C'est vrai que les auteurs publiés ne fréquentent pas le Net. Ils ne savent même pas ce que c'est. Je considère que c'est un lieu de résistance contre la censure éditoriale de la spéculation, de plus en plus pesante et cachée. Et puis quand j'ai commencé à écrire et maintenant également j'ai et je suis beaucoup aidé par le regard extérieur indispensable. Dans les sites il y a de tout. Du très médiocre et de l'excellent. Il m'est arrivé de recevoir des textes de débutants en pleine gueule et...d'en être jaloux ! Les revues que tu lis sont parmi les meilleures. Bon courage. |
Philippe
| Envoyé jeudi 24 juin 2004 - 19h25: | |
Merci de ta réponse. Philippe. |
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