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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.05.2004 au 31.08.2004 » Nous sommes ce qui ne rêve « précédent Suivant »

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flo
Envoyé dimanche 18 juillet 2004 - 22h42:   

Nous sommes ce qui ne rêve



Un instant
nous sommes ce qui ne rêve
entre les agaceries du monde
et le socle narquois de l’éternité
soudain seul les fesses en biais
sur cette marche
et partout la poussière grillée de pluie
gobée aux eaux sauvages et lourdes
enfantement rageur d’été
la poussière cette senteur qui prend le nez de notre enfance
et le ranime de ses après midis joués cassés de gouttes
l’odeur si intime de l’été dénudé
et tout l’effort des poussières tiédies
éventées et qui crient
souverainement
empire du seul sens traversier sous l’averse


Ce rêve absent comme
un saisissement moite
un rapatriement à l’urgence d’une aubade
du geste d'un humain qui s’ébauche comme pour nous
et finira dans notre seul regard
à l’écorce d’un jour son feu séchés sous l’eau
l’odeur universelle de l’attente à l’orée de la pluie
la fraternelle pluie passante
on peut y aller maintenant il ne pleut presque plus
il fait toujours doux c’est étrange
malgré ce ciel ronde bosse malgré
que


C’est juste que la pluie mouille
et que les cheveux rechignent, pardon
à cet aplatissement sans panache
à cette traversée pressée
dans l’ignorance de la touffeur
à peine fraîchie aumône de drache
concession coupable à l’orage éludé
pour l’appel d’un vif oeil à cet appas de soleil
carré dans le coin droit du tableau noir
ces pavés sous ce déchirement céleste des lumières
pulsant la chaleur du jour
malgré cette pluie qui s’acharne à fourrager ce feu muet des pierres
jusqu’à leurs racines exhalée de nervures
de cédilles de roches de failles infimes
des traces de vieille lentes et de landaus dévalées
toutes ces ombres vitales
emprisonnées dans les poussières grillées


Combien de fois grillées pour chasser de nous le rêve
car dans une vie entière
combien de fois saisis d’une simple pluie
un seul instant
ravis hors de nos rêves ramenés à ça
la pluie,
la goutte rouillant l’engrenage de nos vides intérieurs.
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Arno
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 23h06:   

Que ta pluie ravive de ses poussières grillées le rêve appelé de tes voeux!
Poétique recherche de nos ersatz de rêves! Très beau, Arno.
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flo
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 15h58:   

merci beaucoup arno de ta lecture :-) heureuse que ça te plaise!!

Oui, j'ai vu dans cette odeur de pluie grillée une réminiscence mère d'une prise de conscience. un moment d'éveil nécessaire en quelque sorte.

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