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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.05.2004 au 31.08.2004 » J'ouvrirai, tu ouvriras « précédent Suivant »

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Ounas-Ouvas
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 04h03:   

J'ouvrirai la portière d'une voiture floue. Vous me ferez croire, liane chérie entre toutes les lianes de la grande forêt, que le monde a bougé et nous pas ou le contraire, en tout cas, pas lui et nous en même temps. C'est un jeu, entre vous et moi, depuis bien avant les Khans, depuis bien avant Pharaon. Mais il est beaucoup plus drôle à vos yeux depuis qu'il existe des voitures. Elles semblent vous amusent tant. Vous soutenez que certaines d'entre elles sourient.

Alors, pour vous faire plaisir et pour nourrir votre jeu, j'ouvrirai des valises dans d'autres valises, elles-mêmes contenues dans des valises plus grandes. Vous ouvrirez la dernière, et me passerez des steppes que je déplierai sur le siège arrière, des taïgas peuplées d'êtres denses aux grandes narines, qui sentent à des kilomètres, la présence du moindre animal, même invisible.

La voiture ne sera pas tout à fait arrêtée mais nous monterons quand même. Elle ouvrira ses portières comme des jambes adoucies par une envie d'amour.
Nous dirons ensemble, par jeu, "chauffeur conduisez nous à un endroit qui sonne juste quand on frappe son sol", capitale nécrosée, océan vertical à escalader, traces de dents gigantesques dans la chair du monde, baisers de baies et de criques. Peu importe. De toute façon, il n'existe pas de chauffeur.

S'ouvriront au dessus de nous des grands chiffons noirs tournoyant dans le ciel, des lignes de linges à demi-vivants que personne n'ose laver. Par simple peur d'un sang lisible.
Nous ouvrirons chacun l'un des bras d'un chaman qui présentera un enfant au soleil.
Il ouvrira les yeux et, en prenant de la vitesse, nous passerons sur un corps qui dormait au milieu de la chaussée et qui nous en remerciera en se retournant dans la route comme si elle était un drap.
Vos chevilles si délicates se feront lourdes, chère, vous frapperez le sol comme si vous souhaitiez qu'il prenne feu, à force. Je comprendrai que vous désirez marquer la terre d'un son particulier, d'une balise destinée à guider les autres nous, plus tard. Vous ouvrirez les failles en disposant vos pas aux endroits voulus.

Nous ouvrirons des dictionnaires, des cartes routières et des manuels de conversation pour trouver s'il faut lui dire au chaman "viens" ou "venez". C'est un point délicat. Il tient l'enfant, et lui seul peut répondre audiblement. Toutefois , l'enfant est au-dessus de lui et donne les gestes à traduire.

Des mélanges de plantes seront préparés, nous disposerons des constellations vertes sur le capot brûlant. La voiture sourira. Vos cheveux changeront de longueur, se tresseront en double hélice, votre taille diminuera et augmentera plusieurs fois. Je vous mettrai une fois de plus en garde, chère, contre ce phénomène dont vous raffolez, visible de très loin, y compris par de mauvais yeux.

Liane chérie d'entre les lianes de la grande forêt, vous hausserez les épaules en me rappelant qu'il y a bien longtemps que nous ouvrons l'appétit des ombres.
Et comme pour vous donner raison, le soleil s'ourlera de visages sur tout son tour.
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nouros - boros
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 10h15:   

A quoi peut-on dire qu'un style est reconnaissable entre tous? A certaines formulations qui manifestent à la fois une tonalité de vue sur le monde et à la fois une tournure d'esprit déformant, mettant sous la lentille convexe, concave ou d'autres prisme ce qui l'anime ( mouvement, vivant, temps).

c'est le cas de cet auteur, ou de son clône ;-)

Exemple:

"que le monde a bougé et nous pas ou le contraire, en tout cas, pas lui et nous en même temps"

Attention au mouvement, décalage et inversion entre le monde inanimé qui devient animé, et l'être vivant animé qui devient payasgae de ce monde.
Introduction tonale du doute, "ou le contraire", fondamental: n'affirmer que très rarement, laisser plâner l'ombre du fantastique qui ne détermine jamais si l'univers est réel ou rêvé.
Introduction d'un premeir décalage temporel "pas en même temps". ce qui me distingue du monde ce n'est pas le mouvement, mais l'alternance de nos temps, de nos danses.

"C'est un jeu, entre vous et moi"

Introduction d'un deuxième récurrant: la complicité par le rituel, par le jeu.
Dans ce cas l'enfance devient clé d'élucidation, particulièrement dans un rapport de séduction (qui n'est pas toujours sexuel) séduction ou "apprivoisement" à la manière du petit prince et de son renard.
Parfois le rituel devient clé du sens, ( ou du non sens, contre sens) qui révèle une gravité enfuie ( Sam Salamandre, Jardin d'enfants...).
On est ici dans un rituel plus chamanique que purement ludique, tout en gardant la fraîcheur et la légèreté du procédé.

"j'ouvrirai des valises dans d'autres valises, elles-mêmes contenues dans des valises plus grandes"

Le principe gigogne. L'idée d'infini, induite ici comme souvent, toujours sous une apparence de jeu, ou de numéro de clown tendre. Mais ce principe gigogne peut aussi s'appliquer à des êtres vivants, ou à des êtres vivants et inanimés alternativement.


"Vous soutenez que certaines d'entre elles sourient."


Les voitures sourient, on n'en est pas sûr (le doute induit une tendresse et une séduction), mais quand même. Les objets en mouvement sont très certainement animés aussi d'un souffle de vie. Autre principe fondateur: les objets s'antropomorphisent, mais pas dans une métaphore simple, dans une formulation qui souligne cette étrangeté et à la fois l'intègre comme élément d'un tableau surréaliste et pourtant porteur de sens.

"Vous ouvrirez la dernière, et me passerez des steppes que je déplierai sur le siège arrière, des taïgas peuplées d'êtres denses aux grandes narines, qui sentent à des kilomètres, la présence du moindre animal, même invisible.
"

Le vivant est partout: en fait le monde est un grand réservoir d'êtres vivants et l'auteur nous révèle que tout ce qui peut paraître inférieur en vivant à nous, nous dépasse bien au contraire, participe à une grande danse cosmogonique. Les êtres sont partout, qu'ils soient "denses" ou "invisibles" ou qu'ils courent partout sur la peau, ou dessous, comme des fourmis de lumières.

Autre procédé: concrétisation d'une vue de l'esprit, la prendre au pied de la lettre: on transporte nos paysages avec nos dans nos valises, comme dans nos têtes, on peut donc les déployer comme des carpettes.

"La voiture ne sera pas tout à fait arrêtée mais nous monterons quand même"

Autre récurrent : le paradoxe du mouvement.

"Nous dirons ensemble, par jeu, "chauffeur conduisez nous à un endroit qui sonne juste quand on frappe son sol", "Peu importe. De toute façon, il n'existe pas de chauffeur. "

De nouveau le jeu, mais un jeu qui a pour but de mettre en mouvement.
Autre récurrent : ce qui est là sans être là, le jeu est plus puissant que la réalité.


"des lignes de linges à demi-vivants que personne n'ose laver. Par simple peur d'un sang lisible.
"

Confirmation : même le linge est "à demi vivant", la preuve, si on le lave il saigne.
parmi mes préféré chez cet auteur, ces formulations qui induisent tout un drame vital et puissamment métaphorique: non seulement on doit porter attention aux objets, car ils vivent, ou manifestent la vie, mais ils parlent par leur sang, ils communiquent. Il y a là tout un univers de projection dans les objets qui transcendent une simple magie ou imagination pour ouvrir un véritable trésor de recherches et de sensations interne.


"Nous ouvrirons chacun l'un des bras d'un chaman qui présentera un enfant au soleil."

Autre récurrent, ici explicite: on est dans un univers chamanique en plein, sur un chemin d'initiation et de visions. L'initiation est ici explicitement associée à la présentation d'un enfant, et à l'astre solaire, donc à la vie, la naissance, la renaissance. Et à l'innocence.


"en prenant de la vitesse, nous passerons sur un corps qui dormait au milieu de la chaussée et qui nous en remerciera en se retournant dans la route comme si elle était un drap"

de nouveau le mouvement qui est source d'expression et d'élucidation. Le corps n'est pas écrasé par le fait qu'on roule ou passe dessus, mais au contraire réveillé ou "éveillé". Le fait d'être touché, dans tous les sens du terme, rend un homme à la vie et le tire de son sommeil.


"vous frapperez le sol comme si vous souhaitiez qu'il prenne feu, à force"

Communication primale avec la terre, le monde. les gestes les plus tribaux, primaux, sont aussi premiers. Ils manifestent à leur manière qui nous faisons partie d'un ensemble vaste, la terre, être vivant entier, sorte de Gaïa animée d'un esprit qui nous donne force et qui nous met en mouvement, en quête. Encore le côté chamanique et cosmogone.

"Je comprendrai que vous désirez marquer la terre d'un son particulier, d'une balise destinée à guider les autres nous, plus tard. Vous ouvrirez les failles en disposant vos pas aux endroits voulus. "

Superbe, cette idée du son qui est trace qui perdure. Ici, même procédé que pour le temps dont on défie les lois physiques, le son perdure au delà de son onde. Il peut marque la terre aussi sûrement qu'une trace de pas. De plus, la trace est guide, est ouverture d'un chemin d'initiation... On marque le territoire, mais non pour soi seul, pour participer à cette danse infinie du vivant. De nouveau le rituel magique : il n'y a pas de hasard, mais une précision instinctive : les pas sont situés pour se faire à des endroits très précis.


"Nous ouvrirons des dictionnaires, des cartes routières et des manuels de conversation pour trouver s'il faut lui dire au chaman "viens" ou "venez". C'est un point délicat. Il tient l'enfant, et lui seul peut répondre audiblement. Toutefois , l'enfant est au-dessus de lui et donne les gestes à traduire.
"

De nouveau on est dans le rituel magique: il faut trouver la bonne formule pour mettre le chamane en mouvement et ne plus être ceux qui l'animent. Pour se libérer de sa fixité. Quand à l'enfant, il est une fois de plus la clé, celui qui donne la traduction, qui transmet, qui sait par delà la connaissanc,e qui est médium. Le chamane ne peut parler que par l'enfant qui est vérité, qui est encore entièrement dans la magie sans savoir qu'un jour il a quittera pour le monde du sensé.


"Vos cheveux changeront de longueur, se tresseront en double hélice, votre taille diminuera et augmentera plusieurs fois."

Vive Alice au pays des merveilles :-)

"Liane chérie d'entre les lianes de la grande forêt, vous hausserez les épaules en me rappelant qu'il y a bien longtemps que nous ouvrons l'appétit des ombres.
"

Liane, bien sûr, une femme qui permet de voyager, libre comme l'air, entre ciel et terre, à peau d'humus, élégante et surtout végétale, vivante par son mouvement. Autre récurrent: l'homme devient en tout ou en partie un objet non pas inanimé mais un objet vivant.

Bravo le chamane, on voyage, on s'initie, est-ce de la poésie formelle ou des visions fondamentales qui rendent à nos corps leur magie de faiseurs de vie et de miracles, comme dans l'enfance, qui guident notre chair à se retrouver membre d'un monde vivant, non pas écologiquement simplement, mais un monde habité par les esprits de vie, qui interagit et qui déroute par des inversions, paradoxes de présence,temps, mouvement, etc...

Mais aussi, écriture de la séduction, de l'apprivoisement, du sensuel et de l'humour fin, celui qui dit qu'on a un petit sourire dans le regard. L'écriture qui regarde et contemple, qui est un regard qui aime et qui rend aimable ce qui n'a plus l'habitude d'être regardé.


Nouros-boros

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nouel- boel
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 18h57:   

houlààààà ( elle n'existerait pas cette fille , qu'il faudrait se precipiter l'inventer :-)))))
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yves
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 22h44:   

Moi aussi, j'admire mais je me demande si c'est surtout le poème ou le commentaire dont ma malice se demande si l'un et l'autre ne seraient pas du même auteur ? (:-) En tout cas ce que je reproche au commentaire de l'un ou de l'autre c'est qu'après je ne trouve rien à ajouter sauf qu'il faut continuer à nous envoyer des textes de ce niveau, sacré nom !
*************
Ce forum pourrait bien prendre le chemin d'être un des meilleurs du net ! Cocorico !
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Cécile
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 23h02:   

J'admire aussi... Et ne sachant comment exprimer cette admiration, je ne dirais qu'un mot : bravo
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Hélène la fourmi
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 23h05:   

Yves, je viens renchérir

Je reçois toutes les participations dans ma boite mail et je n'en reviens pas .
ambiance, amitié, et talents multiples!

quel creuset!
je viens sur le net depuis 1998 j'ai vu beaucoup de forums. mais un qui réunisse tant de qualités à la fois , jamais!
et c'est grâce à vous tous, pour la plupart vous m'étiez inconnus jusqu'à ces derniers mois.
Je ne viens même plus . pas seulement parce que
ce mois de juillet m'occupe beaucoup déplacements et petits enfants ... mais parce que je ne voudrais surtout pas toucher à quelque chose!
tout est parfait.
et .. je me régale !


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Ounas-Ouvas
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 04h20:   

Wow, quel commentaire ! (non Yves, pas de la même personne, au fait). Je suis scotché et honoré. Sauf que c'est trop flatteur et "pensé", mon petit texte est plus instinctif et naturel (je crois en des choses simplissimes et j'aime énormément la notion de rituel, oui, mais minimum, pas de bazars hermétiques, pas d'église, pas de multinationales, pas de savants, pas de magie, pas d'au-delà, pas d'armée, pas de pouvoir, juste le simple pacte entre ce qui est vivant), donc juste une sorte de retour aux sources, loin de ces hauteurs d'analyse, même si j'aime la plupart des choses que tu as dites. Juste un petit arbre dans la grande forêt. Pas plus. Mais grand merci à toi, j'ai une sacrée chance d'avoir eu un regard pareil !

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nouros-boros
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 10h45:   

je n'ai pas dit que tu l'avais pensé, j'ai juste dit que tu avais l'habitude d'écrire avec ces récurrants-là ( et je pourrais t'extraire cent mille exemples de tes mille textes) car ils t'habitent, ils sont ton style, ta vision exposée du monde.

l'analyse a ceci de froid qu'elle va chercher des constantes là où l'auteur ne voit que le mouvement naturel de ce qu'il est.

j'ai juste voulu dire que j'avais reconnu ton style dès la deux premières lignes car il y avait cette tonalité et ce regard sur le monde qui comme tu le dis bien démontre "juste un pacte entre ce qui est vivant"

quant à " pas de bazars hermétiques, pas d'église, pas de multinationales, pas de savants, pas de magie, pas d'au-delà, pas d'armée, pas de pouvoir, " je suis d'accord avec toi, car je n'ai parlé d'aucun de ces sujets ;-)
et de la magie, ce n'étais pas celle du pouvoir, mais celle de la "pensée magique", de la pensée "surréaliste" et "fantastique".


si celui qui écrit s'analyse il fait fausse route, autant qu'il reste dans l'innoscience, et soit révélateur du monde qu'il voit et porte. Mais il est normal qu'un lecteur qui a lu beaucoup d'un auteur s'interroge et aille au-delà au bout d'un certain temps.

Rien que la question qu'il se pose qui est "pourquoi finalement j'aime, je suis séduit, je suis touché, je suis mis en questionnement " par cettte écriture, pourquoi je la reconnais, suffit à ce qu'une fois au moins il pose l'analyse, non pour tuer l'écriture, mais pour prolonger avec ses mots sans poésie sa résonnance en lui.

écouter cela finalement, est essentiel à l'auteur qui devrait dépasser son réflexe de modestie et de dénégation (qui rend dès lors plus hermétique son texte au lecteur qui lit dans ce refus une forme d'exclusion de l'univers du texte qu'il aurait "mal compris") pour voir dans ces commentaires une confidence sur les multiples sensations et réflexions qu'un textes suscite en lui; pour voir que l'écriture peut être pont et emprunter des voies universelles. ;-)

Il y a peu d'auteurs avec lesquels cette analyse est aussi riche, et nous te remercions d'avoir un regard pareil sur le monde, c'est une chance pour beaucoup de "lecteurs-auteurs" qui sont stimulé par lui; si il n'existait pas, nous aurions du mal à l'inventer tant il est unique.


Bonne écriture Monsieur Ounas.
salutos amigos!

nouros-boros


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n-b
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 10h47:   

sans compter que parfois un lecteur peut en apprendre à un auteur sur lui-même par son recul sur son écriture.

;-)

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Ounas-Ouvas
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 14h17:   

Je ne sais pas. Je ne crois pas dvantage en la "pensée fantastique" dont tu parles que dans la "pensée rationnelle". Les adjectifs fragmentent ce qui est un tout.

Pour le côté jeu et mouvement, je me suis inscrit, il y a peu, pour voir, à une liste d'écriture et de poésie anglophone. La langue poétique anglaise semble plus souple, plus plastique, on joue davantage avec. D'ailleurs, ça m'a toujours frappé de voir combien la langue de l'Imperium régnant est paradoxalement une langue ludique et flexible. C'est très amusant : tu vois des gens censés être très civilisés, genre Massachussets, vraiment les patriciens du monde donc, qui postent des poèmes souples et audacieux avec des images et tournures d'enfant de sauvages qu'ils étirent et allongent comme de la pâte à modeler.

Mais ne crois surtout pas que je dénigre ton commentaire qui m'honore vraiment. Je pense toujours qu'on peut aller et comprendre plus loin, mais c'est une déformation d'auteur et de personne, rien de plus. Donc, surtout un grand merci et des bisous.
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Nouros boros
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 15h51:   

C'est évident qu'on peut aller plus loin, en fait, non, plus profond, je dirais.

on ne peut pas toujours se contenter, surtout quand on lit depuis si longtemps autant de textes d'un même auteur, de dire, "j'aime parce que j'aime"; il est parfois un temps où s'interroger nous fait avancer, évoluer. Et parfois cette interrogation partagée et livrée peut aussi faire évoluer plus qu'un lecteur.

Je ne sais pas pour ce que tu dis de la littérature anglaise versus française. La littérature belge n'est pas la française qui n'est pas l'anglaise; mais dans chaque pays il y a des auteurs figés et des souples; c'est aussi fragmenter que de disséquer les tendances par pays;

je retiens que tu n'aime pas les analyses, mais je le savais ;-)

je ne l'ai pas fait pour t'honnorer, mais parce que ca m'est venu ainsi et que c'était une esquisse d'expression de ce que je ressens à la lecture répétée de tes textes. Un extrait, pauvre, car incomplet; tu as de la chance. il y a des auteurs qu'on arrive à cerner, hélas.

Tu ne démontres rien quand tu écris, ou plutôt, tu ne VEUX rien démontrer; et ça c'est tout à ton honneur, tu es au dedans de ce que tu racontes, sans recul.

C'est pourquoi tu as pu écrire autant de textes sans jamais épuiser ce qui fait la personnalité et la richesse de ton écriture;

Sans doute est-ce pour cela que tu te mets chaque fois sur la défensive quand tu reçois une analyse ou un commentaire comme si en commentant on réduisait. comme si en analysant on découpait en excluant le reste. Comme si en ne te comprenant que partiellement (toi ou le texte) on réveillait ton désir, le désir frustré de chacun d'entre nous d'ailleurs, d'être compris entièrement. Alors qu'il sagit juste de mettre parfois une loupe, parfois suivre un fil brocardé qui court le long de tout l'ouvrage. Et se dire: si j'aime le tout, j'aime aussi ceci particulièrement. Et savoir reconnaître le génie particulier mis en oeuvre dans un procédé est utile aussi.

car que tu le veuilles ou non, ce qui est aussi épatant dans tes textes, est l'intelligence intuitive des procédés, leur originalité profonde, leur personnalité unique. Ce qui fait que ton écriture est reconnaisable entre toute.


C'est sans doute aussi parce que tu continues d'explorer par cette voie des choses qui t'habitent, car te renouveler n'est pas ton obesssion, mais plutôt continuer à tramer ton univers de fil de texte en fil de texte.

Et peut-être que ce que je voulais dire c'est que tu es atypique. Que je savais qu'en commentant comme cela tes textes ça ne te rendrait pas service, que ça ne te plairait sans doute fondamentalement pas, même si comme tu dis, tu es "flatté et honoré".

C'était un cadeau ce commentaire, gratuit, pas un compliment. Car le regard de celui qui lit est l'autre moitié du symbole qui fait exister un texte.

Et que parfois, quand même, il est nécessaire à un auteur de savoir recevoir une analyse, non comme un compliment, mais comme un porte qui s'ouvre vers l'autre; Qui désenclos son univers.

Si l'homme a évolué de siècles en siècles, c'est parfois parce qu'au delà des touts, il a su voir qu'ils étaient composés de parties et comment elles s'articulaient. Et les artistes, les créateurs de vie sont ceux qui savent se rassembler et rassembler ce qu'ils touchent.

c'est donc moi qui te remercie pour cette faculté, et je pirouette jusqu'à ma lune,

Nouros-boros



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