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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.05.2004 au 31.08.2004 » No man's land « précédent Suivant »

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so-so
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 17h16:   

Où sont tes sources si ténues, celles qui à peine jaillissantes, s’élèvent et se mêlent à la brume, se noient dans le vert profond d’une flaque ou s’épuisent dans l’humus de forêts trop sombres ?


Uniques affluents d’horizons inachevés, elles ont ce singulier penchant à séparer la terre d’un océan soiffard.
Ancres invisibles, elles griffent tendrement son épiderme vierge et y esquissent leur empreinte éphémère.
Elles ouvrent des contrées verticales qu’elles rayent de ta mémoire et couchent au verso de l’oubli.


Aucun regard n’étanchera leur soif d’imprégner les cartes qu’elles tracent sans cesse, et estompent aussitôt.
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Ali
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 20h28:   

beau poème!Merci So-So
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yves
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 22h29:   

...et vive la nature, comme tu la chantes.
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Arno
Envoyé mardi 20 juillet 2004 - 22h52:   

Cette aube limoneuse d'un fleuve qui m'est cher
tâtonne entre les pins pour féconder en crue

J'aime la poésie de ces lignes, So-So.
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Teri
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 00h41:   

Poème dont la beauté m'intimide...
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so-so
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 09h20:   

merci à tous...

Yves, a priori, je n'avais aucunement l'intention de "chanter la nature".
c'est drôle, parce qu'au départ, le texte partait d'une espèce de "réaction" à certaines de tes interventions.
l'idée étant de "défendre" une écriture qui ne se montre pas, qui s'écoule le plus naturellement possible et retourne très vite au silence dont elle est issue et dont, probablement, elle se nourrit...

à ce propos, une phrase me trottait dans la tête mais qui n'avait rien à faire dans le texte ci-dessus : "une source qui n'a pas besoin d'être mise en bouteille pour être reconnue"...

en d'autres termes, la conviction parfois que les textes n'ont pas besoin de lecteur(s) pour exister, et qu'ils existent peut-être d'autant plus qu'ils restent sagement à leur place, au fond d'un placard...

j'essaie évidemment d'assumer mes contradictions en postant celui-ci, parmi d'autres.
:-)
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yves
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 11h36:   

Souvent revient cette discussion du faut-il publier (quand on peut) ou un texte existe-t-il quand il est dans l'armoire? Non pas caché à d'autres mais simplement parce qu'écrit, il se suffit à lui-même. Bien sûr, chacun a droit d'écrire pour lui-même, pour son plaisir ou au contraire pour tenter de se débarrasser d'une souffrance. On le fait tous. Mais je retournerai facilement ce que tu dis: c'est alors que le texte est mis en bouteille. Publier c'est faire sauter le bouchon et verser ton vin, bon ou médiocre à ton voisin, à la compagnie, et surtout à des verres inconnus dont on ne sait s'ils balanceront ton vin à l'évier ou s'ils le garderont dans leur coeur longtemps parce que ce qui a été dit est pour eux cette chose rêvée qu'il n'ont jamais pu exprimer lui-même. Il a fallu qu'elle soit découverte chez l'autre et dite pour qu'ils la trouvent chez eux et qu'elle les éclaire.
Suit ce questionnement : pour qui et pourquoi écrit-on. En général pour soi-même mais pas toujours. On peut parfaitement écrire vers les autres et pour eux. Témoigner, alerter, se battre contre, tenter de lutter face au conditionnement écrasant que nous subissons. Mon dernier recueil ( Dans la gueule d'ombres ) a cette intention . Il y a une totale inconscience chez nous, les gavés, comme dans l'allemagne en son temps qu'on puisse basculer vers la liquidation de la liberté et l'univers concentrationnaire en très peu de temps.
Quant à la poésie lyrique elle ne me gène que nombriliste, ce que tu n'es pas.
Reste le problème de la forme où nous ne saurons sans doute pas d'accord. Le travail et la rigueur n'amène pas automatiquement à la sclérose ( mais souvent, par mode ou académisme ) elle peut aussi mener à la simplicité qui n'est en rien naturelle et spontanée, du moins à mon avis.
Actuellement, je suis en train de mettre en ordre si j'ose dire de très nombreux poèmes de jeunesse que j'ai écrit il y a longtemps, tous très lyriques, et qu'à l'époque je n'avais aucune envie de publier ni même de faire lire, sans doute par pudeur. Je les ai envoyés à une poétesse dont je suis sûr qu'elle me fera aucun cadeau, pour lui demander s'ils peuvent apporter quelque chose à des lecteurs actuels. On verra bien...
J'aime discuter avec toi ou avec d'autres, simplement parce que je n'ai aucune certitude mais des désirs. Si j'avais des certitudes, il y a longtemps que je n'écrirais plus...(:-)
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la fourmi
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 12h06:   

ah voilà pourquoi alors j'ai apprécié ton écriture tout de suite so-so ; j'aime me cacher derrière la nature pour exprimer ce que je ressens. enfin mon " inconscient " aime faire ça . je ne l'ai pas compris tout de suite et ensuite j'ai souligné souvent cette tendance. par pudeur sans doute. j'aime la brume et les rideaux d'arbres et surtout la pureté de l'eau.
j'ai longtemps écrit et jeté à la corbeille aussitôt. J'écrivais au compositeur en écoutant de la musique classique
il a fallu que mon fils s'aperçoive de ce manège et me demande de lui écrire des paroles de chansons pour s'amuser pour que je commence à conserver ce que je faisais . Un jour j'ai eu envie de savoir si ça valait la peine . j'avais un minitel et j'en ai mis à deux endroits " dissonances " les Cuffi à l'époque , et "Lisière" qui existe toujours sur le net. mais sous une autre forme; puis j'ai trouvé l'adresse d'un concours .
j'ai eu des retours, un prix , alors j'ai continué .
et de continuer m'a je crois aidée à progresser un peu .
les échanges sur le net; la tentative de réponse à d'autres textes, les conseils ( on m'en donne bien peu et j'ai toujours ignoré pourquoi je dois être neutre et passe- partout (;-))
alors je lis ceux donnés à d'autres.
je trouve aussi que sur ce forum surtout, la poésie est un lien , un bouquet de sourires , de regards .
et c'est amusant de nommer ses " amis " par un pseudo de poète.

Oui yves il faut retravailler ses textes mais pas toujours s'ils respirent naturellement je crois.
j'avoue que je n'aime pas trop les formes classiques elles manquent souvent de naturel.
et la prose poétique existe surtout il me semble par le choix de métaphores expressives et inédites.
certains disent qu'elle respire et parfois en alexandrins , dissimulés dans les paragraphes.
qu'en penses tu coccinelle??





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Ali
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 13h50:   

"une source qui n'a pas besoin d'être mise en bouteille pour être reconnue"... Très belle image!!! Je t'en envie Yves! Mais toute source a toujours besoin au moins d'un passant assoiffé! Un "archéologue" de passage par exemple! Merci Yves Et bonjour La Fourmi! Tu vas bien ?!!Bizzz!
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so-so
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 14h24:   

Yves, loin de moi l’idée d’ouvrir à nouveau un débat sans fin.
Ta réponse me surprend un peu, elle ressemble à un argumentaire sur lequel je n’aurais rien à redire.
Je ne pense pas avoir affirmé quoi que ce soit. D’ailleurs, mon texte débute par un question et n’apporte aucune réponse.

Il y a quelque chose d’intéressant dans la tienne : quand j’évoque une « source ténue », tu répliques par le « vin », ce breuvage issu du travail.
A l’évidence nous ne parlons pas de la même chose. Je crois que j’évoquais cette espèce de force qui, pour la première fois toujours, pousse à écrire quand j’ai l’impression que tu prends la défense du texte soumis à la rigueur d’un travail…
Par paresse sans doute, j’ai rarement le courage de m’y atteler. Recommencer et poursuivre la démarche initiale doit me sembler plus vital que le but qu’elle prétend vouloir atteindre.
Mais libre à chacun de s’enivrer ou non du labeur qui mène à la simplicité.

Pas de vigne sans un peu d’eau pour l’arroser, aussi insignifiante soit la source dont elle provient.

J’ai engrangé quelques centaines de textes depuis une petite dizaine d’années dont la plupart n’ont pas eu de lecteur. Jusqu’à présent, aucun ne s’en est plaint (ni les textes, ni les lecteurs) !

Pour ma part, l’écriture ne relève ni du plaisir ni d’une souffrance. Je préfère penser que, bien plus complexe, elle constitue le plus souvent une forme assez élaborée de masochisme, ce qui me convient, par les temps qui courent…
:-)






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yves
Envoyé jeudi 22 juillet 2004 - 00h25:   

Si nous avions les mêmes idées, so so, ce serait porter l'uniforme. Que ferions-nous alors ici ? Défiler l'arme en bandoulière ? (:-) Un forum qui marche bien comme celui-ci est celui où non seulement on accepte l'autre mais on le recherche justement pour sa différence. J'aime ce que tu écris. Et si l'on se rencontrait on trouverait peut-être plus de points communs que de contradictions. Ne serait-ce que le fait d'avoir beaucoup écrit sans tellement avoir envie d'être lu.
Il se peut aussi que ce que tu appelles poème ne soit pas la même chose que ce que je nomme ainsi. Comme ce petit texte par exemple dont je conçois qu'on puisse dire que ce n'est pas de la poésie :
***************
Nuit noire


Elle a donné aux enfants des autres
son cyanure.

Ils n'auraient pas l'étonnement
d'être jetés dans les fourgons
d'un abattoir lointain.

D'avoir donné la mort
par amour
jamais elle ne guérira.
*******
(Dans la gueule d'ombres)

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so-so
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 14h26:   

Yves, en réalité, je n'ai plus le courage d'avoir la moindre idée qui tienne la route (je préfère au fond la route toute seule et la quitter pour mieux la retrouver...)

bien sûr que j'accepte l'autre (mais ai-je vraiment le choix ?) :-)
il y a même des jours où j'accepte plus facilement l'autre que moi-même (l'avantage de refuser d'aller jusqu'à l'intimité !) :-)

et puis, trève de plaisanterie, je n'appelle rien "poème" (c'est un mot qui m'a toujours gêné, j'ai l'impression d'être avec lui comme le capitaine haddock dans l'avion avec son bout de sparadrap !).

quant à ton "petit texte", il évoque des choses qui rendraient ridicule, voire indécente, la moindre discussion sur ce qu'il est ou pas.

j'ai eu l'occasion il y a quelques jours de me rendre avec mes 2 filles au camp d'Orianenberg (1er camp construit au nord de Berlin , "prototype" de tous les suivants).

entre un million d'autres choses, cela m'a confirmé que je ne regrette pas d'avoir cessé depuis longtemps de me demander à quoi/à qui peut bien servir d'écrire...
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yves
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 17h56:   

Je suis moi aussi, revenu de ce qu'on appelait des * engagements * auxquels j'ai cru, et j'ai été trompé. Les idéologies m'ont laissé sur le sable, ou dans la merde. Mais s'il est une chose à laquelle je reste attaché viscéralement, même mal foutue, c'est à la liberté. Je sais où mène son abandon. Et on la défend en en usant quand on le peut encore. L'écriture est une forme de liberté précieuse et c'est elle qui est attaquée en premier dès qu'un pouvoir absolu se met en place. C'est ce que je tente de dire dans ce recueil Dans la gueules d'ombres, avec beaucoup de doutes, dont voici les quelques mots de présentation :
*
Quelle poésie après Auschwitz ?

L’innommable dépasse l’imaginable. L’innommable n’est pas poétique. J’ai quand même tenté de me laisser guider dans le sillage d’un Primo Levi, qui osa entrouvrir cette Gueule d’ombres pour témoigner de ce qu’il avait vu et vécu et nous alerter sans trop d’illusions. Un regard lucide sur notre monde nous montre que la Bête est toujours proche, qu’elle remue déjà ici et là, si elle ne nous mord pas encore.
Si le retour de l’inhumain absolu, invention de l’homme, reste possible, il est peut-être temps encore de le combattre avec ces pauvres armes du poète que sont les mots.
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so-so
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 18h09:   

j'allais dire que je n'en suis jamais revenu parce que je n'y suis jamais allé (les idéologies)

mais s'engager dans l'écriture (ou plutôt laisser l'écriture s'engager en soi), je pense que c'est se battre pour une certaine liberté, voire une liberté certaine, peut-être d'autant plus qu'elle n'engage précisément à rien (hum, trop profond, j'en suis moi-même étourdi)
:-)

plus sérieusement, je pense que la question posée est une vraie question, un des rares qui nécessitent vraiment beaucoup de silence(s) avant d'apporter l'ébauche d'un morceau de réponse.
sur ce point, je crois que nous sommes effectivement sur la même "longueur d'onde".

le reste, tu en conviendras peut-être, n'est que littérature.

sinon, et très sérieusement encore, je pense qu'il serait crucial que chacun(e) s'interroge un moment sur l'état de sa propre poésie AVANT son "Auchwitz intérieur" (si je parviens à me fais comprendre...)
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yves
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 22h51:   

Je sens que tu mets de l'importance dans ton expression de Auschwiz intérieur mais je pense n'avoir pas bien compris ce que tu veux signifier là. Peux-tu expliciter un peu plus ?

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