Le sens du poème Log Out | Thèmes | Recherche
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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.05.2004 au 31.08.2004 » Le sens du poème « précédent Suivant »

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pl
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 18h10:   

Il faut toujours à un poème l’écho d’un autre poème, répondre à la Musique par un chant de nudité et ne pas en décrypter les articulations par un dépeçage de strates calcifiées dans les terrils du temps. Pénétrer la démesure intense et démunie des outrances du signifié, ses bulles d’oxygène et d’argile, dire non, comme marcher sur le feu des évidences refusées. Entrer en résonance, vibration en soi de chemins épineux, d’orages tortueux, de halages, de refus, non par l’ordonnancement d’équations et leurs preuves fébriles, mais en revenant à l’image d’un torrent non guéable et le poème serait ce souple pont de liane ondulant au-dessus du vide sonore, le lien ombilical dans la géométrie précaire de ce qui traverse et de ce qui est traversé, dans le même refus et le même épaulement des déracinements, des ruptures.

Sens ou naissance du poème ? Obscures navigations, fusions et cataclysmes des laves originelles dans la matrice de l’univers, création du Monde, dans le chaos de son apparent dérèglement. « La confuse splendeur » de Neruda, luxuriance, perdant ses eaux pour les assembler, sang et sanies enroulant leurs caillots et leurs glaires dans le cri primitif, celui de la douleur venant grossir le monde d’un désir de plénitude déchirée. Crescendo et violence d’une mise au jour dans l’archéologie du quotidien, excavation d’une étoile unique dans la multitude ou progression d’un « soleil des eaux » (Char). La peur plus tard nouant le ciel à sa dérive, les nuages, les oiseaux, ce qui devait aller, insufflant le vol, au-delà du possible, comme écrire ramène au seuil l’Océan, l’empreinte, le pas, le souffle et tout ce qui s’est échappé du fluide, les charpentes du feu, l’ossature du rêve, la demeure lacustre lentement effondrée.

Le double sens du poème, flux et reflux, à la fois écriture et mémoire, puis perception et structuration non objective, mais spontanée de l’approche dans le langage du nucleus vers lequel s’acclimate la désespérante progression aveugle et ondoyante d’un flagelle. Même plongée de l’étoile filante vers sa lumière, sa fusion, sa désagrégation et La création : être, galaxie et Le poème lui même qui n’est que le médium, le temps d’une splendeur ou d’un désarroi, excluant le poète, simple passeur, de sa propre gestation perpétuelle dont il ne fut jamais que la part infime nécessaire dans le grand bain lustral des flots universels. Il ne lui reste que la pluie ravivant parfois en lui la mémoire approchée d’une pulsion d’infini et l’étonnement d’avoir touché l’instant avant qu’il ne s’effondre avec ses cataractes bouillonnantes et pénètre de nouveau les entailles vers le lieu cicatriciel qu’il féconde de sa courbe absolue.




« Fais le tour absolu et pose-toi sur le palier courbe
du temps,
grimpe sur un arbre
souffle l’écume des nuages

et crache les étoiles. »

« Derhama et le dragon »
(Danilo Romero)


Il ne s’agit pas de noyer le poème dans une imagerie torrentielle, ni de lui accoler un verbiage dissimulant un sens atrophié ou absent, mais au contraire de le désembourber, de lui donner à la fois une architecture, un corps intérieur et une « âme » sans les différencier ; que ce sens s’exhale du mot, de l’articulation (ou de la désarticulation de la phrase) et de ses sonorités. Ce que j’écrivais dans « Caminaire »

« …Nous avons longtemps marché, prends les mots comme ils viennent, ce ne sont pas des mots, ni des sons, ni des couleurs, mais ce qui vient se mélanger ou se refuser. Il ne s’agit pas d’harmonie, mais de réverbération ou de reflets. Une grande brise remonte du Sud des oiseaux pétrifiés dans son sillage, avec ce qui prélude, une mer au matin d’encre noire fouillée par le silence. »

et également dans « Liberté, liberté absolue de la poésie. »

« Car c’est aussi, malgré tout, et ce tout est si vaste, de déchirures de naufrages et de désillusions, le temps d’une splendeur, fut-elle baignée de larmes. Le poète, n’est pas tant ce qu’il écrit dans ses formulations dérisoires même si quelquefois, dans l’émeri d’un graphite il soudoie au monde passant, le nerf vibrant d’un vérité fugitive, mais la chance de dire que rien n’était perdu alors que tout semblait en cet irrémédiable carène d’abandon versé dans des puits creusant toujours plus profond les sonores échos du désastre. »

puis dans « L’alphabet des limites »

« Je vous écrirai des poèmes pyracanthes ciselés dans des langues scalènes puisque le matin est tombé avant que la nuit ne vienne délimiter son empire à grands remuements d’araires. Tout est dans ce bruit de clefs, d’alènes, les ciseaux des cornes de brumes déchirant les sillages des silences, tout, les outils luisants dans la démence des pénombres et la musique. La musique, je vous interdit de parler des oiseaux, nous sommes dans les branches des mathématiques, au cœur des équations et vous comptez sur vous-même pour aller au-delà d’une barrière de séracs qui vous habite. Vous êtes le lieu et le chiffre.

Et moi je déshabille lentement les momies grinçantes du réel. Il n’y a plus de liquide amniotique dans la boite de vitesse, les arbres viennent à ma rencontre, je freine et le disque est usé, il crie des chants anciens pour arrêter les saisons. Mais la pluie est plus vaste de feuilles luisantes et de verglas alors je me retourne et devant c’est derrière et je ne comprends plus rien. Il faudrait que j’apprenne l’alphabet des limites… »

Graphie des marges…

Mais je ne vais pas me citer à l’infini pour faire coller une « vérité » de principe et élaborer une théorie incontournable. Il suffit à Bachelard de recenser quelques rondeurs poétiques pour élaborer une thèse, du nid, ovée, lovée dans un évident cocooning, ce n’est pas si simple. C’est beaucoup plus simple encore… aucune théorie ne fonctionne hors de ses contours flous, ses tentatives d’expliquer les mécanismes d’horloges inexplicables. C’est la manière d’interroger qui reste étrangement… futile, dans la discrimination de sa perception. Dans la peinture, la musique « on » dit je n’aime pas. En poésie on ajoute « je ne comprends pas », parce qu’il faut postuler l’absence d’une compréhension immédiate quasi scolaire d’un outil pourtant élémentaire, véhicule d’échanges quotidiens, le langage, les mots.

Je voudrais cependant revenir, parce qu’il n’y a pas de distance, à ce qu’écrivait Pierre Restany à propos de la peinture de Danilo Romero :

« … Il n’y a ni dedans ni dehors dans l’univers de Danilo, il y a une cristallisation de la conscience au cœur de l’être… »

(Un frisson de l’amour de l’autre)










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Philippe
Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 20h07:   

Pl
Je te conseille le dernier numéro de la page blanche -32-
Il est consacré à Constantin Pricop.
On y retrouve la totalité de sa colaboration à la page blanche ( 4 ans ).
Constantin Pricop est un des rares universitaires que j'apprécie, car son langage s'adresse à tous: ce qui n'est pas le cas de la majorité des universitaires.
Pour ce qui concerne le poéme, j'ai du mal à apprécier un poème si je n'arrive pas à saisir son sens. Je lui trouve bien souvent des qualités mais ne pas comprendre son sens me dérange ; les meilleurs poèmes selon moi, sont les plus simples et puis je me méfie des trop grands effets voulu, il cache des lacunes de fond généralement.
Enfin ce que je raconte là est relatif et je ne voudrais pas que cela soit pris au pied de la lettre


Philippe
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pl
Envoyé jeudi 22 juillet 2004 - 09h19:   

Bonjour,

Il m'a semblé que je disais les mêmes choses:

"Il ne s’agit pas de noyer le poème dans une imagerie torrentielle, ni de lui accoler un verbiage dissimulant un sens atrophié ou absent."

mais le poème peut-être aussi un bateau îvre...

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yves
Envoyé jeudi 22 juillet 2004 - 18h48:   

J'abonde dans ce que vous dites de la simplicité. Il me semble que l'art quel qu'il soit est de dire le complexe par le simple sans être réducteur. (les dessins de Matisse) Quant à aimer un poème seulement quand on en a trouvé le sens, je ne suis pas tellement sûr de partager cette sensibilité. Elle tend vers une analyse qui peut être mortelle. Celle qu'on fait dans les écoles quel qu'en soit le niveau. Or à mon avis ce qui caractérise la création poétique c'est qu'elle est en même temps analyse et synthèse inséparables et non successives. Et ce qui fait la force d'une image n'est pas le choc des mots comme tels mais le choc inopiné du sens caché d'un mot avec le sens caché d'un autre. La sensibilité poétique du lecteur rencontre donc la sensibilité créative du poète. Ce qui échappe et à la recherche d'un sens et à l'analyse littéraire classique ?
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philippe
Envoyé jeudi 22 juillet 2004 - 22h36:   

Nous ne sommes pas tous les mêmes lecteurs heureusement.
Saisir le sens d'un poéme, c'est saisir la pensée d'un poète, ou du moins son message ou encore ce qu'il veut faire passer à travers sa sensibilité. C'est le préalable, pour apprécier un poème, si derrière, il est bien construit. Enfin c'est ma sensibilité de lecteur. Depuis, un moment, je lis des poètes, mais cette lecture est assez nouvelle pour moi, ( disons, deux ou trois ans ) et mon point de vue de lecteur que j'ai pour l'instant peut changer.
Je prends l'exemple de René Char, car il est quand même, celui qui m'a le plus marqué dans mes dernières lectures.
Il m'a étonné par la simplicité de ses mots employés bien souvent, mais les poèmes que j'ai vraiment aimé de lui sont ceux dont j'ai saisis le sens. (saisir le sens veux dire pour moi : saisir sa direction, son message à travers sa construction, son rythme, sa fluidité et non une compréhension intellectuellement et encore moins une technique en référence à d'autres poésies déjà écrites ). Ceci dit, je dois avouer que sa pensée globale m'a échappé malgré l'effort que j'ai fait pour la comprendre. Je pense également qu'il faut aimer l'homme pour aimer le poéte. J'ai étudié un peu sa vie par des articles écrits ici ou là, mais pas suffisament, peut-être que quand, j'en saurais plus sur lui, j'apprécierais d'avantage son oeuvre poétique. J’ai une biographie récente sur lui à lire.
Au sujet des poésies écrites en langue étrangère, ça peut vraiment être un bonheur mais il faut que le traducteur soit à la hauteur du poète et qu'il soit lui-même un peu poète, sinon c'est une catastrophe. Le poète est trahi, et puis est-elle vraiment encore son oeuvre totalement, quand elle passe dans une autre langue ?
Enfin la poésie est une évidence du ressentir ce qui donne à penser que la littérature est un ressentir qui va vers le domaine de l'intellect et de l'esprit.
C'est parque ce que je suis touché quelque part en moi, que je vais faire un premier pas pour lire un auteur et par la même occasion, que je vais apprendre sur moi-même.
Pour le reste; comme tu l'as bien dit, il y le sens caché mais aussi le lyrisme.
À propos, j'ai vu une édition récente chez Seghers de l'oeuvre poétique de Cadou !

Philippe
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Cécile
Envoyé jeudi 22 juillet 2004 - 22h47:   

En fait, je crois que nombre de lecteurs sont un peu à la recherche d'eux-mêmes lorsqu'ils lisent des textes poétiques. Car si je me refère par exemple à ce que représentait le poète dans certaines civilisations, je pense notamment aux aztèques, le poète représentait la vérité. Donc, mon opinion là dessus c'est que le lecteur qui lit de la poésie est à la recherche d'une certaine vérité et bien souvent ce sera la sienne... Ainsi certains poètes sont des réfèrences car ils expriment une sorte de vérité universelle.

Toutefois, je suis de l'avis de Yves... Pour moi, le sens ne suffit pas. Quand je lis un poème je suis à la recherche du rythme, de la musicalité et des images avant même de tenter de saisir le sens... d'ailleurs, nombre de poèmes doivent être lus plusieurs fois avant de deviner un soupçon de sens... Mais pour moi, les plus beaux poèmes sont ceux qui préservent la subjectivité.
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yves
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 00h35:   

Ces échanges sont très riches et c'est réjouissant que devant un poème, on trouve plusieurs chemins d'accès.
De tous, celui qui m'a le plus inspiré et passionné au point de le lire tous les jours est Saint John Perse. Longtemps je n'ai eu qu'un mélange d'attirance et d'irritation. Je sentais qu'on me parlait mais à travers un mur. Pas moyen d'entendre, de trouver le sens. Et je cherchais la clef , longtemps. Et soudain, je me souviens du jour ! tout s'est éclairé. Je faisais fausse route. Je ne pouvais trouver la clef parce qu'il n'y avait pas de porte. L'impression étrange qu'il fallait être dedans pour pouvoir entrer. Et j'ai senti que ce grand bonhomme me parlait mais seulement en ce que nous partagions l'universel. (Char aussi est comme St J. P il est universel.
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pl
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 09h28:   

"...Je suis là depuis le début du monde,
les mains pleines de divinités comme celles du potier
qui éclairent un peuple de formes.
Je ne comprends rien à ses lois, mais l'intelligence n'est pas en jeu.
Je ne sais voir que les courroies célestes qui retiennent les astres,
que m'étonner du brin d'herbe parfait et accompli,
du ciel entre le ciel,
écouter l'alphabet des naissances, des rumeurs

et transcrire.


Jean Malrieu
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so-so
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 14h09:   

pas du tout d'accord avec le début de ton intervention Cécile (ceci dit juste pour rappeler mon esprit polémique contestataire au souvenir de certain(e)s...
il implique que les "poètes" seraient les plus mauvais lecteurs de poèmes, dans la mesure où leur propre activité suffirait à combler leur "recherche d'eux-mêmes".
Or, je crois savoir que les (rares) lecteurs de poésie (publiée ou non) sont les poètes eux-mêmes. A croire que le poète chercherait plutôt d'autres "soi-mêmes" (ce qui n'est ps du tout la même chose).
d'ailleurs, poésie ressemble davantage à une communauté, voire un club (parfois très fermé) qu'à une mosaïque d'individus véritablement ouverts sur le monde.
il me semble aussi que les notions de "communication", de "partage" (voire, plus simplement, de partage d'un bon vin, comme le dit Yves) sont passablement hypocrites.
poésie est un monde d'égoïsme et/ou d'égocentrisme, et au pire de nombrilsme.
ça n'a rien de honteux dans la mesure où l'existence nous laisse plein d'autres champs où excercer notre envie de donner et de recevoir.
le poète qui veut transmettre des "messages", l'acuité de sa "pensée" ou la précision de sa "sensibilité" n'a qu'à se faire romancier, journaliste ou auteur compositeur, par exemple.
comme je l'ai déjà dit, ailleurs et il y a belle lurette, c'est le poète qui est l'intrument des mots, pas le contraire (d'où ma conviction qu'il ne s'agit pas de devenir le meilleur artisan possible, mais le matériau le plus noble (ce dernier mot n'ayant aucune connotation morale) !!
ça n'a rien de honteux non plus (et ça doit bien se soigner dans le pire des cas).
en tout cas, ça compense de l'égoïsme évoqué ci-dessus et du plaisir un peu malsain, tout de même, qu'il procure.
ça peut même conduire à une humilité... parfois dérangeante. je me souviens de certaines remarques à propos de s*, qui, en principe, sait par ailleurs un tout petit peu ce que je pense de sa relation à l'écriture, ou du moins ce que j'en perçois (fouiller au besoin les archives si ma mémoire ne me joue pas des tours).
peut-être est-ce pour ces raisons là que toute tentative de "comprendre" la poésie est vouée à l'échec. elle échappe, comme l'eau entre les doigts. elle ne cesse pas de passer, de couler, d'échapper à son auteur comme à ses lecteurs et c'est très bien comme ça.
c'est peut-être aussi pour ces raisons qu'il n'existe pas "d'oeuvre" poétique à proprement parler (Rimbaud, Char, Artaud, par exemple, ne cesseront jamais de glisser, d'échapper aux analyses, de déborder le cadre qu'on voudrait parfois (souvent) leur imposer et dans lequel on aimerait les retenir une bonn fois pour toutes, ce qui serait assez rassurant sans doute).
parler d'eux (de leur écriture) c'est uniquement parler de nous, ce que notre propre écriture poétique nous interdit, si tout va bien !

ceci dit, en passant, et histoire de discuter...
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yves
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 17h36:   

Souvent, et en particulier sur le net, le poète écrit pour être aimé. Rien à redire s'il aime, lui aussi. Or très souvent, trop souvent le poète offre ou s'offre si l'on veut, mais il ne prend pas, il ne fait pas d'effort pour être...sur-pris. On a souvent l'impression qu'il veut être lu mais que lui même n'a nul besoin de lire. Ce n'est pas seulement le mal fréquent et un peu pervers de la poésie mais le mal de nos relations sociales actuelles liées à un individualisme forcené. On demande à être aimé et on revendique comme une liberté de ne pas aimer. Ne jamais se laisser prendre mais être soi-même prédateur. Ce qui crée en particulier des couples instables et volatils. Et sur le plan création poétique, souvent la même attitude se fait jour. On exige d'être lu, aimé, compris ou même adulé et on reste indifférent ou faiblement attentif à ce qu'écrit ou pense l'autre. Cela finit par aboutir à l'esprit de chapelle où les faux compliments intéressés fleurissent. C'est la réciprocité de l'indifférence sous les habits communautaristes.
J'ai l'impression que ce forum échappe assez bien à cet esprit de chapelle. Il n'a pas de gourou et s'intéresse à l'autre. A moins que je ne sois ( reste )un humaniste aveugle ? (:-)
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Cécile
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 18h19:   

So-so,

Et moi je crois que nous sommes d'accord ! Nous disons assez la même chose : être à la recherche de soi même et rechercher un autre soi-même, ne voudrait-il pas dire la même chose ? Rechercher un autre soi-même qui dirait la vérité sur soi-même, celle que peut-être on n'oserait pas se dire, ne serait-ce pas la même chose ?

Par contre, dans mon cas personnel, j'ai lu des centaines et des centaines de poèmes avant de me lancer à en écrire et je continue à en lire, bien plus que je n'en écris... Je suis lecteur poètique avant d'être poète. Et je connais un groupe sur yahoo, tout petit, 40 membres, 10 actifs où chacun cherche justement à partager, échanger, travailler et non à faire lire leur poème sans lire ceux des autres. J'aime ce groupe car pour moi un poème, un écrit est intéressant dans la plupart des cas à être retravaillé ou commenté. Mais il est vrai que j'ai pu rencontrer des poètes comme tu le dis nombrilistes. Mais j'ai rencontré des gens aussi très ouverts sur le monde, sur les autres, même s'ils sont un peu poètes...

Moi aussi j'aime les discussions ! Surtout lorsqu'elles sont sur le thème de la poésie !

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so-so
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 18h28:   

c'est drôle ce que tu dis Yves...
écrire POUR être aimé me paraît la chose la plus déplacée du monde.. comme une espèce d'automutilation, ou pire de déviance.
j'allais dire, au risque de choquer et pour paraphraser Coluche, que celles et ceux qui écrivent POUR ça, sont celles et ceux qui n'ont pas d'enfant(s)...


bon, et puis on peut écrire comme on respire, par une espèce de nécessité ou de réflexe plus ou moins conscient et ne rien ressentir de particulièrement excitant la plupart du temps.
et, tout d'un coup, découvrir un parfum inconnu, insaissable bien sûr, qui s'estompe aussitôt mais après lequel on ne cessera plus de courir...
(pas toujours le temps de s'arrêter humer les autres fragrances qui bordent nos chemins, mais ça n'est pas forcément de l'indifférence)
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philippe
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 18h37:   

" il implique que les "poètes" seraient les plus mauvais lecteurs de poèmes, dans la mesure où leur propre activité suffirait à combler leur "recherche d'eux-mêmes".
Or, je crois savoir que les (rares) lecteurs de poésie (publiée ou non) sont les poètes eux-mêmes. A croire que le poète chercherait plutôt d'autres "soi-mêmes" (ce qui n'est ps du tout la même chose).
d'ailleurs, poésie ressemble davantage à une communauté, voire un club (parfois très fermé) qu'à une mosaïque d'individus véritablement ouverts sur le monde.
il me semble aussi que les notions de "communication", de "partage" (voire, plus simplement, de partage d'un bon vin, comme le dit Yves) sont passablement hypocrites.
poésie est un monde d'égoïsme et/ou d'égocentrisme, et au pire de nombrilsme "

Je suis pas loin de partager cette pensée, so-so.
Les poètes écriraient donc pour des poètes, c'est vraiment dommage.

Aux états unis, la poésie n'est pas du tout vue de la même façon, les lectures de poésies devant des grandes assemblées sont fréquentes, et ces assemblées ne sont pas constituées que de poètes.
J'avoue également que je serais moi-même heureux de faire cela en plus d'être édité dans un format de papier, car il ne faut jamais oublier que la poésie est pour l'oralité autant que pour la papier et le net, enfin, je crois, ce que les autres genres littéraires ne sont pas (mise à part le théatre, pour l'oralité qui s'adresse à des comédiens, comme médiateurs entre le texte et son public ).
Je me souviens d'avoir assisté à des soirées de poésies qui étaient organisées, à l'époque, par la maison de la poésie à Paris, eh bien, j'en ai un excellent souvenir, mais là, aucun possibilité n'est offerte sans avoir été au préalable été publié.
Je pense que les éditeurs pourraient beaucoup mieux faire pour rendre la poésie populaire, s'il s'en donnait la peine et s'il voulait y croire un peu plus, mais étant donné, la conjoncture et la masse de manuscrits qu'ils recoivent, ils sont arrivés dans une logique routinière très peu ouverte à la nouveauté; ils préfèrent s'endormir sur leur lauriers quand ils en ont et assurer la pérénité de leur entreprise avec des recettes déjà éprouvées et moins risquées financièrement, enfin, il ne faut désespérer ....


pHILIPPe
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so-so
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 18h40:   

ah non Cécile !!!

un seul moi-même (et autiste en plus) ça me suffit plus qu'assez !
:-)

plus sérieusement, je pense qu'être à la recherche de soi-même passe par la recherche de la différence chez les autres.
trouver un autre moi-même ne m'apporterait rien... que des ennuis je suppose !
et puis du coup, ça me ferait le double de boulot de recherche et je serais foutu de m'obliger de passer de 35 à 70 heures hebdo sans aucune forme de compensation !
ah non merci !

je préfère avoir rencontré ma moitié, qui curieusement, me renvoie une image de moi-même bien plus vaste et surprenante que je ne l'imaginais et d'insoupçonnables vérités (au pluriel) la concernant...
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Cécile
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 18h54:   

So-so

Je ne savais pas que tu étais autiste, sinon j'aurais essayer de mieux formuler mes phrases. Je comprends mieux maintenant que j'ai peut être du mal m'exprimer. Mais mon idée continue toujours de rejoindre la tienne. (oui oui !) Je comprends bien ce que tu écris et je t'approuve. C'est beau ce que tu écris à propos de ta moitié.

Connais-tu une autiste de haut niveau du prénom de Stéfany ? Je l'ai rencontré à plusieurs reprises et correspond parfois avec elle. Pour la petite histoire, je suis bénévole à l'association France télécom pour les autistes.




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so-so
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 19h02:   

euh... mes ambitions d'autiste se limitent (pour l'instant) à une reconnaissance de Noël dans un autre fil un peu plus haut :

" so-so d'amour , sais tu que tu es l'autiste que je prefere au monde ? ;))))))

mais bon, il a probablement l'avantage sur toi de me croiser ici depuis plus longtemps et donc de (croire) mieux me connaître (ah ah ah).
(fouille les archives, si toi aussi tu veux devenir une autiste comme moi !!!)

et non je ne connais pas de Stéfany, mais ça viendra peut-être...

salut l'arpète !
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Hélène
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 19h30:   

so-so a écrit :
"et, tout d'un coup, découvrir un parfum inconnu, insaissable bien sûr,
qui s'estompe aussitôt mais après lequel on ne cessera plus de courir... "
ah oui!! merci so-so c'est tout à fait ça. j'ai longtemps écrit parce que ça me donnait ça. et je jetais à la corbeille sans même relire.
soit après la lecture d'un bouquin soir en écoutant de la musique.
et je comprends grâce à toi pourquoi je n'ai pas toujours tant envie que ça de mettre mes textes surtout où on me connait .

et pourquoi je remets toujours au lendemain le fait d'en envoyer à des revues ou même de faire des concours . encore plus de chercher à publier en recueil !
ce plaisir me comble mais ce que c'est rare ce petit chatouillis qui prévient qu'il va falloir écrire , absolument .
tiens comme quand on rencontre le " Celui "

et j'avoue , que je prends conscience que si je viens sur les forums c'est pour parfois trouver un texte qui va me donner envie de faire écho que l'auteur le sache ou non .
pour moi la poésie c'est un but de rencontres je pense.
mais parfois c'est encore avec la musique , un film ou autre chose que ça m'arrive.
moi aussi j'aime bien ce que tu as dit sur ta " moitié " qui est peut être un peu ton miroir un peu ta complétude.

Philippe en province il y a parfois des après midi poésie musique . trop rarement c'est vrai et il y a peu de public sauf si .. c'est gratuit et plus si on offre un verre de vin et des biscuits (;-)
d'ailleurs il m'arrive d'y participer mais pas spécialement en lisant mes propres textes ce que j'aime le moins

so-so tu m'a fait rire
elle est de plus en plus extra l'ambiance ici!


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so-so
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 19h44:   

merci Hélène, et désolé au fait de ne pas avoir répondu plus longuement à ton mail, je crois...(pour dire à quel point je suis atteint, mais en réalité trop absorbé par d'autres choses que j'aimerais tordre et jeter comme des éponges trop pleines et trop usées).

tu as raison, j'aime lire aussi "en résonnance" (et surtout sans raisonner plus que ça).
écrire à partir d'un mot ou de quelques uns lus ici ou là et rebondir comme l'écho, pour évidemment finir dans un silence assourdissant.

mais ne te laisse pas gagner par l'humilité qui conduit à la corbeille (d'autres lendemains se chargeront de la remplir).
je regrette un peu que tu te contentes souvent d'accueillir sur ce forum sans prendre le risque (?) de livrer tes erreurs/errances au regard des nomades que nous sommes tous un peu ici.

tu sais bien que la destination compte bien moins que le chemin qui y mène.
pose ton caillou ici et continue ta route, elle n'est pas près de finir.
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Ln
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 19h54:   

merci pour tout ça so-so .
Tu sais je comprenais que tu ne répondes pas parce que j'ai compris qui tu étais .
en ce moment ce forum t'apprivoise . tu es le renard de tous nos petits princes . et princesses.
plus je te découvre et plus tu m'es sympathique.
en ce moment avec l'été j'écris peu et comme vous me gâtez je vous lis puisque j'ai paramétré pour tout recevoir dans ma boite
je me dis qu'il faudra dès que j'ai temps et solitude que je revienne à la pêche aux petites phrases vous serez les hameçons de mes petits poissons j'espère qu'ils ne seront pas poisons.
tu sais je jetais parce que ma famille se désintéresse de la poésie et se serait moquée. . Enfin un peu moins depuis quelque temps
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yves
Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 23h38:   

A vous lire, je finirais par être moins douteur et pessimiste sur les poètes et la société! (:-)
Pour ce qui est du fait que la poésie est très peu lue et ne l'est guère que par les poètes, ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes. Mais c'est un sujet immense de discussion et même de polémique. On peut dire toutefois :
Que le papier est le plus mauvais support pour diffuser la poésie et l'ouvrir à un plus vaste public (bien que support nécessaire)Et il y a en cela des raisons évidentes.
Que les poètes sont trop souvent trop craintifs pour s'associer avec la musique, le chant, les supports informatiques, etc...C'est à dire pour aller vers le public tel qu'il est, car il y a une attente si les ponts manquent . Tel qui n'ouvrira jamais un livre de poème ira écouter le même texte au théâtre ou dans la bouche d'une chanteuse ou exposé avec l'image sur des murs, ou dit en des lieux dont il aura fallu un peu forcer la porte et les personnes et leur parler d'eux en surprise.
On peut aussi balader la poésie hors des formes poétiques versifiées tels le conte la prose le dialogue la lettre le livret d'opéra ou de mini opéra et ainsi de suite.
Enfin s'adresser à des enfants n'est pas si on s'en donne la peine déchoir et écrire bébète et de ce côté la demande est grande.
Ce qui ne veut dire en aucun de ces cas, comme beaucoup de prosateurs, écrire à la commande.
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Cécile
Envoyé samedi 24 juillet 2004 - 00h57:   

J'aime beaucoup ce que vous dites à propos des résonnances... Un forum est un élément moteur en ce sens et surtout on se motive les uns les autres
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PHILIppE
Envoyé vendredi 30 juillet 2004 - 23h46:   

Yves, tu m'as donné l'envie de lire Saint-Jhon Perse.
Déja, l'aspect biographique de ces deux hommes (Char et Perse ) est fort différent, ce qui attise ma curiosité, et comme René Char a supervisé l'oeuvre poétique dans le projet de l'élaboration de l'oeuvre complète de Perse dans la biblothèque de la pléiade, ma curiosité se voit dédoublée.
Je connais de Perse que ce qu'en a écrit Léo Férré, à savoir, qu'il écrivait ni comme lui, ni comme De Gaule !

Philippe.

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