| Auteur | Message | ||
     Patrick Packwood |
La pianiste Mes yeux ne pouvaient quitter ses mains. Elles se déplaçaient au-dessus des touches, un peu hésitantes et raides. Mais le piano, plus vieux qu'elle encore sans doute, faisait équipe avec elle. L'ivoire et l'ébène semblaient se soulever à la rencontre de ses doigts à la peau plissée. Elle n'avait pas joué depuis des années. Elle qui dans sa jeunesse faisait vibrer les dévots avec l'orgue dans l'église de sa paroisse, pendant la messe. "Je manque de pratique..." avait-elle protesté faiblement quand nous l'avions prié de jouer. Devant nos airs suppliants, elle avait cédé avec un doux sourire. "Pardonnez-moi à l'avance, je vais sûrement m'enfarger dans les notes. Et puis je ne me souviens plus bien. Je vais devoir jouer par oreille." Elle venait de s'installer sur le tabouret devant l'instrument quand la magie opéra. On aurait dit qu'elle n'avait fait que jouer du piano toute sa vie, elle qui a élevé une famille de huit enfants et qui s'est occupé de ses parents jusqu'à leur décès. Ses mains un peu tremblantes au-dessus du clavier, ses doigts un rien crispés pressaient les touches, un peu mécaniquement au début, comme un élève qui suit ses premières leçons. Puis avec de plus en plus de fluidité, de musicalité. Elle et le piano ne faisaient qu'un. On se laissa entraîner à chanter en chœur. De vieilles chansons françaises et quelques pièces du répertoire chansonnier du Québec. Moi, je chantais comme je pouvais, la voix un peu entrecoupée par un petit serrement à la gorge. J'étais ému et surpris de l'entendre si bien jouer, de la voir si heureuse, si en vie. Une pensée me traversa l'esprit, comme une douleur. Les larmes me vinrent aux yeux. "Et si c'était la dernière fois que je l'écoutais jouer du piano?" Ma voix se tut. Je n'étais plus capable de chanter. Je ne pouvais que garder les yeux fixés sur ses mains, la vue un peu embrouillée, que percevoir la musique. Elle s'interrompit. Je ne m'en aperçut pas tout de suite. "Qu'est-ce que je vous joue, maintenant ?" s'enhardit-elle à demander à la ronde, ce qui me fit sortir de ma torpeur. La réponse attendue vint immédiatement. "Allez, joue-le-nous! Joue-le-nous!" insistèrent-nous. C'était le morceau le plus difficile à jouer qu'elle avait appris. Une pièce instrumentale. Quand nous étions enfants et qu'elle virevoltait joyeusement sur les touches en le jouant, les bras parfois croisés, les doigts écartés au-delà de ce qui semblait possible, parcourant toute l'étendue du clavier à la vitesse de l'éclair, nous l'écoutions religieusement. Elle acquiesça. Le silence se fit. Les notes de l'introduction, facilement reconnaissables, défilaient. Une première passe difficile venait. Elle s'arrêta, se reprit, s'arrêta de nouveau. "Je ne m'en souviens plus!" dit-elle, un peu déçue. Elle recommença encore puis porta les mains à sa bouche, secouée d'un petit rire cristallin. Puis, en plaquant le pouce et l'index de chaque main contre le devant des notes, elle dit : "Je ne suis même plus capable d'écarter suffisamment les doigts." La soirée au piano se termina comme elle avait commencé, dans les chansons du bon vieux temps. Maman, faisons un marché. Je vais laisser un peu de spiritualité envahir mon cœur ; je vais tenter de croire au Paradis. En échange, toi tu vas croire qu'à ta mort tu aboutiras là-haut au Ciel. Imagine qu'en voyant la Lumière tu pourras jouer tous les morceaux de piano que tu veux, aussi bien que tu le veux. Tu pourras même faire des accords de 13 notes avec tes 10 doigts, les pointes de tes ailes et le bout de ton nez. Maintenant, faisons tous les deux un effort de foi encore plus grand ; croyons tous les deux que moi aussi j'irai au Paradis à mon décès. Alors, quand je verrai la Lumière, je t'entendrai aussi jouer au piano ce fameux morceau. Et je pourrai observer les anges aux anges, Dieu hocher la tête et Jésus taper du pied au rythme de cette pièce pour virtuose, Le galop du diable. Patrick Packwood - 13 mai 2003 - | ||
| Patrick Packwood |
humm... "insistâmes-nous" Pardon ! Patrick | ||
| karl grand connaisseur |
Ça raconte quelque chose qui émeut ceux et celles qui connaissent un peu ce que tu décris, ceux qui l'ont vécu. Autrement, pour moi, c'est trop long pour la substance. Je n'ai pas vécu pareille chose, je me sens entraîné dans une sauce qui ne s'épaissit pas de mon côté. Enfin, au long de l'histoire, je ne trouve rien de neuf. C'est un peu long, il me semble, Patrick. | ||
| Patrick Packwood |
LOLLL ! Un peu dilué, en effet. Moi qui comptait sur le "punch" de la fin (l'opposition Dieu-Diable)... Merci beaucoup Karl pour ton honnêteté et ta franchise. :D Patrick | ||
| karl |
Oui le punch est bien. Ça oui. Mais ça n'enlève rien, mon petit commentaire, hein! Patrick. Tu travailles fort et tu veux des commentaires. Ce texte vaut mille fois ceux d'un Cégépien moyen. Qu'est-ce que ça veut dire Lol? C'est un rire? On se mord la langue? Karl | ||
| Patrick Packwood |
Allô Karl,  LOL, c'est une abréviation pour Laughing out loud, courante dans les forums axés sur la conversation. En français, on dirait RAGD (rire à gorge déployée). En ajoutant des "L", c'est comme si on prolonge le rire (on rit plus fort). Bonne journée ! Patrick | ||
| passant |
Ca veut dire quoi Cégépien moyen? | ||
| karl |
C'est quand on va à l'école et qu'on fait Lol au lieu d'étudier | ||
| Patrick Packwood |
LOLLL !!! LOL est aussi traduit par mdr - mort(e) de rire. Patrick |