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jml
| Envoyé jeudi 22 juillet 2004 - 16h33: | |
AU HASARD DES PAS Les trains se sauvent dans la nuit en emportant les gares. Je reste sur le quai avec les rails pour valise. Octobre fait la fête mais novembre vit seul à l'écart des feuilles. Toutes les années commencent à la mauvaise page, avec un titre faux et des photos qui mentent. Quand les eaux partent vers la mer, je reste sur la rive à lancer des cailloux. Je ne vais plus quêter dans les cafés blafards. Je prends les mots qui poussent au hasard des pas, les silences de pierre, les baisers de framboise. Il ne m'appartient plus de retenir les larmes. La pluie les redessine sur le sable des yeux. Le temps sauve la mise en habillant l'espace d'un costume de fleurs. Avancer dans l'avenir avec son père sur le dos, sans trêve, sans gloire, sans reculer non plus. Faire monter l'azur jusqu'au ras des lunettes. Servir les verres sur le comptoir du cœur. Les enfants se taisent au passage des morts. J'envoie toujours la main dans le tournant du rang. Une poignée de cheveux blonds a fait place à l'avoine. Quelques oiseaux le savent et saluent en passant d'une aile de tendresse. La terre s'offre au vent comme une femme nue sous le regard des faons. Mes pas mangent la route. Il n'y a pas de plein ni de vide. Le temps se trompe en conjuguant. ¤¤¤ J'ai froid, j'ai peur et je sais que les mots ne nous sauvent de rien. Le monde est à l'envers. On vole aux pauvres. On donne aux riches. Le monde est trop petit pour sécher tant de larmes. On meurt partout pour des idées. Quand les tortues s'échouent à cause du pétrole, il faut brûler les billets de banque. J'aime mieux souffler sur les bougies que respirer par en arrière. On peut très bien vivre de rien, d'un peu de ciel et d'espérance. Dans la poussière du désert, les semelles toussotent. J'essaie de me tenir à la lisière du sens, le sous-bois du langage, le ruisseau d'encre noire que l'on traverse à gué d'une page à l'autre, mot à mot. Le poème de l'homme sans poème s'écrit sans le gorger d'images. Il n'y a pas d'heure à ma montre, seulement quelques voyelles, pas d'aiguilles non plus mais une aile d'oiseau. Écrire est indicible, c'est comme toucher du doigt l'invisible des autres. Ni le beau ni le tendre n'effacent leur douleur. Les mots qui nous ressemblent nous cachent en nous montrant. J'ai bonne mine avec mon crayon. Il y a tant de mots prêts à sortir du sac. La poésie nous met à poil.
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Ali
| Envoyé jeudi 22 juillet 2004 - 22h38: | |
Très beau texte aux volatiles images!! |
   
Le censuré à venir
| Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 01h04: | |
Beau texte mais pas volatile du tout. |
   
lafourmi
| Envoyé vendredi 23 juillet 2004 - 15h41: | |
pose toi donc toi non volatile, et prépare toi un meilleur avenir développe amicalement ton point de vue ! sourire A bientôt |
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