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jml
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 06h01: | |
Il ne s'agit toujours que de vivre sa vie. J'écris mais je n'en sais pas plus que vous. Ma main tremble parfois quand elle cherche ses mots. Je m'adosse au silence pour reprendre mon souffle. On ne sait jamais où nous mènent les mots. Le paysage qu'on traverse appartient à chacun. Seuls nos pas sont à nous. À petits coups de plume ou d'un clic sonore, je regarde le monde comme un enfant qui naît. Je récupère en mots un cadavre d'oiseau pour en faire un nouveau. Il vole sur la page. Je lutte fleur à fleur contre l'hiver trop long, de baiser en baiser contre le bruit des bombes. Même si on s'arrange mal avec la mort, la vie d'un homme ne tient jamais entre deux dates. Ne cherchez pas dans le miroir la vérité des yeux, un inconnu toujours nous apprend qui nous sommes. Révolté, impatient, limité, je porte le bonheur à bout de bras pour ne pas qu'il se noie dans l'abondance des choses. Quand on tire à pleines mains le ciel vers le bas, je creuse vers le haut. La mort ne prend que les morts. Les vivants continuent quelque part caressant tendrement la tête de ceux qui naissent. Il ne suffira pas d'habiller l'ombre de couleurs mais d'y voir la lumière. Contre les hommes en armes, il y aura toujours un bouquet d'hommes pour cultiver des fleurs. Il y aura toujours des Roger bon temps contre les tristes Jules. Entre l'image et la fumée, une flamme réchauffe les couleurs à venir. Il faut du sang nouveau dans le bras mort du temps, des nerfs de miel, des muscles d'eau d'érable, des veines comme des branches qui parlent en oiseaux, des sémaphores de vie au bout de chaque étreinte, dans le ciel vieilli un plus jeune soleil. Le fils du vieux malheur a un frère d'espoir. Il dort à la belle étoile sur un lit de papier et lorsqu'il se réveille son visage est en fleurs. Exclus des certitudes, j'habite l'illusion mais j'entre dans le jour sans baisser la tête. Je tends à vos miroirs le sourire du coeur. Venu du fond de l'homme, je retourne à la terre retrouver sa lumière. Sur la route inventée des montagnes chaussées de pas accompagnent la mer, des moutons bêlent dans la gorge des loups, des fraises font l'amour entre les barbelés, des étoiles font de l'oeil aux trottoirs nomades, des oiseaux font leur nid avec des brins de neige, du foin d'épouvantail et des perles de pluie. Emmêlant nos sommeils et nos veilles, nos rêves s'entrecroisent sur les fuseaux horaires. Nos doigts sur un clavier dévoilent peu à peu notre jardin secret. L'histoire des fleurs commence bien avant celle des hommes. Pollen devenu sourd aux klaxons de la ville, j'écris comme une abeille que la prose piétine. Du simple mot d'enfant jusqu'au texte plural, nos vocables proviennent d'un même élan d'espoir. Je ne suis pas répartiteur au magasin des métaphores, je fais partie des meubles, tout autant démodé que la parole est neuve. Lorsque le monde part en guerre, je glisse avec chacun sur une échelle poissée de sang. On s'agrippe comme on peut aux barreaux de la paix. Entendez-vous parfois une querelle d'oiseaux dans la volière du coeur ? C'est un poème qui veut naître.
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flo
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 13h02: | |
Il ya plusieurs textes dans ce textes, et tous sont d'une grande richesse. plein de petites élucidations, pistes aux mystères qui criblent la vue, trop d'un coup je dirais: ( J'écris mais je n'en sais pas plus que vous. Ma main tremble parfois quand elle cherche ses mots. Je m'adosse au silence pour reprendre mon souffle. Même si on s'arrange mal avec la mort, la vie d'un homme ne tient jamais entre deux dates. Ne cherchez pas dans le miroir la vérité des yeux, un inconnu toujours nous apprend qui nous sommes. La mort ne prend que les morts. Les vivants continuent quelque part caressant tendrement la tête de ceux qui naissent. des moutons bêlent dans la gorge des loups. Entendez-vous parfois une querelle d'oiseaux dans la volière du coeur ? C'est un poème qui veut naître.) J'aime cette réflexion sur l'action d'écrire comme acte militant d'espérance. |
   
aar
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 15h26: | |
et si les gens arrêtaient de penser à eux-même s'ils arrêtaient de s'observer, de se compter les rides les rebroussements d'âme, s'ils arrêtaient de se tourner dans le Prater de leur personne de remplir la minuscule fiole de son soi d'essuyer les mots qui débordent le pas sempiternel du moi au moi le double du vrai, le rouge du blanc de Celsius en Farhenheit les mots, les mots, les morts... funambules d'arabesques et si les gens pensaient des fois au contact avec les autres, à la communication, à ce petit quelque chose légèrement humain, légèrement coloré ces petits riens immenses et si les gens merde... toujours ma rhétorique claudiquante
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so-so
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 17h02: | |
oui oui, aar, ...avec le danger de tellement communiquer avec les autres qu'on perd tout contact avec soi-même. si on cherche un peu, on découvre assez vite que soi est rempli de tellement d'autres, qu'une vie ne suffit pas à les connaître. aller vers les autres constitue souvent un excellent moyen de se fuir soi-même, de n'exister justement que par le regard des autres et de devenir une mosaïque de reflets qui noie leur véritable origine. mais je suis d'accord que le nombrilisme constitue aussi un grand danger. souvent, je crois, il est provoqué par un cordon mal rompu qui étouffe, une cicatrice mal guérie qui retient toute l'attention, qui ne cesse jamais de démanger, et qui peut devenir obsessionnelle. mais je ne crois pas que l'ouverture sur le monde passe par la "quantité". une seule relation de "qualité" avec un(e) autre peut suffire à s'ouvrir à l'univers tout entier ("un seul être vous manque et tout est dépeuplé", ou quelque chose comme ça). ...et c'est peut-être quand on effleure l'universel en soi qu'on communi(qu)e le mieux avec les autres, y compris par un silence qui, dans ce cas là, en dit sans doute davantage que tous nos longs discours et nos plus ardentes prières... amen :-) |
   
Ln
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 17h12: | |
écouter l'autre et aussi lui répondre. se donner et accueillir la vie est un cercle.
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so-so
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 17h16: | |
un cercle ? de quoi tourner en rond un moment... je préfère avancer et prendre la tangente ;-) |
   
Ln
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 17h20: | |
froussard (;-)))
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Ln l'astronome ;-
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 17h22: | |
j'oubliais!!! tu sais que la terre aussi est ronde ? que l'univers est plein de cercles , on n'en sort pas quoi qu'on fasse.
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PhiliPpE
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 17h30: | |
so-so. Tu connais la devise de Socrate ? C'est exactement ce que tu dis; je le la donne au cas où. "Connais-toi toi même, et tu connaistras l'univers et les dieux." Bonne soirée à tous. Philippe |
   
so-so
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 19h25: | |
hé ! PhiliPpE ! so-so... socrate t'avais pas fait le lien ? mon pseudo m'évitait, jusqu'à ce que tu me démasques, de donner l'impression de radoter ! Ln (bof, j'ai l'impression de parler à une vieille voiture) : le ventre de la mère est rond aussi... il s'agit justement d'en sortir ! je n'accepte comme rond que celui dont la circonférence est infinie et dont le centre est partout. par contre, les courbes me fascinent et je déteste les angles. et connais-tu l'expression "courage, fuyons" ? ;-) |
   
Christiane
| Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 20h11: | |
La terre est ronde Et je m'ennuie autour Et puis après
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Florent
| Envoyé vendredi 30 juillet 2004 - 03h04: | |
Après il y a vous Il y a moi Et notre pont Si droit Droit comme le jour Se tient Sur les mains ouvertes
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le chat botté
| Envoyé samedi 31 juillet 2004 - 18h42: | |
après il y a encore vous quelque toi et d'autres encore viendront des ponts par myriades dans l'alternance des syncopes chaque paume un soleil lui toi eux nous mêmes fibres recommencées [ je est l'autre ] disait Lacan ; qui est l'autre ? dis-je en souriant |
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