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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.05.2004 au 31.08.2004 » Lâcher prise « précédent Suivant »

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Arno
Envoyé mercredi 04 août 2004 - 23h12:   

Rien ne retient plus les pans de neige lourds, sur les alpages. Ruissellement sourd et délicat, les marécages s'abreuvent et régurgitent, par touffes, ces fleurs de coton, tordues, presque lunaires.

Ce matin l'étang tourbeux, plus noir que la nuit qui l'a quitté, plus sombre que le bleu des gentianes, m'a appelé, frissonnant sous la brise. Cet air doux, je l'ai senti, ces mousses terreuses, ces lichens barbus et rèches sur l'écorce des mélèzes, ces promesses de myrtilles, ces spores de vesses-de-loup que l'on écrase en automne, et la résine des arolles, de ceux qui n'ont pas accusé la foudre...

Et j'ai compris ce bisse, tortueux et vaseux, éventré par le retour des bêtes, bouseux, dans un recoin nourri des têtards informes, qui caresse la salamandre, et qui, comme chaque printemps, soulage le glacier, indéfectiblement.

Mes doigts pianotent encore, sur mon bâton, cet air doux, cette chanson du feu inquiet aux premières heures, les septembres jaunes... Gorgé de vie, sur ces pâturages, je contemple l'aube grise et mouillée noyant le hameau, car j'ai devancé le jour. Aube! Je réponds à l'appel, et mes doigts se calment qui croient saisir les mots: lâcher prise!
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Cécile
Envoyé jeudi 05 août 2004 - 08h35:   

Bonjour Arno, intéressant ce texte et il y a un bon travail sur le vocabulaire. C'est parfois à la limite de l'abstrait. En tous les cas, il me fait beaucoup d'effet.
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Arno
Envoyé mardi 17 août 2004 - 20h39:   

Merci Cécile pour ces remarques et impressions. Ce sont des souvenirs d'enfance, de randonnées dans les alpages à la limite des névés, entre les rhododendrons et les pierriers, où les bisses s'alimentent, ces torrents domptés utilisés pour l'irrigation. Surprendre le jour sur ces hauteurs a été pour moi une expérience singulière, à la fois d'étrangeté, de grandeur et d'humilité face aux éléments. C'est presque métaphysique en y repensant; voilà pourquoi le vocabulaire tend vers l'abstrait je suppose.

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