Libération Log Out | Thèmes | Recherche
Modérateurs | Fiche Personnelle

66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.05.2004 au 31.08.2004 » Libération « précédent Suivant »

Auteur Message
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

yh
Envoyé mardi 24 août 2004 - 22h33:   

Ces commémorations m'agacent. On est un pays de commémorations. Je suis sans doute le seul ou un des seuls de cette liste à avoir vécu ces événements. Et sous Papon à Bordeaux, avec la peur au ventre. Il y a eu des gens admirables, individuellement. Mais collectivement ce n'était presque jamais le cas. Un commissaire de police la veille des arrestations de juifs nous donnait leur liste pour qu'on les avertisse pendant la nuit. Cet homme là risquait sa vie et il a payé. Mais qui les arrêtaient, ces juifs, à l'aube, qui embarquait sur ordre femmes vieillards impotents et enfants dans leurs camionnettes ? D'autres flics, tous français . Ce ne sont pas les allemands qui ont fait les grandes rafles du vel d'hiv mais les policiers français. Qui les a poursuivis et condamnés ? La pitié n'existait pas. Cette guerre il fallait la faire, résister, il fallait le faire, mais qu'on nous foute la paix avec les images d'épinal et les récupérations politiques en nuages de fumées. Tuer quelqu'un sur ordre dans un traquenard peut être une nécessité de guerre mais moralement et humainement, c'est dégueulasse à faire. Et ça vous marque.Ou alors, vous n'êtes pas meilleurs que ceux qui font la même chose de l'autre côté. Et vous n'avez aucune envie qu'on vous commémore.
**************
L'EXECUTION

Il est là, devant toi,
seul, debout dans un champ
et tu dois lui tirer
une balle dans le ventre ?

Il sourit il regarde
du côté de la ville
il ne s'attend à rien.
Il est si doux, le vent.

C'est un traître, d'accord,
mais sait-on seulement
ce que mourir veut dire
quand on a dix-huit ans?

Et tuer froidement
quand on est des enfants
aussi cons, aussi fous
dans la guerre salope
et qu'il fait grand beau temps?
*
(Dans la gueule d'ombres)
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

so-so
Envoyé mercredi 25 août 2004 - 11h29:   

l’aspect « témoignage historique » (précisé en introduction) est sans doute sensé rendre toute critique impossible.
Je soupçonne un brin de manipulation dans ce drôle de procédé qui a tendance, bien sûr, à favoriser la confusion entre le texte et l’auteur (critiquer le texte, c’est critiquer l’auteur, le témoin de cette douloureuse période et donc, c’est probablement « dégueulasse à faire »…).

cependant, la « mise en strophes » me semble avoir essentiellement une vocation esthétisante qui masque mal les maladresses et la banalité du texte et de ce qu'il voudrait faire passer sur un sujet aussi difficile (à moins que l’expression « guerre salope », par exemple, ne soit à considérer comme une grande audace poétique ou littéraire).

on l'aura compris, ça me laisse plutôt perplexe...


Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

pHiliPPe
Envoyé mercredi 25 août 2004 - 12h01:   

Moi, ces commémorations de la libération m'ennuient profondément. J'en ai déjà suffisament entendu comme ça !
On devrait plutôt parler d'avantage de l'anniverssaire de la naissance de Salvator Dali.
Salvator Dali, c'est à lui seul, le surréalisme ! à lui seul, le modernisme du siècle dernier !
N'en déplaise à André Breton que pourtant j'ai pris plaisir à lire !
Yv, excuse moi pour ça, mais trop c'est trop !
De toute façon, on est toujours seul avec son histoire, je ne crois pas à l'histoire collective des manuels d'histoires.



Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

yv
Envoyé mercredi 25 août 2004 - 12h28:   

...et je te laisse à ta légitime perplexité, à tes doutes sur le collage du texte sur l'auteur pouvant faire supposer effectivement que l'auteur peut écrire pour se faire passer pour ce qu'il dit, et sur la difficulté quand on veut critiquer un texte de risquer de critiquer l'auteur non en tant qu'auteur mais en tant qu'acteur supposé de ce qu'il dit.A ce moment là il semble difficile d'écrire tout court et de faire des récits ou des témoignages. La mise en strophes comme tu dis n'est qu'une mise en forme. De celles qui peut faire passer le mieux possible ce qui est dit.
Mais s'il y a un piège certain à présenter en littérature des fait que le lecteur peut attribuer à l'auteur qui à ce moment là serait à la limite de la mystification, le piège existe aussi pour l'auteur qui tenterait de se défendre de cette mystification en disant : oui c'était moi, et de se faire passer pour le héros qu'il sait bien ne pas avoir été.
Si cependant tu veux avoir cette fois l'auteur parlant comme acteur de ce qu'il a dit et fait, tu peux lire Journal de nuit publié par Sutton. Cette fois il s'agit d'une provocation directe en dénonçant ce que l'enfant que j'étais alors a vu et fait et ce qu'on lui a fait faire dans le doute la peur et l'inconscience. Plus rarement, le courage.
Je suis souvent dans ce que je publie, quand j'arrive à le faire, un provocateur. Pour moi un provocateur c'est celui qui dit ce qu'il a vu et fait quand la société et non un tartempion présente une image mensongère historique, ou quand il rappelle des faits oubliés volontairement. Je dirais enfouis.
Je me permettais de trouver surprenant dans ce mail qu'on glorifie quelques policiers effectivement courageux en laissant de côté qu'à un moment la police et la justice françaises avait été un des rouages essentiel de l'extermination des juifs. Il ne faut pas se rouler dans la vieille merde, ce qui ne sert à rien, mais il est bon de temps en temps de rectifier les mensonges sur des périodes dont on a été le témoin.Et c'est peut être là un des rôles del'écriture. Mon poème est sans doute banal et relatant des faits connus. Ce qui est peut être moins banal c'est d'être un des rares à les dire encore, gommant bien des images d'Epinal qu'on nous enfonce dans le crâne, des jeunes essentiellement. Le moins qu'on puisse dire est qu'on agace à être à contre-courant. Qu'Hiroshima avec ses 400.000 civils massacrés sans risque en quelques secondes et Dresde 180.000 en quelques heures sont des crimes de guerre comme ceux d'Hitler et de Staline, on le murmure parfois, mais traîner De Gaulle Chrchill ou Eisenhower en tribunal posthume pour crimes de guerre, ce n'est pas pour aujourd'hui la veille...Et pourtant...
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Cécile
Envoyé mercredi 25 août 2004 - 12h31:   

Tiens ! C'est marrant Philippe je suis en train de lire la biographie de Frida Khalo. Les surréalistes l'avaient inclus dans leur clan alors qu'elle ne connaissait pas elle même l'existence du courant surréaliste avant sa rencontre avec André Breton qu'elle trouvait d'ailleurs très ennuyeux ! Je ne sais si tu connais un peu l'oeuvre de Khalo... Pour ma part, je la trouve plutôt très réaliste ! Je ne sais sur quels critères se sont basés tous ces messieurs dame, car Frida peignait sa douleur. Mais il est dit aussi dans la biographie qu'André Breton avait volé un retablo dans une église au Mexique car il trouvait que c'était surréaliste (alors que pour son entourage c'était un objet saint)

Yves, on te dit que c'est ennuyeux. Je ne partage pas cet avis... Tu es surement bien placer pour parler de choses qui ont marquées ta vie. Par exemple, moi si j'écris un poème sur la guerre ce serait mal venu car je ne l'ai jamais connue. Et il faut bien des gens pour nous rappeller que tout n'a pas toujours été rose !
Et ce sont tes mots, tes propres mots qui ne sont pas destinés à épater mais qui sonnent vrais même si d'autres peuvent leur trouver un caractère banal.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

so-so
Envoyé mercredi 25 août 2004 - 14h16:   

Yves, tu justifies ton texte par sa portée politique (qui n'apparaît nullement si tu ne l'argumentes pas comme tu viens de le faire).
sur cet aspect précis, je ne crois pas que tu fasses partie d'une race en voie d'extinction qui dénoncerait toutes les infamies guerrières, des plus anciennes aux plus lointaines. l'actualité récente est ponctuée de combats contre l'intoxication médiatique et politique à propos de conflits qui seraient devenus "propres".

mais revenons au texte.
je le répète, je trouve que l'usage du "poème" esthétise ton message qui devient presque... anachronique (un peu comme cette tendance à enjoliver les souvenirs, du genre "ah, c'était quand même le bon temps !")...

les faits que tu évoques devraient donner envie de vomir, or la forme employée les rend presque bucoliques ("Il sourit il regarde / du côté de la ville / il ne s'attend à rien. / Il est si doux, le vent.")
on est très très loin à mon sens de la provocation que tu revendiques ou bien elle prend ici des voies qui m'échappent complètement.
il ne suffit pas (ou plus ?) de dire "cons" et "salope" pour faire d'un texte un brûlot contre l'hypocrisie collective.


Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Arno
Envoyé mercredi 25 août 2004 - 15h28:   

A mon avis, la forme que prend le poème s'accomode plutôt bien du fond, en ce qu'elle fait ressortir l'absurdité du geste. L'opposition entre le monde intérieur du tireur et l'environnement est assez patente, mais l'effet est d'autant plus grand que le vocabulaire est simple, sans avoir besoin de disséquer l'horreur. Quant aux interrogations, sans réponses, elles sont pour le moins de circonstance. Je pense que toute mise en forme est forcément "esthétisante" puisqu'elle reconstruit une expérience en choisissant (selon elle) la meilleure voie possible (pas forcément la plus esthétique) pour la dire, ou la faire sentir. En l'occurence, ces strophes sont suffisamment percutantes pour me faire sentir les doutes terribles de cet exécutant, et l'ambiguïté de la situation.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Philippe.
Envoyé mercredi 25 août 2004 - 15h54:   

Cécile, non, je connais pas Frida khalo, puisque j'ai pas fini d'étudier la vie et l'oeuvre de Salvator Dali. Je m'y plonge entre mes autres activités par intermittence.
C'est très intéressant de réflechir là-dessus par le sentiment.
Tout ceux qui ont dit du mal de lui l'ont fait gratuitement sans rien y connaître, même si son attitude ne pouvait qu'amener ce genre de réactions de gens qui ne connaisseent rien à rien comme aussi da la jalousie. être jaloux et envieux sont les tares du sentiment de l'amour.
Le pouvoir de sa curiosité a été fascinant et puis vouloir réduire son activité, qu'à la peinture est ridicule.
Ce que je découvre en lui réveille toujours quelque chose de nouveau en moi, quand je me plonge dans son univers.


Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Cécile
Envoyé mercredi 25 août 2004 - 16h34:   

Tiens Philippe, ce midi je me suis achetée la vie secrète de Salvador Dali par Salvador Dali. Tu l'as lu ? En tous les c'est un peu grâce à toi que je me le suis achetée ! Comme ça nous serons 2 à parler de Dali !!!

Pour Frida, tu peux louer ou acheter le dvd, le film est extraordinaire ! Ca te donnera envie de la connaître plus, j'en suis sûre.

Des liens sur elle :

http://www.mexique-fr.com/frida.php
http://perso.wanadoo.fr/vivamexico/Index1/FridaKah lo.html
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

yh
Envoyé mercredi 25 août 2004 - 16h57:   

Je suis heureux d'avoir ces réactions, y compris celles de soso, bien sûr. Je suis d'une autre génération, c'est vrai, et jouer au jeunet rend plutôt ridicule. Mais ce qui fait se rejoindre les générations est l'histoire.
Les émotions sont difficiles à partager. Car les moments les circonstances et les mentalités ont profondément changé. Mais les faits, eux, se reproduisent sous nos yeux. J'ai vécu les guerres coloniales, manifesté, etc. Nous vivons une guerre coloniale ou même plusieurs. J'ai assisté à la montée d'une puissance qui prétendait dominer le monde. Elle a dieu merci échoué. Nous assistons à la montée d'une superpuissance qui ne cache pas ce même but. Et son projet est en bonne voie. Un gouvernement démocratique nous a menti comme on nous ment. Il était impossible que les simples troufions français torturent et violent sur ordre. On l'a cru et il a fallu les confessions d'un général Aussaresse, vite oubliées pour le croire. Le système de la torture et du viol comme moyen militaire semble impossible dans une belle démocratie et son usage devient vite général et tristement nécessaire dès qu'on veut écraser une résistance. Et ainsi de suite. Le régime nazi et les camps d'extermination sont nés en très peu de temps dans le pays qui avait le plus de prix Nobel au monde et l'un des plus civilisés.. Cela est possible en France comme ailleurs et à bref délai. Mais nous n'y croyons pas.
Le service que peut rendre un écrivain à mon avis dans notre période où tout bascule est non pas de dire l'homme est mauvais définitivement, il n'y rien à faire mais d'alerter quand la violence extrème s'installe d'où qu'elle vienne. Les commémorations m'irritent non pas parce qu'elles rappellent des événements heureux (moi aussi, j'entrais dans Bordeaux en brandissant mon drapeau sur un camion poussif et la joie, la vraie, était délirante et légitime ) mais parce qu'elles camouflent qu'en France dans une élection de président de la république son combat direct était avec un mouvement fasciste et qu'en Allemagne Hitler a été démocratiquement élu.
Mais j'arrête pour ne pas paraître un excité ultra. Quant à défendre le poème, ce n'est pas tellement difficile. Il est simplement réaliste, comme le printemps l'était autour des crématoires où dans certains il y avait de beaux massifs de fleurs et un bon orchestre de musique baroque de musiciennes squelettiques. Il ne faut pas être excessif mais tout au moins rester lucide. Et c'est bien difficile, à moi comme à d'autres.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

pHiliPPe
Envoyé mercredi 25 août 2004 - 18h40:   

Cécile, j'espère que tu aimeras ce livre.
Cet été, j'ai été à Cadaquès et j'ai été surpris de voir que son oeuvre complète est constituée de trois gros volumes, pour l'essentiel non traduit, à ce jour, j'ai visité, de même, sa maison à Port Ligat, son musée et le chateau de sa femme à Pubol ( qui voulait vivre ici, dans l'arrière pays, les dernières années de sa vie, seule, loin des visiteurs et des touristes de Port Ligat).
Le tout pour m'imprégner de son oeuvre et de sa vie plus intimement.
Son oeuvre est une oeuvre autobiographique, il y aussi Robert Descharnes pour ce qui le concerne (il a publié beaucoup sur lui), il a vécu dans son intimité amicale pendant 40 ans, était considéré par Dali, comme son homme de confiance et lui a sauvé la vie dans les années 80.
Merci pour du renseignement de Frida Khalo.
Je vais voir cela.

Le postage de nouveaux messages est actuellement désactivé dans cette catégorie. Contactez votre modérateur pour plus d'informations.

Thèmes | Depuis hier | La semaine dernière | Vue d'ensemble | Recherche | Aide - Guide | Crédits programme Administration