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Leezie
| Envoyé jeudi 23 septembre 2004 - 00h31: | |
Dans le soleil qui verse il y a le champ de blé de mon amour il est encore au juste j'ai du mal à ne pas chanter de ces belles souples lignes que nous dessinions sur les rails un peu tendres à la portée de peau l'armure était bouillante brûlante j'ai oublié même lui a oublié si finalement un train était en marche ou bien non peut-être un tout petit wagon presque rien au milieu des chênes verts des genévriers ça brûle encore c'est sûr les familles ne sont pas toujours si heureuses mais les syllabes résonnant ça verse une rivière aussi je me demande le soleil je me demande si c'est quelque chose qu'on a récité avec ton coeur tout haut dans la lumière des lampes un peu vacillante une espèce de rite des pages et des pages et des pages et des fenêtres où est-ce qu'on les a ouvertes où ? |
   
khalid
| Envoyé jeudi 23 septembre 2004 - 10h23: | |
tu as un énorme capital de sensibilité leezie...un petit contre pas cependant même lui a oublié..... et plus bas je me demande si c'est quelque chose qu'on a récité avec ton coeur... est-ce volontaire? |
   
Leezie
| Envoyé jeudi 23 septembre 2004 - 13h23: | |
bonjour Khalid, merci de ta lecture sensible aussi, "j'ai oublié, même lui a oublié" est une tournure de langage oral, voilà pourquoi peut-être cela choque et oui l'autre passage est volontaire, ON a récité avec TON coeur, ce qui suppose trois personnes à bientôt, et amitiés |
   
khalid
| Envoyé jeudi 23 septembre 2004 - 13h30: | |
nous diras tu qui est cette troisième personne...si singulière ? celle que tu étais sur le point de nommer quelque part ailleurs? khalid...fouineur |
   
Leezie
| Envoyé jeudi 23 septembre 2004 - 14h19: | |
hello de nouveau cher Khalid, il s'agit de regards croisés, et bon je crois que ça n'apporterait rien si je donnais mon inspiration, chaque lecteur y trouve ou n'y trouve pas ce qui parle à sa sensibilité particulière hier je revenais en moi-même, simplement, et je voyais que malgré tout, malgré tout le reste, il y avait toujours, pour peu qu'on le cherche et qu'on y soit présent, ce noyau bouillant, brûlant, donnant un infini bonheur, voilà c'était le sujet selon moi... |
   
khalid
| Envoyé jeudi 23 septembre 2004 - 15h53: | |
continues à revenir en toi même de cette belle manière...pour notre plaisir à tous... |
   
khalid
| Envoyé jeudi 23 septembre 2004 - 15h56: | |
quelques petits pas furtifs dans mon "moi-même" Visions de bohneur Un soir d'été où la chaleur faisait craquer les mémoires comme une terre desséchée, je me suis parcouru de l'intérieur à travers un dédale accidenté de souvenirs intemporels, recherchant ce bonheur fugitif, tel un héraut en quête du Graal. De Perceval j'en avais peut être l'armure mais de son cœur, le mien était loin d'être pur. Je baissais mon heaume devant l'assaut d'une horde de réminiscences tourmentées et amères. Elles m'assaillaient d'armes redoutables que je portais en moi sans m'en rendre compte. Désir, envie, passion et d'autres encore me blessaient jusqu'au fond de l'âme par leur épées de peines et de larmes. Mon armure forgée dans l'orgueil le plus pur semblait les attirer de la force d'un amant attirant l'adultère. Je devenais prisonnier de ma propre cuirasse qui amplifiait leurs taïauts comme une cloche d'airain. Comprenant soudain qu'elle ne me servirait à rien, je brandis haut mon alfange forgée dans l'espoir des hommes et aiguisée sur la pierre rêche de ma volonté et l'abattis dans un grand cri de douleur se mêlant aux râles de ces sombres créatures et de mon armure qui volait en éclats. L'explosion ouvrit une brèche dans un méandre de mes circonvolutions cérébrales. Les morceaux épars de toutes ces bribes de noirs souvenirs furent happés à travers l'ouverture, vers ce feu bleuâtre qui crépitait tranquillement de l'autre côté. A chaque fois qu'un éclat noir de ces démons venait se désagréger en une gerbe d'étincelles sur ses flammes, une brise légère s'en échappait m'amenant un parfum de café ou celui des cheveux de ma mère...
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khalid
| Envoyé jeudi 23 septembre 2004 - 15h58: | |
ou encore... Réminiscences... Il est des souvenirs qui restent gravés dans nos mémoires, comme si celles-ci s'accrochaient à ces bribes de vies pour rassembler les morceaux épars de notre identité, reconstituant le puzzle de nos "moi" quelque part inachevés, y puisant à l'usure en fonction de l'instant, les images, les sons et les odeurs permettant de nous reconnaître dans les événements de nos existences. Elle est loin l'époque où, justement par l'absence de ces réminiscences, l'enfant que nous étions, au souvenir encore rare, lorsqu'il se mirait dans un miroir, jubilant devant cette complétude enfin trouvée, se retournait instinctivement vers le regard de sa mère pour une confirmation de la certitude apaisante de son être. Elle est certainement loin cette douce époque où, la tendresse d'un regard maternel suffisait à remettre le puzzle désordonné par nos "et moi?" en place et en phase de nos émois. Nous voilà adultes. Forts de nos certitudes ? pas toujours hélas ! Tant d'images se mélangent dans nos têtes qu'on s'y perd parfois à se demander de laquelle nous vêtir. Si mamans et enfances sont lointaines aujourd'hui, n'en demeure pas moins le désir intense de notre identification à l'architecture que l'on croit être capable, vaniteusement, d'envisager en toute objectivité sans plus attendre ni rechercher les approbations initiales et sentimentales qui nous avaient guidés et rassurés quand nous en étions encore aux fondations. Nous voilà grands et prétentieux de notre savoir, nous complaisant dans un "moi" où le plus souvent l'autre, lorsqu'il nous reflète une image imparfaite, se trouve être l'exutoire de notre imperfection nous poussant à le maudire pour le bonheur qu'il ne nous donne pas. En fin de compte nos certitudes ne seraient-elles qu'un jeu de miroir ou l'image de soi se trouve sans cesse amarrée au discours de l'autre? C'est en voulant approfondir cette question, qu'au fil d'une lecture, je découvris ce stupéfiant récit : Un chinois qui venait de mourir, fut tout d'abord envoyé en enfer afin de mieux goûter le paradis. Il y trouva des hommes tristes et faméliques, attablés pourtant devant des bols pleins de riz. S'approchant d'eux, il vit le handicap qui était à l'origine de toute leur souffrance: leurs baguettes mesuraient deux mètres de long ! arrivé au paradis, le spectacle fut des plus déroutants. Les individus étaient sereins et repus, pourtant les baguettes posées sur la table mesuraient aussi deux mètres de long! Lorsque le repas débuta dans la bonne humeur, notre homme put constater avec stupéfaction que chacun nourrissait celui qui était assis en face de lui… Je compris alors, grâce à cette parabole chinoise, ce que pourrait être l'humilité de reconnaître nos failles, sans prétendre atteindre à la perfection, car elles témoignent de nous autant que nos acquis . Ces failles que l'on colmate par ce plat préféré de l'âme : la vanité. Je compris surtout, en laissant remonter cette réminiscence de la vision "saine" de l'enfant qui sommeille au fond d'une de ces failles que, justement, parce qu'il est l'écran de toutes mes projections et qu'il participe à la découverte de moi-même, l'autre n'est plus celui qui m'empêche d'exister mais celui qui me permet d'être.
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