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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.09.2004 au 10.01.2005 » Machu Picchu « précédent Suivant »

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Cécile
Envoyé lundi 27 septembre 2004 - 21h06:   

Intenses
les tons verts se fondent
dans les traits d’un visage
perdu

mystérieuses
les pierres murmurent
aux flancs de la montagne
Machu

diffuse
la brume s’élève
sur les forêts du temps
Picchu

Silence
L’émotion s’étend
Sur le manteau inca
Perdu
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Ali
Envoyé lundi 27 septembre 2004 - 22h30:   

Poème d'une belle et intense musicalitè! Merci Cécile
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aglaé
Envoyé mardi 28 septembre 2004 - 14h29:   

C'est exactement ma famille de poèmes, Cécile. Mais ce n'est pas la première fois que j'en fais la remarque. C'est simple et ça fluide. Glaé
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aar
Envoyé mardi 28 septembre 2004 - 17h34:   

Un poème sur le Macchu Picchu ! Bravo Cécile. Tu nous donnes en partage cette grandeur démesurée que tu as ressentie (je suppose que tu y es allé au Macchu Picchu).
Le frémissement corporel, le vol de l’âme, le frère condor… toutes ces images, résumé d’émotions mystiques…. Ouais ! D’accord, c’est bien joli tout ça.
C’est parfaitement dans le sens des poils de notre culture fauteuil (à brousse-poils si tu préfères)

Mais il ne faut quand même pas que la poésie nous cache la vraie poésie, l’autre, celle du Macchu Picchu ce grand mégalomane fait de hautes pierre calées par des ongles, des phalanges, des osselets... Celle de troupeaux d’esclaves à la tache. Celle de l’aliénation d’un peuple pour une poignée de roitelets, prêtres ou caporaux obèses. Transposés à aujourd’hui on les appellerait Führers, SS , Kapos, ou bien Goulags, ou Raison d’Etat….

Et notre soif ésotérique de voir dans toute civilisation perdue une grandeur qui nous « manque » ici-bas ! Ah, transe des vieilles pierres , comme tu nous tiens !

Les incas, peuples du soleil ! Et pour remercier le soleil, les prêtres incas sacrifiaient un enfant tous les dimanches à la messe, en lui fracassant la tête contre le rocher.. Et oui ! (les mayas et les aztèques, eux, arrachaient les cœurs des poitrines, par dizaines, par centaines, parfois par milliers quand c’était une grande fête).

Pablo Neruda est un des premiers a être monté au Macchu Picchu , en 1945. A cette époque-là, il fallait 15 jours de marche à travers la jungle pour y accéder (aujourd’hui, il y a un parking payant, et on peut même y aller en hélicoptère).
Il a dénoncé cette « grandeur mégalomane » cette « froideur brutale » dans un grand chant lyrique Alturas de Macchu Picchu.

Un passage :

« Mirame desde el fondo de la tierra
labrador, tejedor, pastor callado
domador de guanacos tutelares
albanil del andiamo desafiado
aguador de las lagrimas andinas
joyero de los dedos machacados
agricultor temblando en la semilla
alfarero en tu greda derramado. »
(chant XII)

Traduc grossière:
« regarde-moi du fond de la terre
toi, travailleur, tisserand, berger
dompteurs de lamas sauvages
maçon d’un échafaudage traître
porteur d’eau des larmes andines
joaillier des doigts cassés
paysan tremblant comme ta semence
potier disparu dans ta glaise »

Juan Rose a traduit sa vision d’une autre façon, en humour dérisoire .

« Macchu Picchu, je me suis assis
deux foix à tes côtés
pour regarder ma vie
et non pas pour te contempler
parce que nous avons besoin
de moins de beauté, Père,
et de plus de sagesse »


Allons, poètes, sortez de vous salons et de vos souliers de velours.
Entrez dans la pierre.




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Hélène
Envoyé mardi 28 septembre 2004 - 19h14:   

j'aime bien que la poésie nous apprenne des choses .
merci cécile et Aaron .
malheureusement quand on lit l'histoire tant celles des religions que celle des idéologies on s'aperçoit que l'idéal qui devrait un beau sentiment a provoqué bie n des cruautés des injustices des morts.
des hommes avides de pouvoir et d'argent on profité de la naïveté et de la crédulité des simples pour s'enrichir et dominer les peuples.

la poésie oui nous en avons grandement besoin pour nous reposer des horreurs, mais ne pas oublier d'avoir toujours avoir un refuge de lucidité . surtout quand elle est diffusée par des dirigeants de tout bord.

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Cécile
Envoyé mardi 28 septembre 2004 - 23h05:   

Merci à vous... Aar, oui je suis allée au Machu Picchu. C'est un lieu où la pierre parle où une certaine émotion s'installe. Déjà en regardant ces pierres, en se demandant comment ces hommes les ont assemblées, avec quelles technologies, en pensant à cette civilisation, grande, belle et à la fois cruelle (quoique les incas étaient un peu moins féroces que les aztèques, mais quand même ils l'étaient. Ils faisaient beaucoup de sacrifice d'animaux aussi), cette civilisation mise plus bas que terre par des gens qui étaient encore plus féroces !!!

Pablo Neruda, les hauteurs du Macchu Picchu... Cesar Vallejo aussi fait référence au monde des anciens péruviens.

Allez, un extrait de Neruda pour le plaisir !

Alors j’ai grimpé à l’échelle de la terre
Parmi l’atroce enchevêtrement des forêts perdues
Jusqu’à toi, Macchu-Picchu.
Haute cité de la pierre scalaire,
Demeure enfin de celui que la terre
N’a point caché sous les tuniques endormies.
En toi, comme deux lignes parallèles,
Le berceau de l’éclair et le berceau de l’homme
Se balançaient dans un vent plein d’épines.

Mère de pierre, écume des condors.

Haut récif de l’aurore humaine.

Pelle abandonnée dans le premier sable.

Ceci fut la demeure, il reste ici l’endroit :
Ici les larges grains du maïs s’élevèrent
Avant de redescendre comme une grêle rouge.

Ici le fil doré sorti de la vigogne
Pour vêtir les amours, les tumulus, les mères,
Le roi, les prières, les combattants.
Ici, pendant la nuit, les pieds de l’homme reposèrent
Près des pattes de l’aigle, dans les hauts repaires
Des carnassiers et, à l’aurore,
Ils foulèrent avec les pieds du tonnerre le brouillard raréfié,
A les identifier dans la nuit ou la mort.

Je regarde les vêtements, les mains,
Le vestige de l’eau dans la faille sonore,
La paroi adoucie par le contact de ce visage
Qui regarda avec mes yeux les lampes de la terre
Et qui graissa avec mes mains les bois
Disparus : parce que tout, les habits, la peau, la vaisselle,
Les mots, le vin, le pain,
S’effaça, rentra dans la terre.

Et l’air passa avec ses doigts
De fleur d’oranger sur les endormis :
Mille années, des mois, des semaines d’air,
De vent bleu, d’âpre cordillère,
Qui furent comme de doux ouragans de pas
Lustrant la solitaire enceinte de la pierre.

Extrait de Chant général, éditions Gallimard 1977, page 36 à 38

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ali
Envoyé mercredi 29 septembre 2004 - 00h22:   

C'est très beau tout ça!!Merci à vous tous; Cécile avait fait de très belles traductions à plusieurs poémes et poétes incas ,on aimerait qu'elle nous en publie dans ce fil quelques extraits!Fais moi ce plaisir ma Cécile!!Bises
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Cécile
Envoyé mercredi 29 septembre 2004 - 20h16:   

Oui j'ai essayé de traduire quelques poètes du Pérou, mais il ne s'agit pas d'incas, mais de péruviens contemporains. j'ai travaillé notamment sur des poètes surréalistes comme César Moro.

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