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jml
| Envoyé vendredi 15 octobre 2004 - 20h00: | |
TANT DE LIGNES IMMOBILES Chaque matin je relis la leçon des insectes. Je repasse dans ma tête les étoiles du soir. Isolées de la nuit, elles parlent une autre langue que celle des regards. Le vent caresse en vain tant de lignes immobiles. J'aurais pu naître à Barcelone, à Chicago, aux Seychelles, dans la fraîcheur d'un tableau ou la bouche d'un volcan. Je suis né dans ma mère, un petit village d'eaux, de caresses et d'espoir. Tout ce que je suis me fut donné par le regard des amoureuses, du papier de ma peau jusqu'au poil des mots. Le monde crie trop fort, se suicide et s'étripe. Les hommes désapprennent le livre des saisons. On a mis une cagoule au cœur, un bandeau sur le rêve. Les heures, les accouchements, les dettes, tout est chiffré sauf les morts. On les enterre au bulldozer dans le sable des déserts. On a mis à l'amende les couturières du trèfle, bâillonné les cigales. Le rêve s'est pendu au fil de l'histoire sans mandragore ni goutte de sperme. Les hommes en quarantaine attendent le Messie en comptant leurs cartouches. Ils pèsent l'avenir à tant le poids de sang, la mer à tant le poids de sel, la sueur à la trique et l'espoir en Dow Jones. Tout peut sauter d'une mine à l'autre, d'une minute à l'autre. Le printemps compte ses bleus sous les souliers ferrés. J'ai l'air de quoi avec mon petit pain, mon sourire et mes mots, ma table ouverte au vin, au vent, à l'air des chansons, les bras en accolade et les larmes en fleurs. J'ai l'air de quoi sans fusil quand l'homme chasse l'homme.. J'entre en forêt comme en prière. Je redresse une tige. Je repeins l'arc-en-ciel. Je répare la voix d'un rossignol muet. Je conjugue à l'envers les verbes en colère et dessine le ciel sur les vitres embuées. Je vois l'éternité sur le bout des secondes. Au cœur des galaxies, je transfuse l'azur avec un dé à coudre. 14 octobre 2004
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hélène
| Envoyé lundi 18 octobre 2004 - 09h20: | |
"je relis la leçon des insectes. Je repasse dans ma tête les étoiles du soir." "Le monde crie trop fort, se suicide et s'étripe tout est chiffré sauf les morts" "J'ai l'air de quoi avec mon petit pain, mon sourire et mes mots" "J'ai l'air de quoi sans fusil quand l'homme chasse l'homme" Jean Marc , tu as l'air d'un homme , un vrai , qui est resté l'homme des origines. magnifique poème qui a embué mes yeux diffuse-le partout où tu pourras sur le site poètes contre la guerre par exemple. merci d'avoir écrit ça |
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