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DUFRENOY Pascal
| Envoyé mercredi 20 octobre 2004 - 21h49: | |
Le Départ. PRELUDE L’ombre bleutée de la montagne Ste Victoire s’allongeait sur les coteaux des vignes, c’était l’heure incertaine qui prélude à la nuit… Le temps propice au sommeil ou à l’amour, enfin le moment paisible advenait où les corps allongés exprimaient leurs envies ou leurs désirs, le repos ou l’étreinte. Dans le jardin mauve qui sentait le jasmin et la clématite, une très vieille dame reposait, étendue sur un transat d’un autre âge, le fauteuil immaculé que l’on aurait pu rencontrer sur le pont d’un paquebot au temps glorieux des compagnies transatlantiques. Le jeune homme s’approcha sans bruit, timidement, dans la nature endormie régnait un silence d’église de campagne. PREMIER ACTE - « Fous l’camp, la mort » - Délivrée des tourments La dame en blanc A unie son destin A celui du printemps Camarde, tu peux ranger ta faux. Foutue mort range ton vieil outil Il ne tranchera jamais Le fil d’or et de feu De ses jours de gloire Admire son sourire Admire son passé Se lire sur son front Regarde sale voleuse Ses rêves la maintenir Tu peux ronger ton frein Tu peux grincer des os Avec ta sale gueule Fouiller les souvenirs Fouiller, fouiller encore Non, tu n’apprendras rien Non, tu ne prendras rien Il n’y a rien à déchirer Tu te fais des films Sur la tristesse des vieux. ACTE II - « Le temps de la soie et du satin » - Elle virevolte et se caresse Dans les parfums de la tendresse Des draps, des fleurs, des vins précieux Sans oripeaux, elle virevolte Elle se faufile dans des bras fous Abri précieux qui la rassure Parfois elle crie et elle se perd Dans la chaleur des souffles lourds Elle connaît des langages rares Qui fredonnent des chants miellés Elle se love dans des regards Elle est tellement avide d’amour Insolemment, elle donne son corps Elle ne veut pas le gaspiller Elle ne se sert que d’une seule arme Quelques baisers, sucrés salés Eternellement dans son lit Elle ravive toute sa flamme Elle sait les désirs secrets Entre l’ourlet de ses lèvres roses Impudiquement elle se donne Elle cherche quelque peau à aimer Un corps chaud, des bouches tendres Un amant pour se cacher Elle s’insurge devant ces bigotes Qui n’aiment que la charité Elles, elles n’ont plus de corps Elles n’ont qu’un cœur desséché Elle se bat devant la morale l’hypocrisie et la rancune Et puis devant la misère Devant d’autres culs mal assis Elle désespère devant la jeunesse Qui renie les sens de son âge Elle se souvient de la tendresse Et elle retourne à ses audaces Elle se dit que tout est bon Qu'elle s'est affranchie de la morale Puis elle lisse du bout chaud de ses doigts Une chaleur, une corps qui plie ACTE III - « Jamais, je ne ferai le bilan » - Sur les routes fabuleuses de ma vie J'ai aimé la peau des hommes Des p'tits câlins au matin blême Où je lançais mon premier cri Avant de sentir le feu en moi De l’autre côté du soleil Sur les routes douces de ma vie J'ai connu la nuit et le sommeil Des lèvres qui m'ont dessiné je t'aime Un soir où je ne pouvais dormir Avant de sentir le chaud en moi De l’autre côté du désir Sur les routes humides de ma vie J'ai léché des bouches impatientes Mes mains pétrissaient douce argile Je me suis rafraîchie sous des langues Avant de chanter des chants de vie Sur des musiques barbares Sur les routes chaudes de ma vie On m'a écouté et aimé Un homme m’a confié son fardeau En me chantant son destin Et je lui dessinerai des étés De l’autre côté du soleil EPILOGUE - Rien ne sera jamais terminé - Habillé de nos incertitudes On fait l’impasse de nos amours On dit la vie, on dit le temps Quand on aime qui est le plus fou Et moi, je vis Mais pourquoi t’écrire Ce que tu sais déjà Tous les mots de mon stylo Ne suffiront pas Croire en toi Mais laisse-moi te murmurer Etonnée par le jour qui tombe De ton ombre, je porte la couleur On donnait le temps, on donnait l’heure Tu es dans le chant des oiseaux Le vent sait cela… Et moi je suis là Mais pourquoi t’écrire Noircir les pages de mon carnet J’aimerai encore te donner l’heure Croire en toi Laisse-moi te murmurer Mais pourquoi t’écrire Ce que tu sais déjà J’aimerai garder encore le chant des oiseaux Croire en toi Mais laisse-moi te murmurer En amour on n’a jamais fini On sait tout On sait rien… Jamais, je ne ferai de bilan…. Rien ne sera jamais terminé… La nuit était maintenant complètement tombée sur le jardin, la montagne sur l’horizon se devinait, mauve sur rouge, sur bleu, sur rose… Merci monsieur Cézanne, merci… La vieille dame respirait doucement, le jeune homme attendri la regardait sommeiller, il allait partir, il était temps, d’un revers de la main, il l’effleura comme l’on effleure une rose à jamais fleurie… Il savait, oui, il avait désormais la certitude qu’un tel bonheur ne pouvait pas disparaître, elle vivrait à jamais dans ce jardin provençal, dans l’odeur des olives et des romarins… Loin du bruit et de l’éclat des villes et des vacances programmées… Il pouvait s’éloigner dans l’ombre de la montagne…
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mouheyyun
| Envoyé jeudi 21 octobre 2004 - 00h17: | |
Une très belle operette !!Merci |
   
Ln
| Envoyé jeudi 21 octobre 2004 - 09h18: | |
construction originale. que cette prose soulignée par la poésie je pense aux haïbun de Bashô qui ponctuait ses récits par un haïku |
   
Oui oui
| Envoyé jeudi 21 octobre 2004 - 10h41: | |
Mais pourquoi t’écrire Ce que tu sais déjà |
   
moi
| Envoyé jeudi 21 octobre 2004 - 10h58: | |
ah le pouvoir de dire OUI !!! tékitoi? j'aime qu'on me dise oui tu sais (;-) |
   
à moi
| Envoyé jeudi 21 octobre 2004 - 16h34: | |
Qui suis-je ? Délivrée des tourments La dame en blanc Etonnée par le jour qui tombe De ton ombre, je porte la couleur On donnait le temps, on donnait l’heure Tu es dans le chant des oiseaux Le vent sait cela… Et moi je suis là Mais pourquoi t’écrire Noircir les pages de mon carnet J’aimerai encore te donner l’heure Croire en toi Laisse-moi te murmurer Mais pourquoi t’écrire Ce que tu sais déjà
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