Rencontres Log Out | Thèmes | Recherche
Modérateurs | Fiche Personnelle

66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.09.2004 au 10.01.2005 » Rencontres « précédent Suivant »

Auteur Message
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

yv
Envoyé samedi 30 octobre 2004 - 00h27:   

Entre deux dunes, j’ai croisé
Une fille édentée.
(La nature, là-bas marche à l’économie
vu qu’au Sahel les dents
ne sont pas d’usage courant)

Je lui ai fait : « Fillette
Mieux vaut être sans dents
Que de se retrouver
pour celles des requins
sur un rafiot pourri où l’on rêve d’Europe »

Seule aux champs j’avais rencontré
La mulâtresse. Sous le fouet
Elle coupait des cannes
Pour un bout de sucre et du lait.

Basanée lui ais-je dit
Mieux vaut rester ici que faire crier aux fusils
« La libertad o la muerte »
Tous tes crieurs auront les deux.

Puis par les rues j’ai rencontré
Un vieil idiot qui pourrait être
Essenine ou Maïakovski
Il partait vers les camps du bonheur
Un tel bonheur qu’on n’en revenait pas.

Je lui ai dit : « Vieux, pleure pas
Tu seras mieux homme nouveau made in Siberia .
Que juif nouveau né en fumées.

Sur la piste j’ai rencontré
Une fillette aux mains brûlées
Qui sortait du Pamir.
Ö ronde gracieuse des oiseaux de la paix,
ô fraternels hélicoptères
des droits de l’homme !

J’ai dit : « Console-toi fillette
Tu n’auras jamais pour prophète
Le dernier petit fils d’Ali
Qui disait en frottant sa barbe
« Frères en Allah, seuls frères au monde,
nous tenons toujours plus de morts
que nous n’en promettons.
Mais nos charniers feront des roses. »

Près des flippers j’ai rencontré
une fille à rockers.
Sur puits de décibels, j’ai hurlé :
« Ecoute-moi, fillette
il y a des édentées, des fouettées
des brûlés vifs des amputés, des …
- Petit con, me dit-elle
En me jetant sa paille,
Qui te force à penser ?

Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Aile ~
Envoyé samedi 30 octobre 2004 - 13h09:   

Aurait pu avoir pour titre : fatalité
Ici ou là, finalement...
..."« La libertad o la muerte »
Tous tes crieurs auront les deux...."
C'est le rêve qui fait le pont entre les deux.

J'ai bien aimé
L
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

YV
Envoyé samedi 30 octobre 2004 - 23h26:   

C'est vrai, Hélène. Les résultats des utopies sont souvent effrayants. Et les révolutions libératrices ont souvent pour résultat des régimes pires que ceux qu'ils ont chassés. Mais ceci ne veut pas dire qu'il faille rester les bras croisés devant des régimes de mort. Car il y a aussi des courants puissants de création faits de millions de refus. Je ne sais pas si j'avais dans ce sens mis sur forum la présentation de mon dernier bouquin de poèmes : * Dans la gueule d'ombres.*
**********************

Quelle poésie après Auschwitz ?

L’innommable dépasse l’imaginable. L’innommable n’est pas poétique. J’ai quand même tenté de me laisser guider dans le sillage d’un Primo Levi, qui osa entrouvrir cette Gueule d’ombres pour témoigner de ce qu’il avait vu et vécu et nous alerter sans trop d’illusions. Un regard lucide sur notre monde nous montre que la Bête est toujours proche, qu’elle remue déjà ici et là, si elle ne nous mord pas encore.
Si le retour de l’inhumain absolu, invention de l’homme, reste possible, il est peut-être temps encore de le combattre avec ces pauvres armes du poète que sont les mots.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

plein d 'ailes
Envoyé dimanche 31 octobre 2004 - 01h32:   

Yves, L. n'est pas Hélène mais Louise, une contributrice et auteure de Francopolis
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Hélène
Envoyé dimanche 31 octobre 2004 - 12h00:   

ah oui Aile aurions nous un peu le mêmes gouts ou réactions parfois? sais tu Aile que mon précédent pseudo était aile...n
et je suis maintenant fourmizazailes (;-)

Yves:
"si elle ne nous mord pas encore. "
oh que si !! elle a changé de victimes et elle se débrouille pour attiser les feux un peu partout pour se trouver toujours de nouvelles proies!! ne nous laissons pas prendre à l'hypocrisie de ses charmes !

Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

jml
Envoyé dimanche 31 octobre 2004 - 15h54:   

Ces pauvres armes entre tes mains lézardent les prisons. Quand tu pisses sur un mur, il y pousse des fleurs.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

yves
Envoyé dimanche 31 octobre 2004 - 18h08:   

Oh la la ! Je ne vais plus oser ni voler ni pisser ! Mes excuses à l'amie Louise, je me mélange les pattes dans toutes ces ailes, ces L et Hélène. C'est que la fourmi aurait pu écrire ce qu'a écrit la Louise. Moi, confidentiellement certaines de ces dames de Franco me nomment affectueusement Coccinelle ou Coccyves. Pour faire pénitence car le monde n'est pas toujours aussi tragique que celui de mon précédent message, voilà un conte que j'avais fait pour celle qu'on nomme fourmi, il y a bien longtemps : (Fourmi, c'est bien Hélène, qu'on se le dise, hein !)
**********
Les Mille malheurs du mille patte

Il était une fois… , non pas une mais mille fois, non pas mille mais 999 et vous allez comprendre.
Il était donc le nombre de fois que vous voudrez un mille pattes qui avait perdu une de ses pattes, celle du milieu à droite. Ça devait être la deux cent cinquantième en comptant à partir de la tête et la deux cent cinquante et unième en parlant de la queue. Tous les matins il comptait et recomptait ses pattes. 998, 999 et…puis rien. « Je me suis encore trompé, je recommence »: 998…999 et puis rien. Zéro pour la millième patte, et pour un mille pattes, c'est grave.
Comme si une girafe avait perdu son long cou, un éléphant sa trompe, une poule son bec et un écolier ses bêtises. Et il se disait, ce pauvre Mille pattes : Qu'est-ce que je suis mais qu'est-ce que je suis donc ? Est-ce qu'on voudra encore de moi chez les millepattiens avec mes 999 ?
Ah ! Une idée ! Si je ne retrouve pas ma patte, je pourrais en douceur en arracher une à tous les copains copines. Ils seraient comme moi et je me sentirais moins seul. Puis un beau jour je leur dirai, mine de rien :
- Copains, copines, avez-vous compté vos pattes ?
- Ah, par la bête à Bon Dieu, il m'en manque une, s'écrierait le copain.
- Comme à moi.
- Moi aussi
- Moi de même !
- Qu'est-ce que nous allons faire ?
Alors, tous les 999, on irait sans rien dire dans la même école, et pour le ski, en cachette, on se ferait fabriquer une paire de skis spéciale avec le ski gauche qui aurait 500 attaches et le droit 499. C'est tout simple. Oui, mais si un vrai professeur mille pattes fait l'appel de nos pattes? «Je compte: une, deux, 998, 999… Où avez-vous mis votre patte mille? Qui a caché sa millième ? » Pire encore: et si on me surprenait à arracher une patte à ma meilleure copine pour qu'elle soit dans la même école que moi ?
Il renonça à cette idée et décida de se faire une patte de bois pour remplacer celle qui manquait, une patte comme il en avait vu chez des hommes qui avaient perdu ce membre à la guerre. Il arracha une épine qui avait la bonne taille pour en faire une béquille et la colla solidement au milieu d'une rangée de pattes. Il avait envie de danser de joie pour épater les vers luisants, couper le sifflet aux grillons et gonfler la grenouille. Mais voilà que pour la danse, ça tirait trop d'un côté. Toujours vers la droite. Il ne savait plus faire que des rondes. Il décida de recompter toutes ses pattes. Ici, oh la la ! il y en avait 501 et de l'autre côté toujours 499. Il avait mal collé l'épine-béquille. Il crut s'en sortir en s'arrachant une vraie patte là où il y en avait 501 pour la coller là où il n'y en avait toujours que 499. Parfait, impeccable. Du bon travail. Si quelqu'un lui comptait les pattes le compte serait bon des deux côtés. Il essaya encore un petit coup de danse. Catastrophe! La patte épine et la fausse patte ne bougeaient pas. Elles embrouillaient toutes les autres et leur faisaient des croche-pattes.
De désespoir, le mille pattes décida de s'arracher des vraie pattes : une avant chaque fausse patte et une autre après. Ainsi dégagées, les fausses pattes ne gêneraient plus les vraies. Juste quatre pattes à enlever, mais pour quelqu'un qui en a mille ! Il se mira dans un ruisseau. Ce n'était pas joli, d'accord, mais il fallait bien la faire, cette réparation! C'est sûr, il ne serait plus jamais un mille pattes mais un…pattes. (Je ne sais plus trop où nous en sommes sur le compte.)
Et il essaya un petit pas de course. Horreur, les pattes de devant et celles de derrière ne marchaient jamais dans le même sens. Il avait beau crier: « Une, deux, une, deux », il n'arrivait qu'à faire un pas en avant avec les moitié de devant suivi aussitôt d'un pas en arrière par celles de derrière. Il faisait du sur place, comme on dit.
Le pauvre mille pattes ou plutôt le…pattes, - je ne me souviens plus du tout du nombre-, après plusieurs nuits blanches décida de s'arracher toutes les pattes arrières des deux côtés et de ne garder que les pattes avant. Mieux valait un grand infirme qui se traîne plutôt qu'un bien portant qui ne marche plus du tout.
Mais ses pattes arrière à peine arrachées, il s'aperçut qu'il traînait un gros ventre sans pattes qui s'accrochait partout. Le moindre caillou, le moindre brin d'herbe le retournait sur le dos. Il lui fallait des contorsions à n'en plus finir pour retomber sur ses pauvres petites pattes avant. Et bien sûr tout le monde se payait sa tête.
- Vise un peu le joli bidon sans pattes!
- Voyons comment tu te carapates?
Et quand il se renversait:
- Patapoum!
Il n'osait plus sortir de son trou, sauf la nuit pour manger quelques fourmis pas trop agiles. Il en fit une dépression terrible. Puisqu'il ne serait jamais plus mille pattes, il lui fallait devenir n'importe quoi ou se laisser mourir de désespoir.
Une idée ! Pourquoi ne pas devenir un ver ? Il suffisait de s'arracher toutes les pattes, puis apprendre à ramper n'avait pas l'air sorcier. Il se mit au travail. A chaque patte arrachée il poussait un petit cri de douleur mais mieux valait être un ver qu'un rien du tout ridicule.
Ouf ! Il se retrouva bientôt sans pattes ou presque, car ses deux fausses étaient si bien collées qu'il ne put les arracher de son pauvre corps. Mais il était enfin heureux.« Me voilà devenu quelqu'un, se disait-il. Je suis un ver! » Dès qu'il en vit un sortir de son trou il s'écria:
- Salut, le ver!
L'autre se retourna:
- Tu as eu un accident?
- Moi ? Pas du tout.
- Alors, c'est de naissance ? N'es-tu pas un mille patte qui a perdu ses pattes?
- Mais je ne suis plus mille pattes !
- Si tu n'es plus mille pattes, qu'est-ce que tu es ?
- Mais un ver, comme toi !
- Approche que je te tâte.
Le ver tripota le mille pattes de la tête à la queue :
- Un ver ? Ah ah ! Tu me fais rire ! Les vers n'ont pas de tête et je t'en sens une avec deux très gros yeux !
- C'est vrai. Si je me coupais la tête penses-tu que je deviendrais un vrai ver de terre ?
- Tu serais plus ressemblant. Il ne te resterait plus qu'à faire comme nous : manger de la terre, mais pour ça la table est toujours servie.
- Est-ce que tu veux m'aider ?
- Bien sûr. Mais comment ?
- Tu fais un nœud avec ton corps entre ma tête et mon ventre et tu serres jusqu'à ce que la tête tombe et que je devienne ver.
- C'est bon. On y va.
- Est-ce que ça va me tuer ?
- Tu rigoles ? Moi, si je me coupe en deux je deviens deux vers qui vont se balader chacun de leur côté. On se salue quand on se rencontre : Salut, moi-toi ! Et l'autre bout répond : Salut, toi-moi !
Le ver fit un nœud coulant autour du mille pattes, juste derrière sa tête, et serra, serra jusqu'à ce que la tête roule par terre, et cette tête demanda :
- Est-ce que je suis ver, maintenant?
- Bien sûr ! cria un gros oiseau blanc et noir qui passait par là.
Et hop ! D'un coup, la pie en fit son déjeuner.
- Tu as vu ?, murmura la tête, je suis ver ! Je suis un vrai ver !
- Mon pauvre vieux, dit le ver en riant, tu n'es plus mille pattes, ni 999, ni 996, ni 500, ni même deux, ni même ver !
- Mais alors, supplia le mille pattes avec une voix qui peu à peu s'éteignait, dis moi ce que je suis!
- Un idiot, avec ou sans pattes. Tu n’est qu’un pauvre idiot dans l'estomac d'une pie.






Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

fourmizazailes
Envoyé dimanche 31 octobre 2004 - 18h18:   

ah chouette ! je l'avais perdu !
pauvre millepapattes!

tu as bien fait de te tromper .
phéromones de fourmi à partager entre L et Y

ah j'ajoute que j'aime beaucoup ta phrase JML
elle me rappelle Titsou les pouces verts .

Le postage de nouveaux messages est actuellement désactivé dans cette catégorie. Contactez votre modérateur pour plus d'informations.

Thèmes | Depuis hier | La semaine dernière | Vue d'ensemble | Recherche | Aide - Guide | Crédits programme Administration