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Thierry
| Envoyé mardi 03 juin 2003 - 11h24: | |
J’ai passé l’âge des nuits blanches, à discuter, de tout, de rien, à danser sur la sueur, à draguer comme un naze, à boire, surtout, déambuler, seul et souvent, tristesse au vent, sur les trottoirs, m’endormir sur un banc, devant un entrepôt, à boire encore, et déconner, rire aux éclats, du moindre mot, à fumer mon paquet, des clopes, un joint, par-ci, par–là, à baiser, jouir trop vite et trop mal, à dégueuler, sur un quai de métro, hagard, et m'retrouver, la gueule dans la spirale, au p'tit matin, à l’heure d’aller au boulot. Dont je changeais très vite. Depuis? Elles sont tout autant rares ces nuits noires. A dormir comme un loir. D’une traite. D’un repos... reposant. Sans cachetons ni pilules. Je n'ai changé de vie que la tonalité des nuits! Je passe de ces nuits grises, à compenser les heures du jour qui ressemble au jour d’avant, à sucer le moindre courant d’air, frais, en y puisant un peu d’inspiration, sous ma chemise, à la fenêtre, car seul enfin, et regarder les réverbères à l'éclat mat d’un jaunâtre agressif, à compter les lumières, allumées, dans les appartements d’en face, à observer vaguement le ciel et ses étoiles, considérer mes insomnies chroniques, heure par heure et l'heure avance, inexorablement, clope par clope, en pensant que c’est moi que je consume ainsi, inutile et bavard, par l’ennui, un ennui continu qui se propage comme un demain, comme un après... jusqu’à ce que j’aie enfin envie de dormir. Dormir. Dormir. Et sans quitter le gris!
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Thierry
| Envoyé mardi 03 juin 2003 - 13h27: | |
Comme j'ai la manie de toujours tout recorriger, voici une version donc expurgée et remaniée: J’ai passé l’âge des nuits blanches, à discuter, de tout, de rien, à danser sur la sueur, et draguer comme un naze, à boire, surtout, déambuler, seul et souvent, tristesse au vent, sur les trottoirs, m’endormir sur un banc, devant un entrepôt, à boire encore, et déconner, rire aux éclats, du moindre mot, à fumer mon paquet, des clopes, un joint, par-ci, par–là, à baiser, jouir trop vite et trop mal, à dégueuler, sur un quai de métro, hagard, et m'retrouver, la gueule dans la spirale, au p'tit matin, à l’heure qu'il faut pour aller au boulot. Dont je changeais très vite. Depuis? Peu de nuits noires. A dormir comme un loir. D’une traite. D’un repos... reposant. Sans cachetons ni pilules. Je n'ai changé de vie que la tonalité des nuits! Je passe de ces nuits grises, à compenser les heures, jour qui ressemble au jour d’avant, à bien sucer le moindre courant d’air, en y puisant un peu d’inspiration, sous ma chemise, à la fenêtre, car seul enfin, et contempler les réverbères à l'éclat mat, d’un jaunâtre agressif, à compter les lumières, éveillées, dans les appartements d’en face, puis, vaguement, observer le ciel et ses étoiles, considérer mes insomnies chroniques, quand l'heure avance, inexorablement, clope après clope, en pensant que c’est moi que je consume ainsi, inutile et verbeux, par l’ennui, un déjet continu qui se propage vieux, comme un demain, comme un après... jusqu’à ce que j’aie l'envie, putain, d'ENFIN dormir. Dormir. Du gris sous la paupière!
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Aglaé
| Envoyé mardi 03 juin 2003 - 16h42: | |
Ce qui me semble superbe dans ton texte, Thierry, c'est que, moi, je n'ai jamais vecu aucune des deux sortes de nuits dont tu parles...et pourtant, tout là-dedans m'est familier...c'est une évocation tellement personnelle qu'elle devient commune à tous...je ne m'explique peut-être pas très bien? Je supprimerais "cacheton" qui a un sens tellement éloigné du sujet...mais c'est toi qui est aux manettes... |
   
Thierry
| Envoyé mardi 03 juin 2003 - 20h27: | |
Alors, là, Aglaé, tu es gentille avec mon texte ;-)))... superbe, comme tu y vas fort! Ce que je "reproche" un peu à cette seconde version, c'est son côté un peu trop lissé, musical on va dire... J'ai tenté d'exprimer sincèrement ce que je ressentais, mais toute sincérité semble se heurter à un mur d'habitudes d'écriture... Bisous |
   
Aglaé
| Envoyé mercredi 04 juin 2003 - 12h48: | |
Ecrire comme personne avec les mots de tout le monde, c'est notre rêve à tous... Mais dire ce qu'on veut dire sans chercher une manière singulière de le dire, c'est aussi une qualité...la lisibilité, à mes yeux, est essentielle si je veux comprendre le "scribe"...Tes nuits, je les ai comprises, ressenties,tu peux être assez content...
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thierry
| Envoyé mercredi 04 juin 2003 - 13h05: | |
Merci Aglae. Effectivement, je ne peux être que content quand une lectrice ressent ;-))) bisous |
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