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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.06.2003 au 30.09.2003 » Voeu de parole « précédent Suivant »

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stél*
Envoyé mardi 03 juin 2003 - 21h13:   

-- Voeu de parole --


Silence ma belle
ne dis rien au chanteur qui rit au bout de la corde
ne dis rien du travail des entailles
métier de coins à jour
comme des bords de bouches qui pullulent
sur des rideaux muets

Dans ce pays, personne ne croit en l'absolu, tout le monde trace des traits
en laissant un peu de soi autour des autres.
Tout le monde est un noyau qui s'ignore.

une arrivée de corps dans une allée pure
belle et ceinte d'un jardin de tête
comme s'il fallait faire un commentaire
à chaque mouvement de cheveux de celui qui passe
dans l'autre sens

Silence ma belle, tu visionnes ton corps comme un film vivant et quelque
chose secoue les fauteuils de la salle aveugle, comme une indignation impatiente de clignoter la chair, comme la larve d'un soleil qui a réalisé son voeu.

Et les siècles se comptent seconde par seconde
comme un chapelet passé autour d'un cou
qui a remplacé les prières par des étreintes

les trains ont soif ils aiment
et pratiquent l'aspersion des signes de quai
le rituel des mains qui sont à la fois à toi et à moi
et disent que le voyage sera sérieux

Je suis tous les sons que tu ne produis pas.
Je suis l'oncle des continents mouillés qui se lèvent, leurs jambes de mousse
encore frèles.
Le front dans lequel s'enfoncent les bateaux par filiation de récifs.

Et partout les têtes s'inclinent
quand tout devient si vaste
que les souffles peinent à se suspendre
à ces mouvements trop continus pour l'homme
langage si évident
qu'il n'est plus besoin de marquer le rythme
des consonnes et voyelles

car il est ce que nous sommes
et nous sommes ce qu'il est

Avec nos voix toujours trop basses ou trop hautes qui résonnent de telle
façon que nous puissons inventer des voûtes aux caves, des corps aux cryptes et des accessoires aux larmes.
Mais toujours en oblique, pour être enfilées sans se tordre

comme des gants de lumière
dans un couloir ni noir ni blanc
et peu importe sa couleur
pourvu qu'il soit dans nos bras

Silence ma belle
ne leur dis rien
du penchant des balançoires
qui aiment se soulever au-delà de leur courbe
pour verser les vivants dans les jardins
où tu fais voeu de parole

03-06-2003






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Rob
Envoyé mardi 03 juin 2003 - 22h18:   

Ho putain, c'est sublime.
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Wolvess
Envoyé mardi 03 juin 2003 - 22h33:   

Oui ! J'en suis toute étranglée.
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Leezie
Envoyé mercredi 04 juin 2003 - 10h55:   

(Un grand texte, voilà ce que je ressens longtemps après)

Stéphane, je me suis demandée un long moment pourquoi ce texte-là particulièrement me paraissait sublime, à moi aussi, et il me semble qu'un des éléments, c'est le rythme, comme d'immenses déroulants musicaux, et cette musique parviendrait à faire s'incarner (s'incarner, c'est important dans ce poème) plusieurs choses en même temps, plusieurs dimensions, plusieurs idées...


c'est magnifique, indiciblement...
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flo
Envoyé mercredi 04 juin 2003 - 10h59:   

Moi c'est la richesse du sens, gorgé de sens, gorgé de sensitivité. Pour moi c'est un texte branché, visionnaire, émerveillant, épiphanique, un texte qui troue le voile des apparences.

Vriament un texte à trembler tous les mots tous les gestes.

Leezie, tu dis l'avoir déjà lu dans une version précédente? Je ne m'en souvenais pas, ca me permets donc de le redécouvrir entièrement. Et d'y gagner des plumes ;-)
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Leezie
Envoyé mercredi 04 juin 2003 - 11h31:   

Non non, Flo, pas du tout !
c'est simplement que je l'ai lu hier soir, c'est ça que j'appelle longtemps après...!!(le temps d'assimiler le choc, parce que je l'ai vraiment trouvé incroyable, et cela m'a laissée sans voix absolument)
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stél*
Envoyé mercredi 04 juin 2003 - 13h11:   

Ben qu'est-ce que je peux dire après vos commentaires ? :-)

D'abord, c'est pas moi qui ai écrit, c'est Maurice (le poisson rouge) et là, je trouve qu'il a passé les limites des bornes.
(là, ça marche que si on connaît la pub)

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Thierry
Envoyé samedi 07 juin 2003 - 11h36:   

-Je voudrais entrer dans votre intimité.
-Quelle idée! Je ferme à 18h!
-A demain donc.

Elle dit que c'est impossible: qu'elle a déjà pris ses précautions, que son corps se renferme, elle ne veut voir personne.

-Je voudrais entrer dans votre intimité.
-Je n'ouvre qu'à minuit!
-Je repasserai.

Elle n'y tient pas du tout: que sa compagnie est un calvaire, trop de questions, sans réponse, qu'elle serait un plomb sur une palombe.

-Je pourrais essayer?
-Non, non, c'est inutile: INUTILE, vous entendez!

Journal de TF1- 13h10:
"attention virus: il dérange la vie des gens minuscules"

Libé- édition spéciale de 14h22:
"le virus inquiète par son insistance"

Que sait-on de lui?
Qu'il cherche à s'incruster.
Un crustacé?
Ce n'est pas un crabe.
S'il s'infiltre:
Curiosité?
Empathie?
Impudeur malsaine?

-Je voudrais entrer dans votre intimité?
-c'est LUI, c'est le monstre! AU SECOURS!

Journal de TF1- 20h02:
"le virus serait violeur"
Il aurait été repéré lors de nuits blanches.

Mardi - 18h01. Université de Penisylvanie. Massachaussettes. 18h02. Un chercheur cherche:
EUREKA! Je sais! Youpiiiie yankiiie!
"le virus est sur une chaise, devant un ordinateur"

18h03, l'information se propage.
18h04, Norton est alerté.

Moi aussi, je sais.
Forcément.
Pas besoin de gueuler comme ça:
"je ne suis qu'un mot"

"Je le savais!" clame un psy-cracheur de fous.

"je ne suis qu'un mot qui cherche à me fondre dans un poème de Stel..."

Ce texte, ah, ce texte, Steph;-))
Tu remercieras Maurice de nous offrir de tels joyaux.
Au fait, était-ce toi sur le bleu l'autre jour, tu sais le truc sur la lettre au boss?
(si oui, chapeau bas, j'ai abandonné la partie ;-))))
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stél*
Envoyé lundi 09 juin 2003 - 16h59:   

- Docteur, quand je serai plus grand, je veux être un Dadathithi.
- Ta gueule, petit con. Arrête de tirer sur ta laisse, d'abord.
(ils suivent les rails. Aucun train ne passe)
- Vous ne comprenez rien docteur, un jour, je rongerais ma laisse et je serai un Dadathithi. Et je conduirai des trains.
(le docteur lève la tête)
- Regarde la lune, petit. Elle brille comme une Rolex.
(pris de tendresse, il sort une boîte de patée pour chiens et une gamelle et la pose sur les rails).
- tiens, peitt, mange. Tu as juste le temps. Oui, juste le temps...
(un bruit de train très lointain)
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Wolvess - Louve
Envoyé lundi 09 juin 2003 - 22h05:   

Je repassais pour relire et j'ai constaté que je n'avais pas tout lu. Bonjour Zorgblub-Thierry. C'était moi, le Président à vie.

;-)
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Thierry
Envoyé lundi 09 juin 2003 - 22h26:   

Salut Wolvess-Louve,
tu m'as bluffée alors...
L'autre jour sur le Bleu, j'étais plié de rire...
et je voyais plus quoi ajouter à tes brillantes réparties ;-)))
bisous, Thierry

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