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yv
| Envoyé lundi 08 novembre 2004 - 00h31: | |
Baisers Des baisers, des baisers, des baisers Au hasard des stations, des passages à niveau Des jardins et des plaines à blés Et même à travers nuit, leurs baisers se moquaient des ponts qui ferraillaient. Ils s’embrassaient. Tout le compartiment faisait semblant de ne rien voir rien penser rien juger rien sentir. Rien que ces regards fixes de trois vieillards, perclus dans leur présent, dressés sur un passé irréprochable Ils auraient supporté un « Je t’aime » pour se dire : « Ils vont déchanter. Ils se mentent. La vie est tueuse d’amour » Eux n’en étaient ils pas cette preuve vivante ? Mais ils étaient réduits à regarder ailleurs. L’hiver comme toujours avait suivi l’automne Les blés fauchés en témoignaient et les villages en ruines Dans la campagne désertée. Ils sursautaient au pont qui ferraillait leur nuit. Et rien ne ressemblait autant à cet hiver Que leurs rides stériles autour des lèvres sèches, leur regard, ciel de neige mal éteint par le vent L’un d’eux serrait ses poings Entre l’os des genoux. L’injustice tremblait, en rage froide. Des baisers, des baisers des baisers. Il en pleuvait sur la campagne Et pas le moindre mot Leurs lèvres ne servaient qu’à chercher l’autre. Et leurs regards d’amour saluait tous les arbres, les buissons les petites maisons. Dans les foins nouveaux nés le printemps s’annonçait. Vint la gare où descendre Et ces dernières marches qui glissent vers des tombes Rien ni personne n’attendrait. Sauf peut-être les cris d’une porte ancienne. Peut être un chef de gare. Etait-il toujours là ? Ils ont passé sous un dernier tunnel ces terribles vieillards, Puis ils sont descendus tranquilles Apaisés, presque avec le sourire. Sans un regard pour les deux jeunes corps, petits morts couchés sous les sièges . Des baisers, des baisers des baisers plus jamais.
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Christiane
| Envoyé lundi 08 novembre 2004 - 20h55: | |
Baisers en trop Naufrage sur trois visages "peut-être les cris d’une porte ancienne. Peut -être un chef de gare" Peut-être plus apaisants, plus exaltants aussi que ces baisers en trop Pour ces trois terribles et tranquilles vieux que j'ai beaucoup aimés. Quel décor! pour un début de roman ou de film. Merci YH Christiane
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