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| Envoyé lundi 08 novembre 2004 - 15h16: | |
Première danse : Tezcatlipoca Nous traversions la multitude verte, traversions la multitude bleue. Sous les cris des orthocéras de mer qui planaient au dessus de nous, de temps à autre. Sous les remous. Le dessin se précisait des longues poudres rouges de ce pays connu des écrivains couverts de plumes. Et d'avant à la droite, et d'arrière en dessous. La troupe, soudée contre les parois croches du navire se frottait aux ouvertures ovales, fourmillant, engrappée. Toujours braqués, nos regards s'effilaient à l'ouest, surfaient sur des serpents entrelacés, se délectant de pyramides quadrillées, évoquaient parfois nos mathématiques pâles, sous un ruban de lumière. Silences. Seuls parmi tous, au creux des vagues fébriles - il n'y avait plus que les dents pour étinceler. Très vite, on fit taire les armures, les lames oxydées, chacun tendait de tout son corps vers l'inconnu. Au loin : l'écho des jeûnes et des danses. Des colliers tracés à même le sol. En ce pays du noir. Soeur-et-femme du Soleil, étendue là. Soeur-et-femme du Soleil, nous scrutait la Lune. Résineuse, face-duvet décidée, comme son tendre flou bavait dans l'air accidentel... On y ajoutait parfois l'incidence d'une brune paresseuse, à l'image des territoires irrésolus. Et nos allures de terre blême s'apparentaient alors à l'audace. Croyez-donc, tout était prétexte d'un cap, alternative, insurrection, démence. Et c'est un fameux roi qui nous tenait brandis, dernier flambeau d'inquisition, des jungles barbelées... Mais je vous parle tant. Prenez un siège, quelque raisin, du cognac. Etendez lentement ces tendinites, qu'on devine à l'interrupteur sous votre nuque, -Je vous en prie- Pressentant la voix des ombres qu'éveillaient nos lendemains de conquête, les déluges s'accomplirent. Renversant le miroir fumant, dieu du sorcier, des jaguars, du scorpion, des grottes Du nord et du ciel nocturne, En ce pays du rouge. Et le ciel s'apprêta pour sortir.
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Cécile
| Envoyé lundi 08 novembre 2004 - 16h06: | |
Ouh là là... Une danse aux allures de l'ancien Mexique et de l'arrivée des espagnols ! Ce thème m'intéresse beaucoup... J'ai d'ailleurs déjà écrit quelque chose à ce sujet (dans la fumée des aztèques - rubrique Roman-nouvelles). A part cela, je trouve ce texte très bien écrit d'une écriture régulière et très profonde. |
   
Moha
| Envoyé mardi 09 novembre 2004 - 00h00: | |
Un kayac de texte piloté par le soin d'une plume lisse et flexible..un vrai sport aquatique de mots..on peut plus parler ici de maillot ou de sirop..un bon équipage!..Merci h. |
   
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| Envoyé mardi 09 novembre 2004 - 16h51: | |
Deuxième danse : Huitzilopochtli L'étrange survenu - l'étrange, mon ami. Dans le ciment du feu. Des indigènes digérés (recyclés), rendus sous le feulement des voix (crépuscule), sous le clinquant des croix. L'Avatar de ces mondes entre nos griffes. Nous avons revêtu les lances des Archanges. Claironné. Réclamé notre dû. D'étranges palindromes se tenaient à nos côtés, dans la pénombre des sanctuaires en flammes. Une cérémonie d'aveugles effilochait les visages des hommes bruns. Débraillant nos épées -comme le buffle charge-, notre croix fit Miracle, Sainte-Joie, Caillots. Mes compagnons d'alors ignoraient le tonnerre, tenus sur leurs chevaux de bile. Sur les chromes sanglants d'Aigle-qui-tombe. Puis les doigts de l'Espagne claquèrent d'un seul gant. Vendu, le sel des grands soleils. Peuplées, les mines livides. Nous avons, en somme, tout enchanté, tout ravi. Au delà du bien. D'or et d'argent. De force et de diamant, soleil dérobé, ne tarde plus, montre-nous la Colline du Grillon, les terriers de tes ermites, la tripe grasse de ton continent. Tu vois -n'oublie jamais-, les lourdes plaques d'or du chemin de Tula ne valent pas trois mots, le terme étant qu'on s'accomode vite de ces oripeaux de fondateur satisfait. Qu'on peut tout étreindre des nymphes cactées, si l'on enferre... Oh, ne vous fiez pas à ma figure cajolée qui ravine - c'était tout une autre jeunesse, alors,... et l'on enferra, sur l'honneur !!! mais je m'égare... En ce pays du bleu, ruisselant de toutes les marches... Noche triste, Sûrement... le dernier bastion, qu'on appelle "Tout-est-passé", nous confine aux canalisations d'un soleil éteint. Ventres crevés d'herbe épineuse, noyés de sérosités /Tant de vertiges, d'atroces longueurs... on se représente les voiles chargées comme une épidémie tranquille De sang et d'or Au delà du mal. A vingt Tenochtitlán d'ici.
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lafourmi
| Envoyé mercredi 10 novembre 2004 - 14h38: | |
es-tu l'Herbe sèche , la pousse de Haricot? l'Horizon lointain ? la Hache de guerre pacifiste? l'Hiver qui arive? ou seulement la Huitième lettre de l'alphabet qui en ce moment Hante notre Halte-forum? ils sont pourtant bien beaux tes voyages je scrute la lune et le soleil .
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