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Rob
| Envoyé jeudi 05 juin 2003 - 22h45: | |
Au loin, le train déplie un accordéon noir mouillé. Tu te souviens du remblai de notre aube Du creux de ce chemin, de ces derniers raisins Tu te souviens d'octobre en pluie. Je pense à toi. Octobre avait l'odeur d'un chat noir sous la pluie Plus loin, tu te souviens de cette affiche humide encore de la nuit, de la chanson des rues aux paroles roulées dans l'angle ouvert du temps. Nous revenaient d'avant les fumées de la ville Mais le village est noir et les ruelles sourdes Le col roulé rugueux m'irritait à la gorge La boucle à ton oreille jouait le feu follet Nous avions peu de temps mes doigts sur l'angora Pour éveiller ton tendre à jamais parfumé Et ta bouche à mes dents coulait comme une fraise J'avais mes quelques mots à dérouler dans l'air Au loin, le train déplie un accordéon noir muet. Tu te souviens des herbes du remblai Et de la boue séchée sur ton jean délavé Tu te souviens d'octobre en pluie. Je pense à toi.
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Aglaé
| Envoyé vendredi 06 juin 2003 - 11h29: | |
Toi, tu y arrives très bien, à écrire comme personne avec les mots de tout le monde...c'est drôlement agréable pour le lecteur... |
   
Leezie
| Envoyé vendredi 06 juin 2003 - 13h10: | |
quelle merveille, Rob, ce rythme de fin qui met en valeur les quatre syllabes "je pense à toi", pfffou grande émotion cela |
   
Hélène (Hélène)
| Envoyé vendredi 06 juin 2003 - 13h45: | |
"le train déplie un accordéon noir" cette phrase est une image tellement précise . J'aime . Le détail de "la boue séchée sur le jean" du "col roulé rugueux qui m'irrite la gorge " la simplicité de la vie . tous les regards ne savent pas la voir pour moi c'est le don du bonheur.
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Caroline
| Envoyé vendredi 06 juin 2003 - 14h04: | |
bonjour Rob, je l'aime profondément aussi ce texte, la mélancolie fait passer beaucoup de choses et tu les as formidablement bien retranscrites ! merci pour ce voyage sous la pluie de votre octobre Caroline |
   
stél*
| Envoyé vendredi 06 juin 2003 - 14h20: | |
On peut le dire en quatre mots : c'est la classe. |
   
jean Guy
| Envoyé mardi 10 juin 2003 - 17h43: | |
Je découvre le texte de Rob. Ah! Oui, la classe. J'adore le rejet de "mouillé" et de "muet" en début des vers suivant. Et bien sûr les 8 + 4 du dernier vers de la première et dernière strophe qui font comme un appel d'air. |
   
jml
| Envoyé dimanche 17 août 2003 - 22h12: | |
Vraiment superbe mais pourquoi la classe? Je dirais plutôt que c'est l'école buissonnière, l'appel d'air, la belle bête, la belle épouvante, le bleu du ciel. |