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Pascal DUFRENOY
| Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 16h33: | |
Gorée Eh toi ! Vieux caillou aux reflets de matin rose Aux jardins intérieurs de basalte poli Aux caves humides et sombres qui bâillonnaient les cris Des fers chauffés au rouge en guise de sursis Tes chaloupes font des rides au front de l’océan Tes ruelles sont des pièges aux visiteurs surpris Des clichés de vacances aux senteurs estivales Tes chaloupes font des rides au front de l’océan Wolof, mon frère, jeune planteur d’arachides Qu’est devenue ta femme ? As –tu pu la pleurer ? Comme un chant du Cap Vert… Gorée, mon calvaire, la fin de ma vie. Lébou, mon cousin, pêcheur de la presqu’île Qu’est devenu ton fils ? As-tu pu le revoir ? Comme un soleil de mai … Gorée, ma misère, la fin de mes années. Eh toi ! Vieille île bossue aux parfums de souffrance Tes arcades ont la courbe des femmes immobiles Des matins d’ambre clair du printemps africain Du suc capiteux des ombres du Castel Mon île aux vérandas aux senteurs atlantiques Aux malheurs étouffés qui remontent aux mémoires Mon île aux cachots sombres aux soupirs retenus Mon île de « bois d’ébène », mon île de misère Peul, mon ami, Foulas, Foulani, Foulbé ou Poulos Qu’est devenue ta mère ? As-tu pu l’embrasser ? Comme un rêve oublié… Gorée, mon histoire, l’entaille de mon destin. Toucouleur, fier gardien du fleuve Sénégal Qu’est devenue ta fille ? As-tu pu l’enterrer ? Comme tes prières d’espoir… Gorée, mon chagrin, le bout de mon chemin. Eh toi ! Vieille pierre d’océan aux espoirs renaissants Aux écoles tranquilles dans la douceur du vent Au musée de la mer en vitrines de rêves Aux mouillages paisibles en prélude à l’enfer A l’abri des murailles de l’océan sévère A la saveur flétrie d’une époque maudite Ma pierre au poids terrible aux lourdeurs de chaînes Aux mouillages paisibles en prélude à l’enfer. Et j’écris là moi j’écris sans rien penser Dessinant la misère sur mon papier couché Et j’oublie mon histoire et j’oublie mon passé Dessinant le malheur sur un papier glacé. Sèrère, cultives-tu toujours la terre de tes pères ? Voyageur Saracolès, fondateur d’empire Qu’est devenue ta vie ? As-tu pu oublier ? Comme les chagrins d’enfants… Gorée, ma référence, l’empreinte de mes pas. Diola, l’indépendant, forestier de l’esprit Bassari, montagnards, arpenteurs de pistes Qu’est devenue ton âme ? As-tu pu pardonner ? Comme les charitables… Gorée, ma brûlure, le gel de mes veines. Eh toi ! Vieille pierre trempée dans l’eau salée Aux vagues atlantiques, aux marées d’amertume Thierno Seydon Sall, le poète errant Coura Sarr, la lingère de la poésie et des crevettes Massamba Guèye, le conteur éternel Tous ces témoins modernes de la nouvelle Afrique Eh toi vieille île rose aux anneaux de métal Moi, l’homme blanc, le français, Si tu le peux, un jour, Puisses-tu me pardonner…
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philet
| Envoyé samedi 13 novembre 2004 - 08h19: | |
ouvre les yeux tout se penche inexorablement sur le ciel entre les branches l’idée d’un bruit avenir violent dernier, d’un choc sourd dans le corps, dans les os, sur la chair, l’envie que soit rêve, une naissance farouche mais aussi franchissement, l’ombre du désespoir ne peut nous cacher la réalité, chaque image les unes après les autres se brise, éclisse arrachée à tous les soupçons d’évidence, ma pensée se ramasse en un bloc brutal, rigide se rétracte et fige l’espace, dans l’ardent creuset d’une convenable existence, l’impulsion de ses forces lie toute substance, vitale intérieur sur l’écran de mes yeux, sur les mots de ma bouche mon cri est muet, cotonneuse sensation où je pourrais tenir et vouloir en avenir tenter d’échapper à la chaleur du déplacement, lucidité pour une issue où ne serait pas utilisé le couteau mais sincèrement seulement le feu raviné d’un cri tenu en chair de sang et d’un souvenir prochain de ma viande massacrée, appel consistant d’une pensée refusée |
   
Cécile
| Envoyé samedi 13 novembre 2004 - 18h58: | |
Lettres de Gorée Grain de pluie posé Comme un baiser au balcon De la mer Calme à la crique Du rocher L'océan de sa langue D'écume Efface tes rides Et viens mourir sur tes cheveux De signara comme aux temps Jadis les conquistadors Ocre poussière de temps Falaise de larmes Gorée oublie les goélettes blanches Phanèles de mer Claquent aux ailes de l'alizé Les senteurs d'épices et d'alcool Sur les vagues défile Le bois sacré des forêts Débris de cœur sous le soleil Glacé de midi Masque bambara Statuette Baoulé Cuivre du bénin Maisons peintes aux couleurs Lavées de mon sang Gorée s'éloigne Ensemencer le nouveau monde Du sel fertile de ma liberté Le tam-tam n'est que ressac Que cadence les chaînes De mon angoisse. Charles Carrère dans Poètes d’Afrique et des Antilles, anthologie présentée par Hamidou Dia, éditions La Table Ronde 2002, page 278
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