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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.09.2004 au 10.01.2005 » La prière « précédent Suivant »

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jml
Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 16h57:   

Les combats ont repris en Irak. On parle d’une guerre plus humaine. La haine et la mort sont les mêmes.


La prière n’a plus de mots.
Elle éclate en rafales
Et coule des blessures.
Le pain s’émiette en poudre noire.

Il y a trop d’épines
Dans le pollen et les pétales.
Les abeilles s’égarent
Et butinent la cendre.
Les chiens n’aboient plus
Que d’une patte
Et c’est celle qui manque.

L’enfant monte en tremblant
L’escalier de la vie.
Il n’a plus de marches
Mais du fil barbelé
Qui lui blesse les pieds.

Chaque voisin est une cible
S’il parle une autre langue.
On meurt même deux fois
Pour la télévision
Sans revenir à la vie
Après les commerciaux.

À l’autre bout du monde
L’ordinateur détecte
Le moindre grain de blé
mais les avions fantômes
arrachent de vrais bras
sur les champs de bataille.

L’homme a l’espoir têtu.
Terré dans un abri
Il écoute encore
Les prévisions du temps.
La lune pendille sur sa tige
Comme une fleur de sang.
Les oiseaux déplumés
Ne portent plus de lettres
Mais des avis de décès.

Une voix frêle se lève
Au bord de mon stylo
De l’encre sur les dents.
Le miel est trop amer
Pour dorer la pilule.
Nuage noir sur un ciel noir
La prière s’élève
Sans amour et sans mots.

12 novembre 2004

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philet
Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 18h17:   

sur un ciel gris le monde se dilue
pluie fine sans vent tombe droite
chaque goutte part en éclats

fuir une réalité nos douleurs coutumières s’installent
perfore la douleur tranquille d’une quiétude désirée

il ne subsiste rien du calme miroir où se gardent nos images bien faites
le temps passé se résume en flaques boueuses
notre marche acide n’est plus acceptable

et ce n’est pas seulement coquetterie de vouloir résoudre notre séquestration
et pour faire bavarder nos insouciances il nous reste fasciné l’autre fois

au labyrinthe toujours repris et identique
de nos vies fragiles
nous partons en miettes
éparpillé

sur les croûtes de nos épuisements
il n’est plus aucune révolte
plus de miracles où laver nos tristes traces grasses
et nos pâturages à inventer
se construisent dans le non-souvenir de nos rêves fondateurs

tenir mémoire en bastion de nos émotions
et d’une aventure venue remonter la belle mécanique
imprimer nos pas nos souffles
nos mains en des places où toutes lumières s’éclairent
où l’avenir n’est plus à démêler
mais à vivre
et d’une petite part accepter le désir
la soif de nos insuffisances
d’une petite part clairvoyante
se quitter en bouches sommaires
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jml
Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 19h22:   

On a beau vivre dans les mots
On ne peut oublier
Ceux qui vivent dans la mort.
Un même sang coule en nous.
Une vieille femme habite
Dans le cœur des enfants
Et le plus vieux berger
Garde encore à la main
L’orgueil d’un jouet.

Le cri du premier homme
Est le même qu’on lit
Sur les ordinateurs.
Certains écrans du web
Sont des grottes de Lascaux.
Des nuages de poussière
Voyagent vers le texte,
Ce sont les mots qu’on a brûlés
Dans les bibliothèques,
Des signes pleins d’éclats
Ou trop lourds de sens.

Des balles à la parole
Les oreilles pourfendues d’explosions
Continue d’écouter
Pour entendre chanter.
Dans l’âtre de l’espoir
C’est l’argent de la mort
Qu’il nous faudra brûler.
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Cécile
Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 19h45:   

la fleur gît dans l'horreur de l'herbe
et se souvient des blessures d'hier
je l'entends, elle gémit et agonise

la fleur au bord de la route
crie, hurle de désespoir
tend ses bras à la mère qui se meurt
l'enfant tète encore
du sang

la fleur dans le talus
sanglote tout son amour
ses pétales ont la couleur de la mort.
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philet
Envoyé samedi 13 novembre 2004 - 08h10:   

page émiettée

je rêve d'une naissance sans pudeur
d'un regard au monde en haleine crue

chaque jour lutte pour une présence apaisée
et notre vie fragile résiste à nos interprétations
sur la gazette du jour s'effacent nos lumières

le silence nourrit nos réclusions
et les secondes passées sans mourir
tiennent notre mécanique de sang
pulsation nature à recevoir

pas d'autre choix à formuler
nos métamorphoses s'enfoncent dans la nuit
en recherche chemin à clarifier

nos limites tremblent et disparaissent
nos voix s'éteignent au souffle aveugle d'un vent
échappées des broussailles célestes

où sont les fenêtres ouvertes
celles du miracle à inventer
des justes lieux où nos mains peuvent se reposer

apaiser nos sensations émergées
marcher entre aventure et lassitude

le jour rapiécé de nos mémoires
il persiste à tenir éveillé un soleil foyer

de nos lèvres aux paroles oiseaux
les mots terre-d'ombre sont nos fidèles fragments

sur la route ouverte où palpitent nos abîmes
l'insaisissable sur notre peau retentit
glissent les réponses vivantes de l'histoire persistante du monde

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