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jml
| Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 16h57: | |
Les combats ont repris en Irak. On parle d’une guerre plus humaine. La haine et la mort sont les mêmes. La prière n’a plus de mots. Elle éclate en rafales Et coule des blessures. Le pain s’émiette en poudre noire. Il y a trop d’épines Dans le pollen et les pétales. Les abeilles s’égarent Et butinent la cendre. Les chiens n’aboient plus Que d’une patte Et c’est celle qui manque. L’enfant monte en tremblant L’escalier de la vie. Il n’a plus de marches Mais du fil barbelé Qui lui blesse les pieds. Chaque voisin est une cible S’il parle une autre langue. On meurt même deux fois Pour la télévision Sans revenir à la vie Après les commerciaux. À l’autre bout du monde L’ordinateur détecte Le moindre grain de blé mais les avions fantômes arrachent de vrais bras sur les champs de bataille. L’homme a l’espoir têtu. Terré dans un abri Il écoute encore Les prévisions du temps. La lune pendille sur sa tige Comme une fleur de sang. Les oiseaux déplumés Ne portent plus de lettres Mais des avis de décès. Une voix frêle se lève Au bord de mon stylo De l’encre sur les dents. Le miel est trop amer Pour dorer la pilule. Nuage noir sur un ciel noir La prière s’élève Sans amour et sans mots. 12 novembre 2004
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philet
| Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 18h17: | |
sur un ciel gris le monde se dilue pluie fine sans vent tombe droite chaque goutte part en éclats fuir une réalité nos douleurs coutumières s’installent perfore la douleur tranquille d’une quiétude désirée il ne subsiste rien du calme miroir où se gardent nos images bien faites le temps passé se résume en flaques boueuses notre marche acide n’est plus acceptable et ce n’est pas seulement coquetterie de vouloir résoudre notre séquestration et pour faire bavarder nos insouciances il nous reste fasciné l’autre fois au labyrinthe toujours repris et identique de nos vies fragiles nous partons en miettes éparpillé sur les croûtes de nos épuisements il n’est plus aucune révolte plus de miracles où laver nos tristes traces grasses et nos pâturages à inventer se construisent dans le non-souvenir de nos rêves fondateurs tenir mémoire en bastion de nos émotions et d’une aventure venue remonter la belle mécanique imprimer nos pas nos souffles nos mains en des places où toutes lumières s’éclairent où l’avenir n’est plus à démêler mais à vivre et d’une petite part accepter le désir la soif de nos insuffisances d’une petite part clairvoyante se quitter en bouches sommaires |
   
jml
| Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 19h22: | |
On a beau vivre dans les mots On ne peut oublier Ceux qui vivent dans la mort. Un même sang coule en nous. Une vieille femme habite Dans le cœur des enfants Et le plus vieux berger Garde encore à la main L’orgueil d’un jouet. Le cri du premier homme Est le même qu’on lit Sur les ordinateurs. Certains écrans du web Sont des grottes de Lascaux. Des nuages de poussière Voyagent vers le texte, Ce sont les mots qu’on a brûlés Dans les bibliothèques, Des signes pleins d’éclats Ou trop lourds de sens. Des balles à la parole Les oreilles pourfendues d’explosions Continue d’écouter Pour entendre chanter. Dans l’âtre de l’espoir C’est l’argent de la mort Qu’il nous faudra brûler.
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Cécile
| Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 19h45: | |
la fleur gît dans l'horreur de l'herbe et se souvient des blessures d'hier je l'entends, elle gémit et agonise la fleur au bord de la route crie, hurle de désespoir tend ses bras à la mère qui se meurt l'enfant tète encore du sang la fleur dans le talus sanglote tout son amour ses pétales ont la couleur de la mort.
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philet
| Envoyé samedi 13 novembre 2004 - 08h10: | |
page émiettée je rêve d'une naissance sans pudeur d'un regard au monde en haleine crue chaque jour lutte pour une présence apaisée et notre vie fragile résiste à nos interprétations sur la gazette du jour s'effacent nos lumières le silence nourrit nos réclusions et les secondes passées sans mourir tiennent notre mécanique de sang pulsation nature à recevoir pas d'autre choix à formuler nos métamorphoses s'enfoncent dans la nuit en recherche chemin à clarifier nos limites tremblent et disparaissent nos voix s'éteignent au souffle aveugle d'un vent échappées des broussailles célestes où sont les fenêtres ouvertes celles du miracle à inventer des justes lieux où nos mains peuvent se reposer apaiser nos sensations émergées marcher entre aventure et lassitude le jour rapiécé de nos mémoires il persiste à tenir éveillé un soleil foyer de nos lèvres aux paroles oiseaux les mots terre-d'ombre sont nos fidèles fragments sur la route ouverte où palpitent nos abîmes l'insaisissable sur notre peau retentit glissent les réponses vivantes de l'histoire persistante du monde |