   
Pascal Duf
| Envoyé mardi 07 décembre 2004 - 10h27: | |
Crépuscule à Amsterdam. Les maisons aux tons chauds sont la lumière du soir Dans le café Thyssen plane l’odeur de l’eau. Les remous du canal sont des spectres-miroirs Sur un quai purulent hurle un marin idiot. Les filles charnues et lisses aux bajoues rubicondes Etonnent les passant par leurs discours osés Et ton absence fait dans les vapeurs de l’onde Les rides de chagrin que portent les noyés. Les couleurs de la brique donnent un parfum d’automne Dans les rues transversales aux enseignes rugueuses Berenstraat, Volvenstraat, cascades de consonnes Les dames des vitrines sont des poupées ruineuses. Les brumes du Zuidersee biaisent la perpective. Et sculptent aux rameurs des faces éthérées Un cours d’eau insensé incite à la dérive Les courants de la nuit, les songes élimés. C’est une contrée drapée dans un manteau d’épines Un pays si puissant qu’il éclate aux jointures C’est ce ciel si gris que les moulins taquinent Tandis que les fanfares s’éteignent en un murmure. Dans l’écrin du musée, sur le coup de six heures J’irai avec lenteur, te saluer, Vincent. Il me reste de toi, deux lettres, quelques pleurs. Sur une toile peinte, une rose de sang.
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