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yv
| Envoyé mercredi 22 décembre 2004 - 23h17: | |
" Je vous somme et vous nomme: Pierres aux prés, d'odeur femelle au sperme de la pluie Pierres à silex aux senteurs mâles de l'éclair Petits cailloux rêveurs qui roulent sur la nuit. Je vous somme et vous nomme, Humbles antres moussues sous la jupe des monts vagins des sources impudiques nées de baisers du ciel. Et vous, mémoire des fureurs, irruptions! Irruptions mathématique des sphères! Cratères du néant semences de matière jeunes bourgeons des terres. Graals roulés du front pentu de Lucifer! Toutes d'avant la vie, toutes d'avant l'avant, Je vous somme et vous nomme, bétyles, cairns et mégalithes Grands sexes de menhirs ou blocs barbares de Mycène. Pierre d'angle des cathédrales ou de cabanes sur l'alpage, face d'un divin mort, infiniment polie par les prières et les souffles de l'orgue, ou mal rayée d'amour par le clou d'un berger. Galets sous les mâchoires blanches de la mer Ecueils où va briser la mort en sang d'écumes sales, fonds marins ou sommets inconnus, ruines de baptistères, statues qui, face au temps, d'un long regard de pierre jouent un semblant de chairs. Je te somme et te nomme, caillou de lune sur les gorges d'esclaves nues qu'elles mettaient au sexe pour ne pas enfanter d'un maître violeur. Entre les cuisses de la femme caillou-Sésame, aux éclats affûtés pour ouvrir à l'enfant nos lumières. Et toi qu'on jette au fleuve autour du cou d'un homme lui si frêle et toi meule d'éternité! Et je te nomme aussi, pierre-mère de la Ka'ba crachat de toux des poitrines terrestres. Moelles de roches et moellons, surprises du moine vagabond affolé de lumières, rôdant aux longues dalle du désert. Je vous somme en mon nom, en celui de ma terre, grand Omphalos conique, pierre de couronnement, pacha mamma de l'indien mort simple borne du champ de Baptiste sur Jean pierres des lances, pierres des lances pierres, ruines ou bâtisseuses de tous pouvoirs sur terre. J'allais vous oublier, murs à murmures où vont mûrir les mures et mourir les saisons. Je nommerai les Sables, grains valseurs minuscules aux lents ballets des dunes dont l'orchestre est le vent et les roseaux du soir ? Tables des connétables, table du franc-maçon Tables du sacrifice ou table de maison Table des continents qui glissent et tressaillent en soulevant les terres sous les morts. Pierres des voûtes inachevées quand manque la molaire du divin. Pierres à faux, pierres à foudre aux fourches rouges de l'éclair. Pierres des meurtres ou cailloux des femmes lapidée en plein milieu de nous Pendentifs des terreurs des erreurs et des blâmes meules où se broie l'histoire, convenez que l'ignoble est le propre de l'homme ? Mais toi, poète, souviens-toi Du Cairn qui hisse ta fatigue et tes mots au-delà. Et ces monceaux d' Omni que bouddha amoncelle murailles à vacuités, contre la nuit de l'homme tombée sur Bamyan. Cristaux en robes bleues aux bal de l'univers, Ou diamants qu'impure leur conquête de sang. Et toi Rose de sable, et toi rose de fables où Dieu effeuille ses mémoires au désert. Et ce poète ainsi nomma toutes les pierres, où s'achoppa sa vie, avant que collent à ses lèvres les dalles épaisses de l'oubli
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