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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.06.2003 au 30.09.2003 » Embryons de ciment « précédent Suivant »

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caroline
Envoyé mercredi 25 juin 2003 - 01h02:   

C’est une heure où je suis remplie de tout, cachetée aussi…
Dans le noir.
C’est une heure où je n’ai plus besoin ni d’eau
ni de drogues à sculpter sur ma rétine,
ni du ciel traversé par ses bribes d’années impulsives.
C’est une heure pleine de quelque chose laissé avec toi, à décacheter ;
Je suis là, prise dans des fils qui me tiennent vivante, rien d’autre que l’air animal qui m’observe au-dessus de mes sens, écartée sur les rochers mouvant d’ombres.
Ce sont des sentiments où les pensées ne se lisent qu’ici, mes yeux les inscrivent tout bas avec mes doigts qui te suivent.
Le chant de Madredeus s’était enroulé autour de nous à nous faire fermer les yeux, c’est l’océan invraisemblable, tes bras qui m’encerclent au bord du vide, l’océan sublimé qui lèche notre porte et les socles dévissés de notre lit, ne tombe pas, l’eau vient nous bercer, en somme… seule chose dont nous ayons vraiment besoin, être bercés dans le mouvement de nos bras et peut-être grandir par nos souffles entrants ; j’embrasse de toi les douves les parois internes comme une source étroite dont on ne sortira pas sans amour, trempés.
Je fluidifie le temps en carrefour simultané sur nos fronts, nous vivons dans les rues murées de notre corps où tout le sang de nos bouches ajourées, restées à lacer blanches et à déboutonner liquides.
Je vis et je n’y songe pas souvent.
Ils sont là aussi opaques et violents, le murmure des fantômes, dentitions pourries et membres sauvages qui mordent ma tête dans une symphonie macabre, mon sexe vidé comme l’abdomen d’un animal mort, leurs pas vitreux d’acier qui poursuivent, je creuse un trou pour m’échapper par les fissures de mon crâne en ronces.
Racines et racines qui font mal jusque dans le ventre charnière, elles sont là à se tordre avec moi, il existe toujours un éclair où ils me fracassent et me remplissent de boue.
Des larmes crépitent partout sous la peau de mon visage, je m’allongerais dans les conforts du coton.

Et puis, déposer ma mémoire dans le sel chuchoté des oreillers, immenses sur mes yeux.

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