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Ombre
| Envoyé dimanche 09 janvier 2005 - 20h38: | |
J’efface, efface, mes pas s’effacent, les jours m’entassent Je regarde ce visage, un profil à buste d’albâtre, comme une écorchure qui nous remonte du temps J’efface, efface mes sens, ton sourire m’efface Je traîne encore ma vieille chemise usée en peau de rêve le long des carnets à spirales Je dessine un tourbillon qui m’enroule dans un colimaçon J’efface tes pas, s’efface mes toujours de vie en surface Une barque navigue le royaume des ombres ou je me noie Une saison d’été et tout s’efface sur ton sourire d’éternel recommencement Suspendre les rêves aux pinces à linge dans les fils du vent Dans le coin d’un mur, une arachnéenne dans une toile perlée Tout s’efface sur les murs de papiers froissés en boules de papier mâchées Sur les pages perlées, gribouillées de nos carnets à spirales Une araignée part en vrille sur les ratures de nos vies Elle déroule le fil de nos carnets à spirales Tisse au soir une toile pour retenir les perles de rosée du matin Avec des pinces à linge, suspend une chemise rouge qui s’envole au vent Un épouvantail de couleur qui danse à contre-temps Vogue au loin une chemise écarlate sur le royaume d’ombre de nos yeux clairs Une araignée s’interroge sur une chemise du hasard…
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mary
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 15h58: | |
Un petit écho sur l’araignée. Elle est omniprésente dans ce texte. Et pas seulement … Nous retrouvons l’araignée rouge dans l’utopie que rêve Stavroguine (Les Démons ) : c’est dans sa confession qu’apparaît la vision édénique inspirée par le tableaux D’Acis et Galatée que Dostoïevski a vu à la Galerie de Dresde avec : un soleil couchant un foule heureuse d’hommes candides comme des enfants, célébrant une fête perpétuelle dans les jeux innocents. Le rêveur éveillé referme les yeux, et voit apparaître puis grandir un petit point rouge, la petite araignée rouge, symbole de l’enfer immanent à toute l’idée de bonheur et d’harmonie. Stravrougine dans sa confession raconte avec délectation et haine de soi la façon dont il a conduit la fillette Matriocha au suicide. Il attend que Matriocha se pende, en regardant sur une feuille de géranium les démarches d’une minuscule araignée rouge. Et cette petite araignée rouge apparaît comme le symbole même de cet enfer nouveau, sans Satan ni diablerie, l’enfer de sa propre psyché. Cet enfer nouveau du monde dostoïevskien, c’est l’incommunication et le règne des tueurs froids et cérébraux. L’insensibilité est le trait majeur de Stavroguine, comme de tous les grands bourreaux à venir, les bourreaux sans haine. « Il m’a toujours semblé que vous me conduiriez quelque jour dans un réduit habité par une monstrueuse araignée, de la taille d’un homme, et que nous passerions notre vie à regarder araignée en tremblant de peur » Fiodor Dostoïevski, Les Démons. Le chemise on va tomber un autre jour ))
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mary
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 16h20: | |
P.S. Yves est prié de corriger les fautes ) Sinon j’ai besoin d’un sérieux examen médical pour le corps et l’âme. Ma dernière visite au « centre du monde » (gare de Perpignan) n’a donné aucun résultat.
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ombre
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 16h38: | |
Mais mon araignée est une gentille petite bête... Mary tu me fais froid dans le dos avec ton araignée géante :-) |
   
jml
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 17h51: | |
y a-t-il des claviers à spirales ? j'aime cette chemise, ces pinces à linge et cette gentille araignée. |
   
mary
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 18h05: | |
Vous aimez donc les araignées ? Une gentille araignée c’est déjà une trouvaille ! Moi je ne connais que les infâmes : donc une autre : Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Quand la terre est changée en un cachot humide, Quand la pluie étalant ses immenses traînées Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme. Baudelaire
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Ombre
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 18h47: | |
Mary, Je suis curieuse de la vie sous toutes ses formes, il n'y a pas d'infâmes araignées...c'est une forme de vie, tout simplement...
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ombre
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 20h07: | |
Oui Jml..il y a des claviers à spirales et dès fois je pense que mes textes provoquent trop de contreverses, mes textes ou moi, je ne sais plus? il me semblait pas que cette araignée était si laide...enfin bon...j'écris avant tout pour mon plaisir et pas forcément pour entendre des décortications déplaisantes... Merci à toi jml de m'encourager un peu...
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mary
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 20h45: | |
D’accord, mais…. dans plusieurs dictionnaires j’ai constaté que le symbole de l’araignée est sujet à maintes interprétations : • Une figure de créatrice cosmique, de divinité supérieure • L’intercesseur entre la divinité et l’homme • Un dieu primordial • La maîtresse du destin • L’araignée divinatrice • Le symbole de l’âme • Le symbole du cordon ombilical • Le support de la réalisation spirituelle • Le symbole de la liberté • Le symbole de l’introversion et du narcissisme • Le symbole de la réalité, des apparences illusoires et trompeuses • L’araignée à la toile dérisoire symbolise aussi la déchéance • L'araignée, symbole de tristesse, de mélancolie, d'ennui... • Le symbole des dieux des enfers • Le symbole des personnes repoussantes, méchantes • Le symbole de l’enfer imminent, réfractaire à toute idée de bonheur ou d’harmonie. • Le symbole de l’enfer de sa propre psyché Effectivement, j’ai la tendance à la voir comme ÉLUARD : « L'araignée rapide, Pieds et mains de la peur, Est arrivée. » Et maintenant c’est à vous à choisir.
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Cécile
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 22h54: | |
Intéressant Mary ces araignées ! Et notamment ces interprétations. Et voici une autre araignée, argentine ! EMBUSCADE L’araignée est morte racornie elle se pelotonne et sèche mais la toile d’araignée demeure intacte matière ténue qui paraît incorruptible comme un voile funèbre elle continue à attraper des mouches elle ondoie au moindre souffle elle semble vivante ton piège tulle immatériel image répétée de mon rêve de ma longue nuit embuscade de l’arrêté et du suivi du suivi et de l’arrêté ton symbole de la voyance obscure de la violence occulte tapie signe de ce qui se tait et de ce qui parle et de ton au-delà. Saül Yurkiévich dans Embuscade, éditions Fourbis, page 46 Ombre, ton texte est beau, très peau. il y a de belles choses qui se rejoignent... mais j'ai vraiment accroché à partir de "suspendre les rêves", peut être est-ce parce que la première partie de ton texte semble très différente ? |
   
fouroulou
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 23h05: | |
Tant qu'on est pas mouche on n'a rien à craindre d'une araignée!!(proverbe berbère) |
   
jml
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 23h19: | |
On écrit d'abord par plaisir mais les mots nous emportent et nous mènent plus loin. Même dans l'ombre tes mots chantent et parlent au soleil. |
   
jml
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 23h22: | |
Les yeux des mouches ont mille facettes. Il y a des diamants qui se cachent pour survivre. |
   
YV
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 23h23: | |
Quand j'étais petit (car même si je le reste, je l'ai déjà été) on se faisait passer des blagues de gosses sur des bouts de papier. Avec votre araignée vous en avez ranimée une innocente sur la toile, si j'ose dire: * "Un pape est appelé à régner araignée? Araignée? Pourquoi pas libellule ou papillon? Elle est irrésistible elle nous fera mourire de rire ouah ouah ouah ****************************************** En grandissant il m'est arrivé aussi de produire des histoires moins bébètes telles ces deux-là (de Méditations portatives) * 152 Il marchait. Ses jambes étaient les balanciers de l’horloge intérieure. Comme un battement d'âme sur les sables. Qui dira la noblesse du marcheur, toujours un peu plus ciel que terre. Avant qu'elles ne partagent son temps, personne n'avait offert pareille solitude illuminée à des milliards d'étoiles. 153 La jouissance naît avant l'image, comme le plaisir d'amour précéda le moment des fécondations. Jubilation des fiançailles de mots avant le poème. Le sperme du nouveau va éclabousser cette page comme une gerbe d’artifices sur le portulan noir du ciel. Je sais que la partie va être gagnée avant même d’être jouée. Un poème était là avant le poème. Le mystère avant ses secrets. *
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ombre
| Envoyé lundi 10 janvier 2005 - 23h24: | |
Merci mary pour tous ses symbôles sur l'araignée, que je ne connaissais pas. Au vu du palmares de cette petite bête...elle ne doit pas être si mauvaise. En tout cas la mienne est un mélange d'inspirations qui va bien avec la majorité de ses symbôles.
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ombre
| Envoyé mardi 11 janvier 2005 - 10h04: | |
Un petit poéme sympa sur une petit araignée... À*** Elle, L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose Avec des coussins bleus. Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose Dans chaque coin moelleux. Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace, Grimacer les ombres des soirs, Ces monstruosités hargneuses, populace De démons noirs et de loups noirs. Puis tu te sentiras la joue égratignée... Un petit baiser, comme une folle araignée, Te courra par le cou... Et tu me diras : « Cherche ! » en inclinant la tête, - Et nous prendrons du temps à trouver cette bête - Qui voyage beaucoup... En wagon, le 7 octobre 1870. rêvé pour l'hiver, Arthur Rimbaud
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lafourmi
| Envoyé mardi 11 janvier 2005 - 11h50: | |
Bonjour Ombre et tous je ne crains pas les araignées et j'aimais observer ces dentelières quand j'étais enfant Après tout que faisons nous quand nous tuons pour manger et surtout si nous allons à la pêche ou à la chasse ! Et quand nous gavons les oies ? ( sourire taquin ) Je crois que cet insecte a inspiré beaucoup de poèmes voici un poème roumain que j'aime beaucoup : LA REVEUSE Accrochée à l'air parmi les branches Une araignée s'agite dans sa soie Le rayon de lune l'a réveillée Pourquoi s'ébat-elle ? Elle a rêvé que le rayon de lune était son filet maintenant elle essaie de monter jusqu'au ciel sur un rayon . Elle s'ébat toujours dans son élan téméraire, Et j'ai bien peur qu'elle ne tombe - la rêveuse . Lucian Blaga ( les poèmes de la lumière ) Traduction Paul Miclaù
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Ombre
| Envoyé mardi 11 janvier 2005 - 12h32: | |
les rêveurs tombent toujours de haut sur la terre, c'est pour ça qu'ils rêvent de décrocher la lune... |
   
lafourmi
| Envoyé mardi 11 janvier 2005 - 12h57: | |
joli et très vrai je pense que nous publierons bientôt des aphorismes sur le site . avis aux amateurs.
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Cécile
| Envoyé mardi 11 janvier 2005 - 19h28: | |
Superbe le poème de Blaga !!! J'aime de plus en plus la poésie roumaine ! merci la fourmi !!! |
   
mary
| Envoyé mardi 11 janvier 2005 - 19h55: | |
Je vois que nous nous amusons beaucoup avec une simple araignée. Chez Rimbaud elle est un prétexte pour les caresses. Mais Hélène, attention, cela peut arriver à une fourmi. Dans une épopée polonaise du XIX°, un amoureux cherche des fourmis sous les habits de sa dame. Et elle lui dit (comme chez Rimbaud): « « Cherche ! » en inclinant la tête, - Et nous prendrons du temps à trouver cette bête Qui voyage beaucoup... » et on ne sais pas où ????
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la fourmi
| Envoyé mardi 11 janvier 2005 - 20h51: | |
tu as certainement raison Mary . j'adore les fourmis parce que je jouais avec elles quand j'étais petite et parfois une fourmi rouge montait montait et me piquait. mais ça ne m'empêchait pas de retourner dès le lendemain taquiner leurs nids. |
   
yh
| Envoyé mercredi 12 janvier 2005 - 00h00: | |
Moi, quand j'étais petit je m'amusais beaucoup aussi avec les fourmis et une loupe. J'en choisissais une et je concentrais le soleil sur elle. Je la voyais s'agiter puis se racornir et puis gonfler et puis toc, son ventre éclatait. Toi, fourmi que j'adore tu vas faire de mauvais rêves et tu auras de la peine à me pardonner. Mais ce qu'elle peut être cruelle et sadique, l'enfance.... Toc. ( ***************** Mais je suis aussi très gentil: * 27 C’est le matin de l’olivier. La mer, chienne fidèle, se roule à mes pieds. Le soleil danse avec les parfums d’oranger. Une libellule trop bleue, au bout d’un genêt, me dzvisage de ses yeux à facettes. Sans paupières elle ne pourra longtemps me cacher ses secrets. Je lui demande tout net : « Que penses-tu de mon paradis ? » Elle s’envole. Ce ne devait pas être le sien.
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Cécile
| Envoyé mercredi 12 janvier 2005 - 16h40: | |
Et moi quand j'étais petite... euh... dois-je le dire à la fourmi ? Bon... je prenais les fourmis et je les jetais dans les toiles d'araignées pour les voir se faire attrapper... C'était trop méchant !!! |
   
lafourmitremblante
| Envoyé mercredi 12 janvier 2005 - 16h47: | |
ah alors!! moi je me contentais de regarder. je pense que je n'ai pas changé . je trouve que c'est moins méchant que le soleil de verre de Yves! Et au moins quelqu'un avait à manger. hé tu me donneras pas à manger à l'araignée n'oublie pas que je m'occupe des boîtes à malices.
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Cécile
| Envoyé mercredi 12 janvier 2005 - 19h58: | |
dans l'angle deux yeux guettent la fourmi !!!!
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