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jml
Envoyé vendredi 14 janvier 2005 - 07h12:   

SI JE POUVAIS PARLER




Si je pouvais parler aux murs, ils disparaîtraient, les portes s’ouvriraient en forme de sourire.
Si je pouvais parler aux pierres, elles laisseraient leurs colombes s’envoler.
Si je pouvais parler aux arbres, les racines sortiraient de l’exil.
Si je pouvais parler à l’eau, elle deviendrait rosée sur la rose des sables.
Si je pouvais parler au verger, les bourgeons donneraient des pommes de tire.
Les mots qui ont des lèvres parlent toutes les langues.
La musique est pleine de bouches qui cherchent des oreilles.
Je parle avec les vagues un alphabet de sel.
Si je pouvais parler aux poissons, ils apprendraient le chant, les huîtres ouvriraient l’œil et les étoiles de mer se mettraient à voler.
Si je pouvais parler au vent, il répandrait du ciel sur chaque paysage.
Si je pouvais parler aux formes du réel, elles apprendraient le rêve.
Si je pouvais parler aux villes, j’apprendrais au bitume deux ou trois mots d’amour.
Je fais la courte échelle sur l’épaule des mots.
Je joue à saute-mouton de phrase en phrase.
Je saute à cloche-pied d’une virgule à l’autre.
J’écope les idées dans le navire mental pour ne pas qu’il échoue.
Je réveille les tigres dans l’univers abstrait.
J’ajoute des couleurs aux chiffres du banal.
Je jette du pain aux choses qui ont faim, des miettes de table aux arbres morts.
J’écris comme un arbre qui a quitté l’école à l’âge du bourgeon.
Je marche dans mes chutes pour apprendre à voler.
Les mots, il faut les prendre sur ses genoux comme de jeunes chiens fous, leur caresser l’oreille sans leur mettre une laisse.
Mais pour parler aux hommes le verbe est défectif, il court parmi les feuilles comme un vent de chimères.
De doute en doute,
De larme en larme,
De rire en rire,
J’ai dans mes poches trouées
Plus de rêves à donner
Que de cartes à jouer.

14 janvier 2005
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Christiane
Envoyé vendredi 14 janvier 2005 - 15h17:   

Ils n'ont pas de laisse, non plus, les poètes fous comme vous.

Christiane
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Cécile
Envoyé vendredi 14 janvier 2005 - 19h59:   

Oui j'avais déjà remarqué aussi que les vrais poètes n'avaient pas de laisse.

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