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jml
| Envoyé jeudi 20 janvier 2005 - 22h37: | |
POÉTITE AÏGUE à la fourmi Je perds souvent la tête. Je voudrais bien sortir pour la trouver mais la neige est trop haute et puis j’ai oublié mes genoux sur une page. Je ne vis plus, j’écris. J’ai un bras dans les mots et l’autre qui veut fuir. Je n’ai plus de cheveux mais des virgules qui frisent. Je m’habille en chapitre. Je mets des circonflexes à chacun de mes pas. J’ai des bas de page aux pieds et la colonne vertébrale comme un point de suspension. J’ai la tête en voyelles. Ce n’est plus un cerveau mais un coffre à crayons. Je ne sais plus le temps. Mon cœur a perdu ses aiguilles. Je crache des poèmes pour empêcher la mort. Certains jours je me prends pour un dieu. J’attrape les nuages au lasso. J’ajoute des petits pois sur le dos des tortues, des moustaches à l’azur. Je pêche des étoiles avec la ligne d’horizon. J’ai besoin d’être un autre, un cheval, un crayon, une bouteille à la mer. Ce que je suis se trouve dans mes textes, un peu tordu peut-être, caché sous le vernis. Ce que je ne suis pas, j’en cherche la raison. Ce soir je serai lune, reine-claude ou silence. Un oiseau de malheur trempe sa plume dans mes veines. Je ne suis plus personne, une porte qui bat, une poulie qui grince. Malgré ma barbe poivre et sel, il est encore trop tôt pour devenir adulte. 17 janvier 2005
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lafourmi
| Envoyé jeudi 20 janvier 2005 - 23h07: | |
Je ne vis plus, j’écris Oui Jean Marc , mais écrire c'est aimer et aimer c'est vivre. vivre encore. je vais donc garder ce poème précieusement puisqu'il m'est adressé . et je te remercie. il est très émouvant ton poème , Très . Hélène
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so-so
| Envoyé vendredi 21 janvier 2005 - 14h11: | |
"mais écrire c'est aimer et aimer c'est vivre" sauf quand l'écriture, j'y reviens, bascule dans la complaisance, ce qui je crois, est assez symptomatique de celle de JML. peu importe la forme, le fond est une espèce d'apitoiement morbide que j'ai trouvé dans tous ses textes (il suffit de les lire à haute voix pour que leur ton de litanie noie les meilleures volontés sous leur vague d'encre lourde et surabondante). "il est encore trop tôt pour devenir adulte", conclut-il. encore faut-il avoir envie de vivre. à le lire, il me semble plus tôt qu'il est trop tard depuis bien longtemps ("Je ne vis plus", "Un oiseau de malheur trempe sa plume dans mes veines"...) c'est peut-être poétiquement beau et convenable, mais c'est humainement plus désespérant que le plus amer et le plus inconvenant des fiels. |
   
LC
| Envoyé vendredi 21 janvier 2005 - 15h33: | |
Il suffit d'un poing levé pour multiplier l'ombre, dirais-je pour paraphraser Edmond Jabès (qui parlait de "main levée")... So-so au pseudo dans la moue (mais du leste, il en jest) et à l'oeil perçant, n'est-il pas vrai que le désespoir est la force motrice de l'espérance, après tout ? Je ne parlerais pas, quant à moi, de complaisance morbide, non plus que d'encre lourde et surabondante mais de douleur brûlante certes, de volonté de faire reculer les ombres ("J’attrape les nuages au lasso. J’ajoute des petits pois sur le dos des tortues, des moustaches à l’azur. Je pêche des étoiles avec la ligne d’horizon. " dans le texte qui ouvre ce fil) et de générosité échevelée. Lorsque l'on extrait une phrase, un mot de son contexte, il est si facile de faire dire n'importe quoi à n'importe qui, n'est-il pas ?
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so-so
| Envoyé vendredi 21 janvier 2005 - 16h22: | |
"Lorsque l'on extrait une phrase, un mot de son contexte, il est si facile de faire dire n'importe quoi à n'importe qui, n'est-il pas ?" ce qu'alors, tu fais toi aussi, avec brio. quant à la "générosité échevelée" de l'espèce d'autopsie (pas "auto-psy" !!!!!) que constitue ce texte, vraiment, non, je ne vois pas... je dirais qu'à force de s'épuiser sans doute à "vouloir faire reculer les ombres", c'est lui qui disparaît et ce sont elles qui restent ("je ne suis plus personne"). dommage. et pour le moins tristounet.
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Jordy
| Envoyé vendredi 21 janvier 2005 - 20h19: | |
Tu as tout faux, so so. JML, c'est un des tout meilleurs. |
   
jml
| Envoyé vendredi 21 janvier 2005 - 21h09: | |
merci LC et Jordy. au moins je ne laisse pas indifférent. |
   
so-so
| Envoyé vendredi 21 janvier 2005 - 23h05: | |
t'a raison Jordy, rendons à césar... (bruit de papier froissé) "JML : meilleur désespoir masculin !!!" |
   
Christiane
| Envoyé samedi 22 janvier 2005 - 00h03: | |
"JML : meilleur désespoir masculin !!!" C'est drôle cette idée,Soso. Moi, j'ai toujours reproché (gentiment) à Jml de mettre de l'espoir partout et trop. Incorrigible, il l'est Un peu de placepour les ombres, j'aime bien. Christiane |
   
LC
| Envoyé samedi 22 janvier 2005 - 07h46: | |
LC jette un oeil (zoom sur l'oeil) sur la feuille froissée, se demande où est passée l'enveloppe scellée (gros plan sur le sourcil orphelin de l'oeil) et lit à son tour : ... des espoirs masculins Mais, plaisanterie mise à part (non pas que je ne goûte pas car je goûte - plût au ciel que je ne dégoûte), so-so ah fûté, sommes-nous désunis ici pour décerner l'oscar du "meilleur" état d'âme ? (sourire Colmate - le dentifrice qui blanchit la laine et rafraîchit les brios) |
   
lilas
| Envoyé jeudi 24 mars 2005 - 00h11: | |
j'aime chez JML ce jaillissement dont la quotidienneté n'incite pas à la psycho-critique , ni à une étude thématique, mais simplement à l'écoute, et au remerciement pour sa façon de nous emmener sur des chemins devenus familiers et aimés, et souvent animés de belles plantes sauvages. |
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